II - Bones

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— Je te préviens, je ne vais pas te donner un centime...

Elle m'extermine avec ses pupilles de cuivre et ça me fait bander. Et ça m'énerve. Elle est si proche de moi que je pourrais l'embrasser. Mais je ne le ferais pas. Elle vient de niquer ma voiture et je suis énervé. Ce n'est pas parce qu'elle a un joli cul et un foutu décolleté que je vais me laisser aller à mes pulsions. Même si j'adorerais l'entendre crier mon nom. Elle a la tête levée vers moi, pas une once de peur ne trahi son regard et j'ai envie de lui briser les os. Elle ne me connait pas, elle ne sait pas à qui elle se frotte. Elle ne sait pas que je peux réduire en miettes les deux cents six os qui composent son corps.

Et qu'elle soit bonne ou non ne me fait ni chaud ni froid. Quand il s'agit de tuer, mes pulsions meurtrières l'emportent sur celles sexuelles. J'ai un appétit de loup et je ne refuse jamais une mission.

Je peux très bien m'en prendre à elle pour le plaisir.

— ... Par contre, tu vas réparer ma Mercedes. Les caméras ont tous enregistrées, je gagne.

Je fronce les sourcils, tourne la tête afin de confirmer ses dires et merde ! Fais chier. J'ai envie d'enfoncer sa tête contre le trottoir, mais ce n'est pas raisonnable. Il y a du monde dans les rues et des vidéos de surveillance. Je suis un pro. Je ne laisse aucune trace et ce n'est pas la grande gueule de cette garce qui va me faire perdre mes moyens.

Elle affiche une moue victorieuse qui me donne autant envie de la torturer que de la plaquer contre sa voiture et de la baiser sauvagement. Elle envoie valser sa queue de cheval auburn et je m'attarde sur son cou long et gracile. J'adorerais l'attraper par-là, il a la taille parfaite pour ma main. Ses courbes s'éloignent et disparaissent dans sa voiture mais avant, elle se tourne quelques secondes vers moi, la mine joueuse et mime un baiser qu'elle m'envoie avec sa main.

Et elle démarre. Me laissant planter là, pantois. Sans pouvoir rien faire.

Je ris nerveusement, je ris fort. Les gens me regardent comme si j'étais fou et ils ne sont pas loin de la réalité. Je ne suis pas fou allié, je suis un putain de tueur à gage. Et j'ai un type à trucider, ce soir. Je remonte, furieux, dans mon Ashton mat et fonce sur les routes de Santa Monica. On me klaxonne plusieurs fois et je ne me prive pas de leur foutre la trouille en faisant semblant d'essayer d'encastrer leurs voitures dans un mur. Les plus courageux ont voulus me suivre mais m'ont perdu plus vite que je ne l'aurais pensé.

Pas le temps de niaiser, pour une fois je ne suis pas réellement loin de mon domicile. Je suis toujours en Californie, ce qui est assez satisfaisant. Souvent, on m'appelait des quatre coins des Etats-Unis et je me déplaçais régulièrement. On me connait sous le nom de briseur d'os. Bones aussi. On dit que je suis impitoyable et je ne peux contredire. C'est vrai. J'ai soif de sang. Je ne me prive jamais d'une petite mission, surtout si elle implique des morts.

*

   Charles Andrew.

Quinquagénaire millionnaire. PDG du groupe HJ FM, chaine de télévision sur laquelle sont diffusées l'actualité en direct. Il est juste devant moi, en train de siroter sa coupe d'alcool et de rire avec son équipe. Il ne sait pas ce qui l'attend. Encore moins qu'il perdra de ses couleurs et son sourire d'ici la fin de la soirée. Je l'observe de loin, me fondant dans la masse et me servant des amuses-bouches de temps en temps pour ne pas attirer l'attention. Je suis juste à côté d'un groupe, je ne sais pas ce qu'ils racontent mais ils me servent de couverture. On peut croire que je les accompagne. Je plisse les yeux quand je vois sa femme débarquer et envelopper son bras autour de lui, il l'embrasse tendrement et je roule des yeux. Pourquoi se condamner à rester avec une seule et même personne pour toute une vie plutôt que de butiner à droite et à gauche comme bon nous semble ? Je ne comprendrais jamais le but du mariage ni ce qui pousse tous ces gens à croire qu'il a une quelconque valeur. L'amour ? De la pure merde. Le mariage ? Encore pire. Des gosses ? Je préfère crever.

Stone ColdOù les histoires vivent. Découvrez maintenant