~Forty-seven

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-"Neville ?"

Le garçon releva la tête vers Luna qui passait dans le même couloir. Elle eut un sourire, le saluant vaguement de la main.

-"Je te pensais à la serre à cette heure de la journée." Dit-elle d'une voix enjouée.

Il haussa les épaules, se grattant l'arrière du crâne.

-"Esther devait venir, mais on dirait qu'elle a mieux à faire."

-"Je suis sûre qu'elle a eut un empêchement." Luna tapota son épaule pour le rassurer. "Elle ne t'aurait pas laissé tomber sans excuse valable."

-"Si tu le dis." Murmura le garçon et elle eut un froncement de sourcils avant de prendre son bras.

-"Retournons-y, je vais t'aider moi."

Elle le força à la suivre jusqu'à la serre, et ils passèrent à quelques mètres.

Quelques mètres à peine du porche, désormais dans l'ombre des grands arbres.

-"Des élèves vont passer dès que la sonnerie retentira." Argua Dumbledore avec calme, caressant le bout de sa barbe d'un air détaché. "Vous ne pourrez me tuer dans ces conditions."

Estherial se tut, arrêtant ses incantations, et sa baguette cessa de luire.

-"Je ne suis pas stupide." Ricana Henri avant de regarder Estherial. "Donne-moi l'heure."

-"Midi moins cinq." Répondit-elle comme un automatisme, ayant regardé sa montre à gousset.

Il hocha la tête avant de se tourner de nouveau vers le directeur.

-"Dans deux minutes." Murmura-t-il et il esquissa un sourire. "Si tout prend trop de temps, j'ai la solution à tout. Mais ne vous inquiétez pas, vous aurez déjà rejoins Grindelwald bien avant midi moins trois."

Dumbledore se tendit soudain et les poils d'Estherial se hérissèrent.

Gellert Grindelwald. Un mage noir connu en Europe de l'Est, presque méconnu pourtant de la Grande-Bretagne où ils se trouvaient car, peureux de son ancien amant et ami Albus, il n'avait osé retourner là-bas.

-"Grindelwald n'est pas mort." Objecta Estherial en se tournant vers Henri, la baguette toujours tourné vers le directeur. "Il est enfermé."

Henri serra la mâchoire.

-"Arrête de parler, Esther. C'est entre lui et moi." Il désigna d'un coup de tête Dumbledore et les lèvres de la jeune femme se scellèrent soudain.

-"Tue-le, maintenant." Souffla ce même garçon. "J'en ai assez entendu."

Elle se tourna vers lui, les yeux grands ouverts et la bouche fermée.

-"Tu peux parler." Il balaya l'air de sa main, exaspéré.

Elle n'arrivait pas à comprendre. Il avait dit que son sortilège, sa potion, ne marchait que si elle avait des sentiments pour lui.
Il l'avait trompé, avait réussi à la duper et désormais qu'elle le savait, elle ressentait toujours quelque chose ?

Il était manipulateur, hypocrite, égocentrique, narcissique, complexé, et il était par dessus tout mangemort.

Comme son père. Comme Draco.

Comme tant d'autres qui avaient perdus la vie à cause d'eux, elle allait être la prochaine à enlever une vie pour eux.

Elle ne voulait pas. Voulait tant rompre cet enchantement.

Mais lorsqu'elle le regardait, droit dans les yeux, elle n'y arrivait pas.
Elle n'arrivait pas à voir autre chose que celui qu'elle avait pensé tant aimée ces derniers mois, celui qui l'avait fait passé avant tout et avait réussi à lui redonner l'envie de vivre et non plus de survivre.

-"Mes sentiments." Dit-elle alors et il leva un sourcil, ne s'y attendant pas. "Mes sentiments, pour toi. Sont-ils vrais ?"

-"Tu me demandes si je t'ai aussi donné de l'amortentia." Conclut le garçon et elle hocha la tête, la baguette toujours levée.

Il eut un léger sourire, et prit son menton dans ses doigts avant d'approcher son visage du sien, frôlant leur nez.

Là. Ce dégoût qu'elle avait envie de ressentir, où était-il ? Elle ne sentait que son parfum à la lavande et ne regardait que ses yeux d'un bleu azur, aux reflets océan.

-"La réponse est non." Il eut un léger sourire de victoire en voyant l'incompréhension dans ses yeux. "Et oui."

Il se releva, s'écartant.

-"Je t'en ai versé dans tes jus le premier mois, mais après j'ai arrêté. Alors si tes sentiments sont restés, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même." Il haussa les épaules et leva un sourcil en voyant ses yeux s'embuer de larmes. "Ne pleure pas Esther, je ne t'en veux pas. Qui ne tomberais pas amoureux d'un sorcier tel que moi ?"

Il leva soudain les yeux lorsque la sonnerie de l'alarme intrusion retentit et il esquissa un sourire.

-"Bon, Esther est lente." Il haussa les épaules. "Il est midi moins trois."

Ils entendirent les portes s'ouvrirent à la volet et, selon la démarche d'évacuation, les élèves et les professeurs se ruèrent dans les cachots, l'endroit le plus sûr.

Et également le plus éloigné du porche.

-"Tu ne veux décidément pas le tuer, hein." Souffla Henri avant d'attraper ses joues avec violence pour qu'elle le regarde dans les yeux. "Je t'ai dit : tue-le."

Elle ne voulait pas.

Elle sentit une larme rouler le long de sa joue, y creusant un sillon pour les prochaines tandis que, comme une poupée désarticulée, son visage se tourna lentement vers celui du directeur, au fond.

Ses yeux se posèrent dans les siens et elle crut un instant qu'il allait sortir sa baguette et les envoyer ricocher dans le lac noir.

Qu'il se défendrait.

Mais alors il leva les bras au ciel en quête de merci, les yeux clos tournés vers les cieux, et une autre larme roula, suivant la première en une danse macabre.

Que quelqu'un l'arrête, par pitié.

Tous ces derniers mois de bonheur lui revenaient soudain en mémoire et elle implorait le Seigneur, qu'il existe ou non, de bien vouloir la pardonner d'avoir pensé qu'elle méritait une once de ce semblant de bonheur.

-"Tue-le !" Hurla Henri, impatient, et son corps se mit à frémir de terreur tandis que sa langue glissait le long de ses dents blanches, attendant le signal de ses cordes vocales pour commencer sa symphonie.

-"Avada Kedavra !"

Et, finalement, une dernière larme s'échappa de ses yeux rouges et s'écrasa sur le marbre froid.

𝔈𝔰𝔱𝔥𝔢𝔯𝔦𝔞𝔩, 𝔪𝔶 𝔢𝔭𝔦𝔠 𝔩𝔬𝔳𝔢  ❦ [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant