XVIII - Mercy

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Dix ans



   Je lui ai offert des fleurs pour son anniversaire. Je les ai cueilli dans le jardin et je les ai déposé sur son oreiller. J'espère que quand il se réveillera, il sourira. Ma maitresse a dit que j'étais une grande fille, que bientôt j'irais au collège et que j'étais une bonne élève. Je me suis dit que pour ma rentrée, papa m'aimera. Cette fois, je suis grande. Je ne fais plus de bêtises et papa n'est plus méchant avec moi, il se contente de m'ignorer.

J'espère que son cœur deviendra du beurre quand il verra mon bouquet de pissenlits et de marguerites. Mar est toujours contente quand je lui ramène une plante, elle la met dans un vase et l'arrose tous les jours. Parfois, d'autres fleurs poussent. À l'école, quand j'étais plus petite, on a fait des travaux manuels et j'ai peins un vase, il est de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel et le prénom de papa est gravé dessus. Je ne lui ai pas donné, j'étais encore trop petite pour ça. Il l'aurait brisé comme il déchirait les dessins que je lui faisais. Mais maintenant, je suis vraiment grande et je vais lui donner mon vase.

Je regarde un téléfilm à la télévision, c'est une comédie romantique. Je n'ai jamais eu d'amoureux, comment est-ce qu'on éprouve de l'amour ? Est-ce que ça sera comme avec papa ? Comme avec Marta ? Comment est-ce qu'on embrasse un garçon ? Comment tombe-t-il amoureux d'une fille ? Est-ce que quelqu'un m'aimera ? Devrais-je attendre longtemps comme avec papa ? À l'école, les garçons jouent au football, ils me parlent rarement. Les filles aussi, elles ne m'aiment pas trop. Mais ce n'est pas grave parce que je n'ai besoin que de papa et de maman.

— MERCY !

Papa...

Je me lève à la hâte, toute joyeuse. Papa est réveillée, je vais pouvoir lui souhaiter un bon anniversaire, peut-être même lui faire un câlin. Il déboule comme un malade dans le salon et finalement, je crois que j'ai fait une bêtise. Il est furibond et a envie de m'étriper. Je m'affaisse tandis qu'il jette mon cadeau par terre et l'écrase.

Les fleurs deviennent moches et des pétales se détachent. Je suis triste, je pensais que c'était une bonne idée.

— Tu veux me tuer ?!

Quoi ? Non, jamais !

Il se frotte le nez, éternue plusieurs fois avant de me tirer vers la cabane dans le jardin. Je ne veux pas y aller. Je ne veux rester dans la cabane, il fait froid là-bas et souvent, papa m'oublie et j'ai tellement faim que j'ai mal au ventre. Ça fait longtemps que je n'y ai pas été, je ne veux plus y retourner. Je suis bien à la maison.

— Papa, non... S'il te plait... Je ne veux pas...

— Ta gueule, bâtarde ! Ne t'avise plus jamais de me mettre tes satanées fleurs sous le nez !

Il éternue encore par-ci, par-là. Ses yeux sont devenus tous rouges et son nez a gonflé. Je ne savais pas que papa était allergique aux fleurs, il ne me parle pas. Je ne savais pas... Je lui aurais fait un autre cadeau qu'il aurait pu aimer.

Les portes de la cabane s'ouvrent et papa me jette dedans, tous ses jouets sont accrochés sur le mur et j'ai peur. Je ne veux pas qu'il me tape avec un d'entre eux. Ça me fait très mal, encore plus que quand papa me met la fessée.

— Non... non...

Je pleure, je suffoque quand il baisse mon pantalon. Il a pris la ceinture. Il me fait me mettre à quatre pattes et s'acharnent sur mes cuisses et mes mollets. Je hurle et mes larmes coulent sans cesse, je geins à chaque claque et la torture prend fin.

— Tu vas apprendre à être une gentille fille, tu avais pourtant fait des efforts.

Il ouvre la cage, m'y installe alors que j'attrape les barreaux pour ne pas y aller. Il me laisse tomber sur la paille et referme derrière lui avant de quitter la cabane. Je sanglote encore jusqu'à la tombée de la nuit et le sommeil fini par atténuer ma migraine.

Je suis restée trois jours dans la cage.

J'ai été malade pendant cinq jours après en être sorti.

Stone ColdOù les histoires vivent. Découvrez maintenant