VII - Mercy

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   J'ai atteint ma limite.

Une semaine enfermée comme un animal à la SPA ! Jace a raison, on ne m'a rien fait. Sauf que je suis bloquée dans cette foutue chambre depuis sept longs jours, les murs me donnent la gerbe, le rouge me file la nausée. Je ne vois que ça et la salle de bain grise. Ma fenêtre est barricadée et je ne sais même pas s'il fait nuit ou jour. On ne me déverrouille la porte que quand Harrison me ramène mes repas. D'ailleurs, il reste avec moi le temps de m'aider à manger, mon bras de prédilection étant blessé et au repos, j'ai du mal à manger avec mon autre main. Donc il m'aide. C'est gênant et ça me frustre d'y être soumise.

J'ai atteint ma limite.

Je vais sortir de cette chambre d'une manière où d'une autre. Je ne tiens plus, mes nerfs sont tendus et je pourrais briser la nuque de la prochaine personne qui fout son pied dans la chambre. Je fais les cent pas depuis mon réveil et ça m'agace davantage que d'entendre Bones se taper une meuf chaque soir et d'entendre son lit cogner contre ce putain de mur rouge.

J'ai atteint ma limite.

Je prends une profonde inspiration, je vais défoncer cette porte. Rien à foutre de me faire mal, l'objectif c'est de ne plus voir ces immondes murs. J'ai entendu la porte claquer tout à l'heure, Bones a dû sortir mais je ne sais pas s'il est revenu. Peu importe. J'ai besoin de quitter cette pièce et en vitesse. Je sautille sur moi-même avant de m'élancer vers la porte, mon épaule cogne violemment mais rien ne s'ouvre. Je râle et recommence. Encore et encore. Je fais un boucan monstre mais c'est le cadet de mes soucis. Je soulève la table de nuit, grimace sous la douleur de mon bras et tente de la jeter contre le bois. Ça l'abime et arrache l'écorce, sans me l'ouvrir. Je pousse un cri de frustration et je martèle la porte de coups de pieds et d'épaules. Je suis déchainée et inarrêtable.

J'halète petit à petit, l'espace se rétrécit autour de moi et j'ai l'impression d'étouffer. Je retombe en enfance, je revois mon géniteur et sa moue malveillante. La Mercy fragile est en train d'engloutir la nouvelle Mercy. Elle l'absorbe et ne lui laisse aucune place. Je rage comme je tremble. Il ne peut pas avoir d'emprise sur moi. Il n'a pas le droit. Je refuse. Je me concentre, tentant de maitriser mon souffle puis soudainement dans un élan de colère je m'empare d'un vase et le lance en direction de la porte quand celle-ci s'ouvre brutalement, il se brise sur le crâne de Bones et Jace place sa main sur sa bouche, choqué tandis que j'écarquille les yeux. Bones secoue la tête et dirige ses deux iris orageuses vers moi, le front blessé et s'avance rapidement.

— Je vais te tuer !

— Bones, attends !

— Oui, voilà ! Attends !

Sa main attrape mon cou et le serre sans force, il baisse la tête pour me faire face et je sens mon cœur s'emballer. Il inspire la peur, transpire le danger et pour une quelconque raison, je trouve ça excitant. Je m'humecte les lèvres, geste qu'il observe avec attention avant de placer ses deux billes bleues dans les miennes quand la main de Jace se pose sur son épaule.

— Mec, calme-toi et toi beauté, on a dit « rester calme ».

— Je suis calme ! crache-t-on ensemble, yeux dans les yeux.

— Oh, oui. Je vois ça. Alors Bones, tu vas retirer tes doigts de son cou et toi, Mercy, tu vas stopper ta crise de nerfs, d'accord ? Tous ensemble. À la une. À la deux. À la trois. Aller ! Lâche-là ! À la trois, j'ai dit !

Bones desserre lentement sa poigne et s'écarte à peine de moi, m'assassinant du regard. Il est immense, je devrais le craindre, je suis persuadée qu'avec juste une chiquenaude il me met à terre mais je ne sais pas. C'est peut-être le goût du danger qui me pousse à le défier ou d'être prisonnière. En tout cas, je savoure. J'adore voir sa moue contrariée.

Stone ColdOù les histoires vivent. Découvrez maintenant