XXIII - Bones

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Seize ans

Il pense que je lui ai préparé une surprise, que l'endroit où je l'emmène il pourra tuer à sa guise, que j'ai fait captive une femme innocente qu'il se fera un malin plaisir à assassiner. Tant mieux, il ne se méfie pas de moi. Je lui balance les clés de la petite maison, personne n'y vit depuis des années et quand j'ai demandé au propriétaire de lui racheter, il s'est montré amical. Si bien qu'il m'a fait une remise de la moitié du prix. Ça ne m'étonne pas, il n'arrivait pas à la vendre. Elle se situe en forêt, dans un endroit sombre où la lumière ne passe pratiquement pas tant il y a d'arbres.

John déverrouille la porte, tourne la poignée et pénètre dans le séjour en lâchant un rire diabolique, il frotte ses mains entre elles puis cherche son cadeau dans la pièce.

— Alors ? Elle est où ?

— Surprise.

Il esquisse un sourire et fouille la maison, il trouve la trappe sous le tapis et ses yeux s'éclairent tandis que ses pupilles se dilatent. Il pouffe et se hâte pour descendre. Je le suis en savourant son enthousiasme, on verra s'il rira autant quand il comprendra ce qui est en train de se passer. Derrière nous, je bloque l'accès à la trappe, impossible de t'enfuir, papa.

Le broyeur fronce les sourcils quand il ne voit pas sa prochaine victime et il pivote brusquement vers moi. Je hausse les épaules, me déplace dans l'espace et récupère l'arme que j'ai caché derrière un meuble. Le sang séché a noirci avec le temps, je n'ai jamais réussi à la récupérer entièrement.

— Que... Pourquoi as-tu encore ça ?

— Ça ? je demande en faisant rebondir le bout de la batte dans mon autre main. C'est drôle que tu demande, j'ai toujours voulu apprendre à jouer au Baseball tu sais ?

— On peut t'y inscrire, dit-il avec empressement.

Ah bon ? Ce n'est plus pour les gosses de riches ? Les petits emmerdeurs qui n'ont aucuns problèmes dans la vie ? Je ris et je continue de m'approcher de John, il se tient droit et fait mine de me dominer. Ce qu'il ne sait pas encore c'est qu'il ne me fait plus peur. Que Bonny est parti et qu'il ne reste que Bones.

— Et si on essayait ?

Je prends de l'élan et lui envoie en pleine face la longueur de la batte, un craquement retentit et il pousse un râle de douleur en se maintenant le nez.

— Bon anniversaire, papa.

Je réitère mon geste, pile dans l'axe de sa nuque puis dans son abdomen. À ce moment-là, il s'empare de mon arme et la balance à l'autre bout de la pièce. Son fracas produit un écho et on se dévisage sans vergogne. Il m'attrape par la mâchoire et me surélève du sol.

— Tu es faible, petit. Misérable. Pathétique. Et vouloir te tuer avec ce qui a tué ta pute de mère, c'est ridicule.

Ma pute de mère.

Ma mère.

Une pute.

Pute.

Je vrille. Vous connaissez ce moment où la colère est tellement forte, tellement puissante qu'elle vous possède et que vous perdez le contrôle sur votre corps ? C'est ce qui m'arrive quand je tue. Et c'est ce qui est en train de se passer actuellement. Personne n'insulte un mort, encore moins si c'est ma mère.

Stone ColdOù les histoires vivent. Découvrez maintenant