~Fifty-three

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"Draco,
Je ne sais pas où tu es ou ce que tu fais, mais Rogue est devenu directeur, ici. Si tu te demandes qui a gagné le tournoi, c'est Estherial. Je crois qu'elle le mérite, mais j'aurai quand même aimé gagner. Où que tu sois je pense fort à toi et j'espère que tu es en sécurité. Rogue nous a laissé partir, pour les grandes vacances, et a ordonné aux Serpentard de lui faire part de toute nouvelle de ta part. Alors ne me réponds pas. Mais je vais quand même te dire que j'espère que tu sais ce que tu fais. Partir, alors que tu avais une place près du seigneur des ténèbres, une place de choix : était-ce le bon choix ? Si tu es avec Estherial, ce que Blaise est certain, dit-lui de ne pas se montrer. Tous les Mangemorts sont à sa recherche, non seulement pour le sois disant meurtre de Dumbledore, mais aussi pour quelque chose de plus sombre encore. Mes parents n'en savent pas plus, mais le seigneur des ténèbres fait particulièrement attention à elle. Peut-être détient-elle quelque chose qu'il désire ? Demande-lui. Et je vais me répéter, mais j'espère que tu es en sécurité. Parce qu'ils sont tous à ta recherche, à toi aussi.
Pansy Parkinson, qui espère que son hibou te retrouvera."

Estherial eut un léger sourire, faiblard, qui s'effaça bien vite lorsque Draco se leva sans un mot et alla jeter la lettre dans le feu de cheminée qui crépita.

Il baissa les yeux vers les siens, assise sur le canapé, les jambes recroquevillées sur sa poitrine.

-"Tu as gagné." Fit-il remarquer.

Elle hocha la tête.

-"On est recherché." Ajouta -t-elle alors et il se tut.

Il retourna s'asseoir sur le fauteuil en osier et le regarda, attendant qu'elle dise quelque chose pour briser le silence gênant.

De quoi pouvaient-ils parler ? Estherial lui jeta un coup d'œil, attendant qu'il parle du beau temps.

-"Tu as-" il se racla la gorge et se redressa légèrement. "Tu as quelque chose que pourrait vouloir le seigneur des ténèbres ?"

-"Voldemort." Corrigea la jeune femme et il se tendit. "Et non. Je n'ai rien de valeur, chez moi."

Chez elle. Elle n'y était pas retourné depuis bien longtemps, désormais qu'elle y habitait seule. Sa bibliothèque devait sûrement être remplie de toiles d'araignées et de poussière. Qu'en était-il de ses innombrables tasses de thé vides disposées un peu partout dans la maison ? Sûrement entourées de fourmi venue récupérer les gouttes restantes dans le fond.

Elle pouvait presque sentir l'odeur nauséabonde de la cuisine, pleines d'assiettes sales et de verres empilés.

-"Réfléchis." Dit alors le garçon. "Il y a sûrement quelque chose."

Elle leva les yeux vers les siens.

-"Il n'y a rien." Dit-elle d'un ton plus ferme.

-"Et si on allait chez to-"

-"Draco." Elle laissa ses jambes glisser jusqu'à toucher le sol de ses pieds nus. "Je t'ai dit qu'il n'y avait rien."

Il referma sa bouche, la mâchoire contractée. Le silence revint, la discussion s'évapora dans les airs.

La gêne entre les deux se fit plus forte qu'avant et le garçon se leva pour aller se promener le long de la mer, ne voulant pas se murer dans le silence qu'elle semblait vouloir.

Lorsqu'il claqua la porte, elle releva ses jambes contre sa poitrine et posa son menton sur ses genoux, les entourant de ses bras nus. Elle caressa sa cheville machinalement, pensant à autre chose sans savoir quoi.

Avait-elle fait le bon choix ?
Rester avec Draco, le soutenir alors que ça ne l'avait mené qu'à la ruine.

Et désormais il partait pour ne pas rester avec elle, et elle se taisait pour qu'il le fasse.

Était-ce ce qu'elle avait prévu ?
Non, et la lassitude qu'elle ressentait l'empêchait d'en être satisfaite.

Elle regarda les lettres sur le bureau, adressées à Fleur et Bill.

S'ennuyant, elle se leva et décida de les trier : les lettres d'amis et de la famille d'un côté, celles du ministère que les hiboux envoyaient sans savoir à qui était cette maison de l'autre.

C'est alors qu'elle en trouva une intriguante, parmi celles de la famille.

Elle la retira du paquet et la leva jusqu'à la fenêtre, les sourcils froncés.

-"De Monsieur Valdisley, 666 boulevard des renards."

Elle esquissa un léger sourire, les yeux pétillants.

Elle déchira l'enveloppe et déplia la lettre, reconnaissant soudainement l'écriture qu'elle avait vu tant de fois auparavant.

"Je savais que tu comprendrais, en voyant l'enveloppe. Tu vois, je m'en souviens, de Monsieur Valdisley. Ton doudou que tu refusais de quitter quand tu dormais à la maison, et que maman avait perdu dans le jardin en voulant le mettre à sécher. On avait inventé une histoire, comme quoi il était parti vivre tout seul comme un grand boulevard des renards, près du Terrier. Et désormais toi aussi tu es partie vivre toute seule, sans nous. Maman m'a dit que tu étais passée, malgré que Bill lui ait déconseillé. Je ne viendrai pas te chercher, Esther, parce que je sais que ce n'est pas ce que tu voudrais. J'ai passé des moments incroyables à tes côtés et je regrette infiniment ce qui a pu se passer entre nous, à la toute fin. Sache que, malgré mon amour pour Angelina tout comme ton amour pour Draco, tu resteras mon Esther et je sais que je resterais ton Fred. Si jamais tu as besoin de te cacher, d'être protégée, de quelqu'un : je suis et je serais toujours là. Prends soin de toi, mon Esther. Je suis certain que Draco prendra soin de toi, mais j'espère que tu prendras soin de toi même. Ron voulait absolument venir te voir, tu sais. C'était une mauvaise idée de lui avoir dit où tu étais, désolé.
Ils ont beau te rechercher, les Mangemorts. Ils ont beau être des centaines à te vouloir morte, on est des milliers à te vouloir vivante. Alors reste où tu es, on s'occupe du reste. Que tu détestes ou pas, que tu nous en veuilles ou non.
On est là.
Freddie."

Elle replia la lettre à temps pour ne pas gâcher l'encre avec ses grosses larmes qui roulaient sur ses joues.

Elle se mordit la lèvre, regardant le feu crépiter à côté d'elle.
Elle devait la brûler. C'était une preuve, et si quelqu'un traquait l'encre qu'utilisait Fred il pourrait remonter jusqu'à cette maison.

Mais alors elle la plia une deuxième fois et la rangea dans un tiroir d'une étagère, la cachant de tous.

Sauf d'elle.

𝔈𝔰𝔱𝔥𝔢𝔯𝔦𝔞𝔩, 𝔪𝔶 𝔢𝔭𝔦𝔠 𝔩𝔬𝔳𝔢  ❦ [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant