𝔈𝔰𝔱𝔥𝔢𝔯𝔦𝔞𝔩, 𝔪𝔶 𝔢𝔭𝔦𝔠 𝔩𝔬𝔳𝔢 ❦ [TERMINÉ]

~Sixty-eight

-"Tu mens. Ne me mens pas."

La baguette de Draco se mit à trembler dans sa main, et Harry s'avança d'un nouveau pas.

-"Qu'est-ce que tu va faire, Draco ?" Murmura le garçon avec un regard pathétique.

Rien.
Il n'allait rien faire parce qu'il ne savait que faire.

-"Comment-"

-"Tuée par des mangemorts." Harry regarda son avant-bras caché par sa chemise noire. "Des mangemorts tels que toi."

Draco grimaça et se tourna, dos à lui, pour fermer les yeux et reprendre contenance.

Goyle ne lâcha pas Harry du regard et Blaise s'approcha de Draco afin de lui donner un mouchoir d'un air anodin.

-"Il a plu." Mentit le garçon. "Tu dois avoir le visage trempé."

Draco leva les yeux vers le garçon et attrapa son mouchoir avant de le ranger dans sa poche avec violence.

-"Elle n'est pas morte." Il se tourna de nouveau vers Harry. "Il ne fait que nous déstabiliser. Elle ne peut pas être morte."

-"Qu'est-ce que t'en sais ? Bill l'a vu." Harry fronça les sourcils. "Qu'est-ce qui te rend si sur de toi ?"

Draco serra le poing.

-"Le seigneur des ténèbres a promit."

Il entendit alors un bruit, à leur gauche, et leva sa baguette en attendant le rouquin de Ron qui arrivait.

-"Draco."

C'était sa voix.
Harry se retourna soudain vers la jeune femme aux cheveux pâles qui s'arrêta devant eux, le rythme cardiaque affolant, la respiration haletante.

Elle posa son regard sur le garçon dont le bras tremblait et tourna la tête vers Harry.

-"C'est impossible." L'élu plissa les yeux pour être certain de ne pas rêver.

Elle l'ignora, et se tourna vers Draco qui ne l'avait pas quitté du regard.

-"Tu es en vie." Souffla le garçon soulagé, pourtant certain qu'elle l'était.

Elle leva un sourcil.

-"Tu en doutais ? Tes amis n'ont pas réussi à m'avoir."

Il fronça de nouveau les sourcils.

-"Des mangemorts sont venus à la chaumière ?"

Il n'était pas au courant. Mais elle ne le savait pas.

-"Ne joue pas à l'étonné, Draco."

Elle s'avança d'un pas et Harry s'écarta d'eux d'un autre, visiblement intrigué par cette tension entre eux, ne sachant pas ce qu'il s'était passé.

-"Tu sais, j'ai fini par comprendre. Qu'éventuellement je n'étais pas assez pour toi, que tu voulais plus qu'être du côté des bons. Que ta peur t'avait prit aux tripes et que tu avais dû rentrer chez toi, là où est ta place. Auprès de Voldemort."

Draco ne répondit pas, et elle cru naïvement que c'était parce qu'elle avait raison et qu'il n'y avait rien de plus à dire.

Elle détourna le regard, l'empêchant de voir sa larme rouler sur sa joue et s'écraser sur le sol froid et rugueux de la salle sur demande.

-"Blaise." Ordonna Draco et alors le garçon courut et attrapa la tiare qu'Harry avait laissé sans surveillance, absorbé par l'histoire qui se déroulait sous ses yeux.

L'élu tenta de le lui reprendre, soudain revenu sur Terre, mais il était trop tard.
Blaise l'apporta à Draco qui l'attrapa et la serra dans sa main comme un trésor bien plus précieux que tout.

Estherial regarda ses doigts sur la tiare, ses veines de sa main ressortir tant il la serrait pour ne pas qu'elle s'échappe. Elle releva alors les yeux vers les siens, amère.

-"Je ne te comprends pas." Avoua-t-elle en un murmure presque sacré. "Si tu avais tant envie de rester à ses côtés, pourquoi m'avoir bercé d'illusions ? Pourquoi m'avoir promis sécurité à tes côtés, loin de tout, alors que tu savais que tu finirais par lui revenir ?"

À celui qui lui avait tout prix. Sa mère, son cousin, son père, son amant. Son âme.

Draco grinça des dents et regarda ses deux compères avant de leur faire un signe de la tête.

-"On dégage d'ici. Goyle, tu vérifies qu'ils ne nous suivent pas." Il regarda Harry et Estherial qui les fixaient. "Fais ce que tu veux de Potter s'il bouge. Ne touche pas à Estherial."

À l'entente de son prénom, elle sentit quelque chose se briser au fond d'elle, dans son coeur déjà mal réparé, comme une poupée de porcelaine déjà brisée dont les morceaux recollés tremblaient, la poupée vide à l'intérieur.

Il fit demi tour et commença à marcher, disparaissant derrière une montagne d'objets inutiles, et Estherial voulu partir de là où elle venait, tentant d'oublier ce qu'il venait de se passer.

-"Esther."

Elle releva les yeux vers ceux de Ron et d'Hermione qui venaient d'arriver.

-"Ron, Mione." Harry soupira, heureux de ne plus être le seul coupable dans la salle.

Estherial passa devant eux sans les regarder et continua d'avancer, passant par un chemin opposé au leur.

Elle ne les entendit plus, et eut la surprise de remarquer que Goyle l'avait laissé partir.

C'est alors qu'elle la sentit.
L'odeur nauséabonde de la fumée qui semblait s'étendre dans la salle entière.

Elle leva les yeux, tentant de déterminer la provenance de la fumée.

Mais elle n'en eut pas le temps, car alors un serpent en flammes - de la magie- rugit à sa droite et elle se mit à courir, prenant ses jambes à son cou pour fuir le monstre de feu.

Elle ne regarda pas où elle allait, ne pensant qu'à sa survie peu certaine.

Et elle vit alors le deuxième dragon, qui dévorait tout sur son passage dont elle faisait partie.

Coincée entre les deux, elle se décida à grimper à une des montagnes d'objets inutiles et laissés à l'abandon.

Elle attrapa une chaise et faillit tomber lorsque celle-ci dégringola, se rattrapant in extremis à un canapé en velours. Elle continua de monter, faisant attention à ce qu'elle prenait comme appui, et baissa les yeux vers les flammes qui dévoraient la chaise au sol. Estherial déglutit, sentant la chaleur coller ses vêtements à sa peau suante. Ses cheveux mal attachés la grattaient et certains brouillaient sa vue.

Elle arriva finalement tout en haut, et se rendit compte qu'elle n'était pas si haute que ça. Les autres amas s'élevaient bien plus haut et les flammes allaient bientôt arriver là où elle se trouvait.

Elle n'avait qu'un moyen de se sauver, pour le moment, jusqu'à trouver une solution plus durable.

Sauter sur une autre de ses montagnes, pour grimper tout en haut. Mais des dizaines de mètres la séparaient de la plus proche, et elle n'était pas certaine d'arriver à effectuer un saut de cette longueur.

Elle inspira, baissa le regard vers les flammes qui dévoraient le canapé en velours.

Prit de l'élan, tentant de ne pas penser aux autres, espérant qu'elle était la seule dans ce foutoir. Inspira, expira. Serra son collier.

Et sauta.

Elle tendit le bras vers la chaise de l'autre montagne, la frôla.

Et chuta, la main encore tendue vers le ciel.