𝔈𝔰𝔱𝔥𝔢𝔯𝔦𝔞𝔩, 𝔪𝔶 𝔢𝔭𝔦𝔠 𝔩𝔬𝔳𝔢 ❦ [TERMINÉ]

~Thirty-four

-"J'aimerai te parler."

Elle toisa Fred qui s'était approché, l'air fautif.

-"Qu'est-ce qu'il y a ?" Son ton s'adoucit à la fin, se souvenant qu'il avait été là lors de son deuil et qu'elle devait lui en être reconnaissante.

-"On peut aller se promener ?" Il lui tendit son bras, qu'elle regarda un instant sans bouger. "Ou pas."

Elle le prit finalement, sa main tremblante sur son avant-bras, et il se racla la gorge avant de commencer à avancer, marchant vers le jardin.

-"Je t'en prie." Elle leva les yeux vers lui, éclairé par le soleil de midi. "Parle."

Il sembla chercher ses mots dans les nuages, contemplant les syllabes se former près des cieux, avant d'ouvrir la bouche.

-"Je suis désolé."

Elle s'en fichait.

-"Mais encore ?"

-"Je sais que tu t'en fiches." Il baissa les yeux pour la regarder. "Tu te fiches de tout ce qui pourrais te blesser, parce que tu préfères t'éloigner plutôt que de prendre le risque d'être déçue."

-"Tu sais ce que j'en pense." Elle haussa les épaules. "Se préparer à être déçu est le meilleur-"

-"-moyen d'éviter toute déception." Il eut un sourire lorsqu'elle haussa un sourcil, surprise. "Je te connais, Esther."

-"Alors tu sais ce que je pense de tout ça."

-"Et tu sais ce que j'en pense, moi."

Il se tut un instant, grimaçant lorsqu'il vit Angelina sur le banc qu'il voulait occuper.

-"Allons ailleurs." Murmura-t-il mais elle l'empêcha de bouger, fixant la jeune femme riant aux éclats avec une amie, à l'ombre de la forêt.

Sa peau ébène était éclairée par quelques faibles rayons, faisant ressortir sa mélanine plus encore, et ses cheveux ,attachés en deux tresses, semblaient briller d'un éclat nouveau.

-"Elle est très belle." Murmura Estherial et Fred se tut. "N'est-ce pas ?"

Elle leva les yeux vers lui mais les siens étaient occupés à la fixer, elle, cette jeune femme aux éclats brillants sur le banc.

Elle déglutit lentement, et retira lentement son bras du sien.

-"Je vais y aller." Dit-elle la gorge serrée et il ne dit rien, ne tournant pas le regard.

Elle recula alors de quelques pas avant de faire demi-tour.

-"Tes excuses." Elle s'arrêta et se tourna vers le garçon, qui se retourna vers elle. "Tes excuses ne valent rien, Fred. Pas tant que tu continueras de t'excuser pour ce que tu as dit et non ce que tu as fais."

-"Je m'excuse de ce que j'ai fait."

-"Et pourtant tu ne peux pas le regretter."

Il ne dit rien, et elle eut un sourire las.

-"C'est bien ce que je pensais." Murmura-t-elle. "Passe le bonjour à Angelina de ma part." 

Elle rentra dans l'enceinte du château, et le regarda du coin de l'oeil soupirer avant de s'avancer vers le banc.

Et elle détourna le regard, amère.

                           *****

-"Esther !"

Elle se tourna vers Neville qui arrivait, essoufflé, et eut un tendre sourire lorsqu'il faillit se prendre les pieds dans la cape de Rogue et tomber par terre.

Heureusement il se rattrapa à temps et s'excusa platement avant de se remettre à courir jusqu'à elle.

-"Je l'ai." Il lui tendit un papier qu'elle prit et déplia, le sourire aux lèvres.

Le garçon respira pour éviter de faire une crise d'asthme, et elle eut un rire en lisant le papier.

-"Merci beaucoup Neville." Elle leva les yeux et l'embrassa sur la joue avec tendresse.

-"Avec plaisir." Il lui sourit. "McGonagall n'a pas été trop difficile à convaincre, ça concerne ton père." Il haussa les épaules. "Elle a tout de suite comprit l'importance de sa lettre."

Elle le remercia une nouvelle fois, chaleureusement, et le laissa retourner en cours tandis qu'elle en séchait de nouveaux, allant s'asseoir dehors pour lire la lettre.

"Cher professeur Dumbledore,
Je vous écris cette lettre pour vous parler de ma fille qui n'a pas reçu sa lettre d'admission à Poudlard. Si vous doutez de ses compétences, sachez que je l'ai élevé du mieux que j'ai pu, qu'elle connait plusieurs langues, qu'elle sait additionner, multiplier et soustraire de tête, qu'elle lit du Shakespeare et du Molière, qu'elle sait compter jusqu'à 100 même à l'envers, qu'elle connait les contes de Beedle le Barde par cœur, et qu'elle récite une prière chaque soir pour venir à Poudlard.
Sa mère était une fervente admiratrice de votre école, tout comme moi, et ma petite étoile attend sa lettre chaque matin et chaque soir, assise devant la fenêtre en attendant le hibou. Si vous ne l'acceptez pas, donnez moi une seule raison, je vous en donnerai cent qui la contreront.
Elle mérite de venir, parce qu'elle mérite d'avoir d'autres amis que ses doudoux dans sa chambre, et elle mérite d'avoir un avenir plus radieux que celui que j'ai eu.
Ma fille s'appelle Estherial Sarah Valdez, mais j'espère que vous le savez déjà.
Affectueusement, votre ancien élève de Gryffondor, John Kristan Valdez."

Une grosse larme vint s'écraser sur le papier usé, et elle s'essuya immédiatement les joues, honteuse.

-"Je lui avait envoyé une lettre juste après, lui expliquant que votre lettre s'était sûrement perdue."

Elle se tourna immédiatement vers Albus Dumbledore qui s'approchait, souriant tendrement, les mains dans le dos.

-"Les lettres d'admission peuvent se perdre quelques fois, mais sachez que je n'ai jamais eu de doute quant à votre admission à Poudlard." Il s'arrêta devant elle et regarda le papier. "Tout ce qu'il a dit, vos éloges, sont vraies, Mademoiselle Valdez. Votre père a fait des mauvais choix, mais ça ne faisait pas de lui un mauvais homme."

-"Mon père était bon." Dit-elle avec conviction, pensant qu'il tentait de dire l'inverse.

-"Un bon qui a du faire des choix difficiles pour sa famille." Il hocha le lentement la tête. "Et il ne regrette rien."

-"Comment vous pouvez le savoir ? Il est mort."

Elle déglutit, sentant un goût amer sur ses papilles.

Il eut un doux sourire et regarda le ciel, laissant passer quelques secondes.

-"Parce qu'à sa place, je regarderais en bas, vers vous, et je ne pourrai être plus fier." Il la regarda du coin de l'oeil, et elle se mit à se mordre la lèvre inférieure pour l'empêcher de trembler. "Vous êtes sa plus belle reussite, Mademoiselle Valdez. N'en doutez jamais, parce que vos parents n'en douteront jamais. Quoique vous fassiez, quoique vous pensiez, quoique vous décidiez, ils seront toujours avec vous."

Elle ne pensait pas avoir besoin d'entendre ses mots.
Mais pourtant, les écouter lui fit alors réaliser quelque chose de bien plus important encore.

Et, comme si ça avait été son but premier, Dumbledore la regarda se lever et s'éloigner a toute vitesse, le sourire aux lèvres.