~Twenty-eight

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-"Pour tous ceux qui n'ont pas pu assister au dénouement final. Pour tous ceux qui se sont battu pour la victoire. Pour que leur sacrifice ne soit pas vain."

Lentement, Ron vint déposer une rose sur le cercueil ouvert de Sirius, allongé dedans les cheveux parfaitement posés sur ses épaules recouvertes de son costume noire.

-"Que leurs noms soient sanctifiés et que leur volonté soit faite."

La voix de Remus s'enroula autour des jambes d'Hermione qui déposa sa rose à son tour, retenant ses larmes. 

-"Que la paix accompagne nos morts jusqu'au ciel, qu'ils y trouvent la paix qu'ils ont tant désiré. Que leurs baguettes retournent à la terre pour qu'au prochain solstice elles choisissent un autre sorcier. Que leurs mémoires soient notre et que leur savoir soit transmis. Que jamais les erreurs passées ne viennent tacher le futur qu'ils nous ont construit."

Il continua de parler sans s'arrêter comme de peur que la vérité ne l'attende à la moindre respiration.

-"Que les sorciers retournent auprès du Créateur qui les a doté de magie et qui les a élevé au-dessus des simples moldus. Que leurs derniers instants soient braves, que leurs corps ne flanchent pas au moment de passer de l'autre côté de la rive."

Luna et Neville allèrent ensemble déposer leur rose, symbole de leurs regrets, avant de retourner à leurs places.

-"Que nous puissions nous revoir de l'autre côté, et commencer une nouvelle vie."

Finalement, Remus et Harry s'approchèrent ensemble du cercueil et tandis qu'Harry déposait la toute dernière rose, Remus referma lentement le cercueil.

-"Ton combat est terminé."

Et, finalement, le cercueil descendit dans le trou lui étant réservé, et chacun y apporta un bout de terre en souvenir du temps passé.

Et lorsque le cercueil fut entièrement recouvert, des fleurs se mirent à pousser au-dessus, signe que l'enterrement touchait à sa fin.

Les uns restèrent, d'autres firent leurs adieux aux pauvres Remus et Harry avant de partir.

Et finalement, la fête continua au Terrier, quelques mètres plus loin : on trinquait à son honneur, on se remémorait des bêtises passées, des moments désormais vains.

Harry eut même quelques sourires timides, lorsque le champagne lui monta un peu trop à la tête.

Il y eut des rires, des accolades : le souvenir même de Sirius Black apportait à chacun un réconfort opportun.

-"Où est Esther ?"

Hermione regarda la salle remplie.

-"Et Fred ?"

Elle se tourna vers Ron, une flûte à la main.

-"T'as oublié ?" Il leva un sourcil. "Elle l'enterre aujourd'hui."

Et effectivement, des kilomètres plus loin, Estherial laissa sa voix trembler entre les arbres morts.

-"Que nous puissions nous revoir de l'autre côté, et commencer une nouvelle vie."

Elle déposa la deuxième et dernière rose sur le cercueil ouvert et, lentement, en reposa le couvercle.

-"Ton combat est terminé."

Elle retint un sanglot lorsque ledit cercueil descendit dans son trou, laissant sa main pendre dans le vide alors qu'elle effleurait le bois verni.

Fred jeta de la terre et elle fit de même dans un silence mortuaire. Et lorsqu'enfin, les lys se mirent à pousser, la pluie lentement se mit à tomber, écho des déchirures qui l'empêchaient de parler.

Ils restèrent muets dans un silence bruyant, ensemble dans un moment privé.

-"Navré, Esther."

Son murmura sembla soudain comme un hurlement dans l'instant si silencieux.

Elle ne savait pas s'il était navré de ce moment si maussade, navré de la mort de son père, ou navré que personne d'autres ne soient venus.

Les minutes passèrent. Et avec elle, les heures, les secondes sautant à cheval avant elles.

Lorsque la pluie se mit à battre plus fort encore, Fred sortit son parapluie et lui proposa de partir. Mais elle ne répondit pas, ne bougea pas, debout, fixant l'invisible.

Alors, finalement, éventuellement, il partit. Parce qu'au fond, les souvenirs ne sont jamais mieux que lorsqu'ils ne sont pas racontés, simplement penser fort dans la mémoire de ceux qui les ont vécus.

Elle le comprit alors, lorsque finalement elle s'effondra sur le sol, misérable. Seuls les souvenirs des autres demeurèrent intacts, ancrés dans leurs mémoires comme gravés dans la pierre.

Et elle ne hurla pas. Elle ne cria pas, ne prononça pas la moindre syllabe. Ne resta que le long et lourd silence pour ne pas parler de la réalité. Parce qu'il y avait des mots pour exprimer une peine légère. Mais les grandes douleurs ne pouvaient que se taire.

Elle fixait un point sans vraiment s'y attacher, comme une ancre qui n'arrivait pas à s'ancrer, perdu entre le vide et le néant.

Personne n'était venu. Bien entendu, elle savait que Sirius avait été un ami pour Remus, un parrain pour Harry et une ancre pour l'Ordre, cette organisation ennemie des mangemorts qu'avaient rejoins ses amis.

Mais savoir que, sur cette Terre, la seule personne qui pouvait encore le faire exister était elle.

Car, après tout, une personne n'est morte que si elle disparaît de la mémoire des vivants.

Et tandis que Fred rentrait chez lui pour découvrir les bouteilles vides et les éclats de rire, Estherial resta assise sur la tombe de son défunt père, les larmes des nuages se confondant avec les siennes dans une symphonie d'agonie.

Il n'était pas là.

Draco.

Il n'était pas venu, n'était pas revenu.
De toute façon, qu'attendait elle de lui ? Il restait un Malfoy. Il restait un mangemort.

Tout comme son père, sa mère, sa tante, son oncle et le reste de ses amis. Tout comme son père, à elle. 

Et tandis que ses cheveux trempaient arrosaient le sol boueux, elle eut le sentiment oppressant que quelque chose, dans la balance, était juste. Qu'au plus profond d'elle-même, elle avait mérité ce qu'elle avait récolté.

Cédric. Que pensait-il d'elle, pitoyable qu'elle était ? Que pensait son père qui s'était sacrifié pour qu'elle puisse le pleurer, misérable qu'elle était ?

Que pensait sa mère, qui s'était sacrifié pour qu'elle finisse par s'effriter comme un tableau laissé à l'air libre, abandonné parce qu'il n'était pas assez joli.

Elle ne pouvait savoir ce qu'ils pensaient d'elle, là haut. Elle aurait aimé les rejoindre, éventuellement. Parce que désormais elle ne savait même pas où coucher, et ses nuits semblaient déjà devenir de longues et pénibles journées vides.

Et finalement, tandis que la nuit tombait et amenait avec elle les prémices de la guerre, Estherial se releva et, embrassant tendrement sa pierre tombale, y laissa une Marguerite, sa fleur préférée car elle lui rappelait les cheveux de sa mère.

Et lorsque les astres s'alignèrent pour le célébrer, elle referma son manteau d'été et, éventuellement, repartit les pieds trainants jusque chez elle.

𝔈𝔰𝔱𝔥𝔢𝔯𝔦𝔞𝔩, 𝔪𝔶 𝔢𝔭𝔦𝔠 𝔩𝔬𝔳𝔢  ❦ [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant