Stone Cold

XXXVII - Mercy

Vêtue d'une robe dos nu près du corps, j'avance dans l'allée du restaurant, Bones m'a demandé de le rejoindre dans ce superbe endroit qui m'a l'air plus qu'étoilé et m'y voilà. Je ne sais pas pourquoi mais j'appréhende, qu'est-ce qu'il a bien pu me réserver ? Sa surprise m'enserre l'estomac même si je ne doute pas un instant de mon émotion.

   L'homme à l'accueil esquisse un sourire quand il m'aperçoit et vient à ma rencontre, s'occupe de récupérer ma veste et m'incite à avancer devant lui.

   — Madame Givens ? Veuillez me suivre, monsieur vous attend.

   Je ne peux m'empêcher de sourire, un ricanement s'échappe de mes lèvres tandis que j'avise la manière dont il m'a appelé. Madame Givens. J'aime bien ce nouveau nom. Le week-end prochain, il remplacera celui de mon géniteur. Il effacera complètement les traces de son existence, son nom disparaitra à jamais.

   Je marche, monte au dernier étage, les portes de l'ascenseur s'écartent, m'offrant une vue intégrale sur le toit illuminé. Mon cœur se met à battre plus rapidement dans ma poitrine et j'arrête mon guide quand il veut m'accompagner.

   — Je pense que je peux me débrouiller maintenant, dis-je en observant le dos de Bones. Merci.

   — Passez une agréable soirée.

   J'entends les portes se refermer et mes pieds se mettent en action, anéantissant l'espace entre lui et moi. Des guirlandes blanches sont disposées tout autour de la toiture, un chandelier brûle au centre de la table et des pétales de roses gisent sur le sol. Je m'humecte les lèvres, devenues soudainement sèches et je me penche vers Bones, embrassant le creux de son cou. Il rit tendrement, pivote vers moi et goûte mes lèvres chastement.

   — Madame Givens, hein ? plaisanté-je tandis qu'il se lève.

   Sa commissure se lève d'un côté et il me dévore du regard.

   — On devrait rendre ça réel, ça te va à merveille.

   Je glousse, attendrie et je le vois me tirer la chaise, je hausse les sourcils, autant surprise qu'heureuse et il pouffe devant ma réaction.

   — Profite, dit-il en m'installant. Bon anniversaire, chérie.

   Ses lèvres chaudes se posent quelques secondes sur ma tempe et il retourne s'installer en face de moi. On se bouffe des yeux sans parler, c'est étonnant à quel point parfois les mots ne sont pas assez forts pour parler et qu'un silence peut tout dire. Je détaille mon fiancé, il est beau de la tête au pied. Il a fait l'effort de se mettre sur son trente et un, un costume noir pour l'occasion. Je ne l'ai pas vu en porter depuis le mariage de sa sœur et même s'il déteste ça, il la fait. Je souris amoureusement et je pose ma main sur la sienne, il zieute nos mains puis entrelace nos doigts et je me sens devenir toute chose.

   — Merci. Merci pour tout.

   — Tu ne diras pas ça demain, ce soir, tu ne dormiras pas.

   Je roule des yeux, m'esclaffe et lui fait du pied.

   — Tu veux parier ? le taquiné-je en me léchant les babines. Je suis persuadée que j'ai plus d'endurance que toi.

   Il se marre, relève le défi et son pouce se met à caresser le dos de ma main. Je crois qu'il ne s'en rend pas compte, c'est tellement naturel, tellement réconfortant.

   — Je suis reconnaissante de t'avoir connu.

   Il arque un sourcil.

   — Tu as changé ma vie.