IX - Bones

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   — Il ne fera rien, il ne viendra pas pour moi.

Elle est plantée dans l'encadrement de la porte, le regard rageur et les poings serrés le long de son corps. Elle bouillonne et ses yeux lancent des éclairs dans ma direction. Ses reflets roux sont relevés en chignon et l'ambre de ses iris est plus intense que jamais. J'arque un sourcil et Jace la dévisage, la bouche entrouverte.

Il ne viendra pas pour elle ? J'avais raison, je n'en étais pas certain mais au vu de l'animosité entre les deux, c'était cinquante-cinquante. Voyant qu'elle n'a pas de réponse, elle pénètre dans mon bureau et fonce droit sur moi, se penche en avant en s'appuyant sur ses avant-bras. Mon regard se baisse sur sa poitrine comprimée. C'est indéniable, elle envoie. Ses seins sont pleins et fermes sous son débardeur, elle ne porte pas de soutien-gorge, elle n'en a pas ici. Jace lui a rapporté quelques vêtements appartenant à Kat mais malheureusement pour elle, il n'y avait pas de soutif.

Tant mieux pour moi.

Je penche la tête pour mieux voir quand des doigts apparaissent dans mon champ de vision, claquant.

— Mes yeux sont par-là, Bones.

Elle me trucide visuellement et je roule des yeux en esquissant un sourire satisfait, elle rage et je savoure.

— Tu écoutes aux portes, Mercy ?

— Au moins, ça t'évitera de perdre ton temps Monsieur-je-kidnappe-des-gens-pour-attirer-le-mec-à-abattre.

— Qui te dit que je veux...

— Tu veux tuer Warren, affirme-t-elle sans ciller en plissant les yeux.

— Quoi ? Mais non...

Je coupe Jace d'un geste de main, en gardant mes iris braquées sur celles de Mercy et attend la suite. C'est à croire qu'elle adore me surprendre et m'étonner. Je lorgne une seconde sa poitrine et elle reprend la parole d'une voix ferme :

— Je sais comment l'atteindre.

Je le jauge longuement, elle a l'air sûre d'elle, le menton levé fièrement, la tête haute, le regard inquisiteur. Admettons qu'elle ait raison, elle ne fera rien gratuitement. Elle est trop téméraire et rentre-dedans pour m'aider sans recevoir en retour, surtout après avoir été enlevée. Elle veut quelque chose.

— Qu'est-ce que tu veux ?

Elle sourit malicieusement, elle a mené la conversation vers l'endroit qu'elle souhaitait. Elle se redresse et s'assoit sur mon bureau en renversant quelques papiers. Elle, sur mon bureau. Ma libido est en hausse. Après avoir eu affaire à ses seins, ses hanches et ses fesses me narguent. Je suis à deux doigts de me lever et de la baiser brutalement dessus.

— Un contrat.

Elle me regarde par-dessus son épaule, enjôleuse, passe sa langue sur ses lèvres sensuellement et balance sa tête en arrière.

— Mais encore ?

Encore ce sourire, elle sent qu'elle gagne la partie. Je ne pourrais dire le contraire, je suis un homme faible devant ce corps irréel.

— Je veux ta protection et la sécurité de ne pas être en danger sous ce toit peu importe ce que je dis ou fais.

Je la fixe tandis qu'elle me dévisage, incapable de savoir ce que j'en pense et quelle sera ma réponse. Tu n'as pas totalement gagné, Mercy.

— Je ne veux plus être enfermée comme un rat de laboratoire, ajoute-t-elle face à mon silence.

— Avant ça, j'ai besoin d'être sûr que tu ne fais pas ça pour sauver ton beau petit cul.

Elle me fusille du regard, déroule son index vers ma poitrine, le fait glisser sur mes pectoraux avant de remonter sur mon menton et de le prendre en coupe.

— Warren a disparu pendant sept ans, sans laisser de traces. Il peut très bien recommencer. Le seul souci qui se pose pour lui, c'est le traceur que j'ai implanté dans son portefeuille.

Intéressant.

Là, on tient du concret.

— Il est toujours en marche ?

— Bonne question, je n'ai plus mon téléphone depuis que Jace et toi m'avez défoncé au chloroforme !

— Jace va chercher son sac.

Il hoche la tête et sort de la pièce tandis qu'elle a un sourire triomphant sur les lèvres.

— Un contrat tu dis ? Protection, sécurité, libre de tes mouvements contre ton père ?

Elle acquiesce.

— Et c'est tout, c'est suffisant pour me le livrer ?

Elle hésite, me fixe intensément et j'aimerais m'atteler à autre chose que la rédaction d'un contrat, mais il faut que je maitrise mes pulsions. Pour l'instant ma mission est la priorité.

— Je veux être celle qui lui plante une balle entre les deux yeux.

Elle plaisante ? Elle n'en a pas l'air. Elle est plus sérieuse qu'elle ne l'a jamais été en l'espace d'une semaine. Je la dévisage, impressionné. La fille qui veut tuer le père. Les relations entre les deux doivent être plus que tumultueuse.

— Impossible.

— C'est non négociable.

On s'assassine mentalement, nous défiant quelques secondes, pensant que l'un de nous flancherait. Je ne peux pas lui laisser me prendre la meilleure partie du travail. C'est déjà assez chiant d'avoir une autre personne qu'Harrison ou Jace chez moi.

— Je pourrais très bien te tuer maintenant que je sais comment le trouver. Je peux te prendre ton téléphone, le débloquer et le retrouver sans ton aide, je la menace tacitement.

Une lueur amusée scintille et font virer le cuivre au doré. Elle rigole comme si je venais de faire la meilleure blague du siècle, elle se calme, Jace réapparait, me donne le sac et elle sourit, victorieuse. Ce foutu sourire qui me donne envie de la faire voltiger par la fenêtre et de la prendre entièrement.

— Essayes toujours, t'auras l'air con.

Je fouille son sac, récupère son portable et son sourire s'agrandit fièrement.

— C'est sur une application cachée, sans mon code d'identification, tu n'y auras jamais accès.

La garce.

Elle tend la main, me provoquant, attendant que je lui donne son bien. Je patiente un peu, réfléchissant à une autre solution que de me plier à ses quatre volontés. Rien ne vient. Kat a piraté tout ce qui était possible mais aucune trace de Warren ou de transactions à son nom. Jace a fait appel à tous ses contacts afin de savoir s'il avait été vu dans leur zone, ça n'a rien donné. La menace vis-à-vis de sa fille, n'a pas fonctionné. Alors que reste-t-il ?

Mercy.

— Je vérifie que la puce est active, une fois le contrat établi, je vous donnerais toutes les informations.

Elle est douée en affaires, elle prend ce qu'elle veut, pas ce qu'on donne et ça m'énerve. J'ai horreur d'être en position d'infériorité, de dépendre d'elle et de rentrer les crocs pour localiser ma cible.

— Elle fonctionne, nous avertit-elle, je suppose qu'on a un accord ?

Elle s'humecte les lèvres et se les mord en me fixant.

Elle m'aura à l'usure.

Stone ColdOù les histoires vivent. Découvrez maintenant