XII - Mercy

1K 70 50
                                    






L'enceinte du manoir est spectaculaire, les murs sont immenses et décorés de toiles impressionnantes. La salle est bondée et des fleurs habillent le vaste espace. Kat attire Jace vers le buffet en nous abandonnant Bones et moi, je hausse un sourcil à la seconde où sa main s'enroule autour de ma hanche. Il ne me regarde pas alors que je le fixe ne comprenant pas son geste.

   — Je peux savoir à quoi tu joues ?

   — Moi ? s'offusque-t-il, feignant l'innocence. Rien du tout.

   — Retire tes sales pattes de... ma fesse !

   Pour toute réponse il me pince me faisant sursauter et jurer tout bas. Connard. Il esquisse un sourire et continue d'observer l'assemblée. Je pourrais lui arracher ses organes génitaux d'une seule main, il devrait faire attention.

   — Bones... je l'appelle d'un ton menaçant.

   Il m'ignore et me pousse davantage près de lui. Je frôle la syncope en humant son parfum masculin et en sentant mon sein contre ses côtes.

   — Retires ta main avant que je te la fasse bouffer.

   — Sois belle et tais-toi.

   — Enlève ta grosse paluche de mon derrière.

   — Mercy. Arrête de me provoquer.

   — Je n'ai pas une main dans ton caleçon que je sache ! Sois tu la remontes soit tu vas devenir eunuque.

   Il rit, me pince encore une fois, j'en frissonne puis dans une caresse sensuelle il vient la poser sur mes reins. Je bouillonne, qu'est-ce qui m'énerve le plus ? Son touché ? Le fait de m'avoir écouté ? La proximité ? Ma réaction ? Mon corps contre le sien ? Je pince les lèvres et Bones nous emmène vers un coin du manoir. Il est à l'affut, détaille tous les faits et gestes des invités. Sans me lâcher, il s'empare de son addiction favorite et la dirige entre ses lèvres. Je suis si près que je vois chaque mouvement, sa pomme d'Adam remonter et descendre quand il déglutit, sa langue qui humecte sa bouche, ses lèvres charnus et colorées, le bout de la cigarette bloquée entre elles, son pouce qui fait apparaitre la flamme, la première taffe qu'il inspire, le nuage gris et brumeux qu'il recrache devant lui.

   Je suis toute émoustillée et je ne porte pas de culotte. Il faut que je calme mes ardeurs et mes pulsions sexuelles, ça ne va plus du tout. Je grogne et lui arrache la clope des mains. Bones me jauge, braque ses deux billes sur tous mes faits et gestes, j'ai envie de jouer. Je souris de manière enjôleuse, porte ma dernière conquête vers ma bouche, passe lentement ma langue sur mes lèvres rougies par du rouge à lèvres, tire sur la clope et me tourne vers Bones. Il me dévore du regard et je suis satisfaite. J'en ai marre d'être la seule à être excitée, je ne suis pourtant pas nymphomane non plus mais ce type est beaucoup trop froid. Un mur blindé.

   J'ai envie de le traverser.

   Mes paumes viennent s'emparer de son visage, mon pouce lui tire le menton vers le bas afin d'avoir une ouverture et je plonge vers lui. Mes lèvres titillent les siennes sans jamais les posséder, il ne bouge pas d'un millimètre se contentant de voir jusqu'où je suis prête à aller et j'expire la fumée. Il la récupère tandis que je m'éloigne sagement.

   — Je sais jouer, moi aussi, m'annonce-t-il en replaçant sa grande main sur mon postérieur, et je n'aime pas perdre, chérie.

   Prête à répondre, mes mots se perdent dans ma gorge quand je sens sa paume claquer mes fesses. Il sourit comme un vainqueur et alors que je vais l'envoyer bouler, on nous interrompt.

   — Bones ! Ravi de te compter parmi nous !

   — Je suis juste venu pour refuser ta demande en personne. Ensuite, je me casse.

   Le trentenaire pouffe et tape l'épaule Bones – qui ne manque pas de la dégager d'un coup sec et menaçant.

   — Touche-moi encore une fois, Shawn et tu fini comme Elijah Price.

   Je me moque dans mon poing devant la référence à laquelle il fait allusion, Elijah Price a le syndrome des os de verre, sa fragilité osseuse lui vaut plusieurs traumatismes pour des actes minimes de la vie quotidienne. C'est un personnage du film Glass et je doute que ce Shawn est la même maladie. D'où l'ironie de sa phrase.

   Il compte lui briser les os.

   J'aurais dû avoir peur, le craindre. Comment peut-on tuer des gens à la demande ? Comment ne peut-on rien ressentir quand on leur brise leur ossature ? Comment on devient mercenaire ? Il est sans cœur ? Sans âme ? Mais pour une drôle de raison, ça ne m'inquiète pas. J'ai déjà ôté la vie tout comme lui, sur ce point-là on se ressemble. Accrocher la tête d'un ennemi comme une guirlande de Noël et briser les gens, ce n'est pas très loin niveau folie. Je sais que je suis capable de tuer si l'occasion se présente, si on m'attaque. En quoi suis-je réellement différente de Bones ? Il est payé pour ça et je suis instable. Au moins, il sait ce qu'il fait. Souvent, la personne ne respire plus quand je me rends compte de ce que je viens de faire.

   Je n'ai pas peur de Bones.

   Je crois que j'ai plus peur de moi.

   — Bones, on est amis. Pas besoin d'en arriver là.

   — Je n'ai pas d'amis. Juste des clients. Que je sache ta commande a été passé et réglé.

   — ... Effectivement. Cependant, j'ai besoin de toi dans mon équipe. J'ai les meilleurs avec moi, personne n'est aussi discret et propre que toi quand il s'agit de régler une affaire.

   — Tu sais où me joindre si t'as besoin que je fasse leur travail. En attendant, ne m'appelles plus.

   Shawn glousse de nouveau, son sourire ne monte pas jusqu'à ses yeux et Bones est glacial, ses iris sont devenues ombrageuses et sa poigne m'est presque douloureuse. Il tire une taffe pendant que les rires de Shawn s'estompent. Un combat silencieux se joue pendant quelques minutes, Shawn s'avance hostile et recule en se frottant les paupières.

   — Je ne te veux pas comme ennemi Bones, mais tu ne me veux pas non plus.

   Sa menace tend Bones qui se craque la nuque et je le revois broyer la main de Charles.

   — Attention à ce que tu dis, je pourrais le prendre comme une déclaration de guerre. Et tu ne veux pas m'affronter, je t'assure.

   La folie ? Elle s'est emparée de moi. Je trouve ses paroles extrêmement sexy et j'ai envie de l'emmener à l'abri des regards. Quoi que... Je suis tellement obnubilée par son profil et sa mâchoire contractée que je ne perçois plus les échanges autour de nous. Ma main trouve sa place sur son cul bombé et il ne réagit pas, il reste impassible. Tant pis, je profite. Je le malaxe en me mordant la lèvre, il est ferme et musclé. Tout comme le reste de son corps. J'aimerais bien passer la main sous son pantalon droit mais la ceinture m'en empêche.

   — Je ne travaillerais pas pour toi, Shawn.

   Il fait demi-tour pour partir et se pivote légèrement, provocateur.

   — Ne t'avises plus jamais de me menacer, Shawn, si tu ne veux pas finir désosser et servir de décoration pour Halloween.

   Libérez le lion ! Libérez le lion, s'il vous plait !

   Attaque baby, attaque.

   Grrr.

Stone ColdOù les histoires vivent. Découvrez maintenant