XXXIX - Mercy

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[Est-ce que vous êtes prêts ?
Accrochez-vous et ne me détestez pas trop...]



      L'usine désaffectée est vide et tombe en ruines. J'ai programmé un message dans l'heure si jamais il venait à m'arriver quelque chose. Jace le recevra avec toutes les informations nécessaires ainsi que la vidéo de Bones. Je resserre mon blouson contre moi, il y a un courant d'air frais qui pénètre des fenêtres cassées. Je marche sur des bouts de verres, je suis certaine d'être repérée et comme le but n'est pas d'être discrète mais de voir mon homme, je ne m'en inquiète pas.

Je suis l'itinéraire qu'on m'a indiqué. Tout droit. Prendre l'ascenseur. Monter au huitième. Prendre à gauche. Première porte à droite.

Je prends une profonde inspiration avant de tourner la poignée. Le maitre chanteur peut très bien m'avoir menti pour me capturer ou me tuer. Pourtant mes pieds m'ont porté jusqu'ici sans hésiter.

Pour Bones, je suis prête à tout.

À tout sacrifier.

Je passe le pas de la porte, un nœud à l'estomac. Je découvre avec effroi que Bones a été déplacé, son corps pend dans le vide, les mains accrochés à ce qui a été un jour un lustre et il balance d'un côté à l'autre. De le voir en chair et en os, me conforte dans ma décision, je suis contente de l'avoir trouvé. Pourtant, ses blessures n'en sont que davantage visibles et j'ai l'impression qu'elles s'imprègnent dans ma peau. Mon cœur se comprime dans ma cage thoracique, j'ai besoin de le prendre dans mes bras.

— Bones !

Je m'apprête à courir jusqu'à lui quand une balle frôle mon visage et perce le mur. Je me stoppe, les poings serrés et regarde d'où elle provient. C'est à cet instant que l'homme sort de l'ombre en rechargeant son arme. Sa silhouette perd de sa noirceur à mesure qu'il sort de l'obscurité. Je mets un certain temps à réaliser la personne qui se tient devant moi, j'ai un mouvement de recul, surprise. Comment est-ce possible ? Comment connait-il Shawn ? Ma bouche s'entrouvre sous le choc et il esquisse un sourire railleur.

— Toujours aussi bandante, Mercy.

Mon sang se glace, il ricane machiavéliquement et se frotte les cheveux avec son flingue. C'était lui qui nous suivait comme notre ombre ? Cette rencontre fortuite au cinéma qui n'avait rien d'un hasard. Cette jeune femme qu'il a prétendu devoir rejoindre mais qui a fini avec un autre. Il mentait. Ma tête tourne et je me tiens à l'encadrement de la porte pour ne pas tomber.

Bones ne bouge pas.

Pour la première fois depuis des années, j'ai peur. Si je le perds, je perds tout. Mes dents mordent ma lèvre et je coule un regard à notre bourreau.

— Nick ? Mais qu'est-ce que... Pourquoi ?

Il me sourit et tire dans le mollet de Bones, il se réveille et hurle, ça se répercute dans ma poitrine et je le supplie du regard d'arrêter. Les yeux de Bones se révulsent et je perçois sa fatigue, son épuisement mental. Quelque part, ça me rassure de le voir encore réagir, ça veut dire que ce n'est pas totalement fini, qu'il est encore en vie.

— Bones, je suis là. Je suis là.

Il tente de tourner la tête mais n'y arrive que légèrement, ses iris se rallument et l'esquisse d'un sourire atteint sa commissure. Les larmes me montent aux yeux et je les retiens tant bien que mal.

Est-ce que c'est la fin ?

C'est comme ça que ça se termine entre lui et moi ? J'ai l'impression que ça a à peine commencé.

Stone ColdOù les histoires vivent. Découvrez maintenant