Chapitre 3

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La jeune fille se battit comme une lionne enragée, près de ses amis. Parfois, du coin de l'œil, elle avait l'impression de voir un éclair orange, comme si Pattenrond restait aux alentours et assurait ses arrières. Comme s'il attaquait les Mangemorts autour d'eux pour qu'elle s'en sorte saine et sauve.
Elle ne pouvait pas vraiment le prouver, mais au fond de son cœur, elle savait qu'il était là, tout près, profitant de sa petite taille et de son agilité pour faire des ravages dans les rangs ennemis.

Puis, Harry réalisa l'impossible. Il tua Voldemort et mit fin à la guerre. Elle attira Ron à elle pour l'embrasser, décidant que la vie était trop courte pour se poser des questions au sujet de ses sentiments.
Pattenrond arriva alors comme une fusée et elle lâcha Ron pour le prendre dans ses bras en riant, le caressant et le couvrant de baisers, sans voir le regard jaloux et agacé de son tout nouveau petit-ami sur son chat. Leur rivalité ne s'était pas vraiment apaisée depuis la troisième année, ils observaient juste une trêve prudente.


Il fallut à Hermione un été pour se rendre compte que Ronald Weasley était un ami formidable, mais qu'il ne pouvait pas être un petit ami ou plus dans son cœur. Ils avaient grandi ensemble et il y avait la présence de Harry omniprésente dans leur couple. Ils avaient toujours été à trois, et sortir avec un des deux garçons sonnait étrangement.

Dans les moments romantiques, elle se sentait nerveuse, parce qu'elle avait l'impression que Harry était là, juste derrière elle. Ou elle parlait à Ron, en souriant, et elle amorçait le geste de se tourner pour demander son avis à Harry.
Sans compter qu'ils avaient toujours eu la manie de se disputer violemment tous les deux, comme s'ils ne pouvaient pas communiquer autrement. Et c'était Harry qui leur permettait de se côtoyer sans se hurler dessus en permanence.

Elle avait cru l'aimer, mais ce n'était qu'une illusion, ou peut-être l'envie de se lier à lui pour ne jamais le perdre. Elle aurait toujours une tendresse particulière pour lui, mais elle ne se sentait pas à l'aise pour une histoire romantique.


Ce n'était pas le seul problème, malheureusement. Là où Harry et elle étaient forcés d'être autonomes — elle avait aussi perdu ses parents, à l'instant où elle leur avait effacé la mémoire — Ron vivait encore dans le cocon familial et se laissait dorloter par sa mère avec délices. Il s'accrochait à son enfance et repoussait les responsabilités de toutes ses forces, et elle avait parfois envie de le secouer pour le forcer à ouvrir les yeux et à se prendre en main.
Molly Weasley était peut-être adorablement envahissante, mais Hermione ne pensait pas que sa présence permanente puisse aider à régler leurs problèmes de couples. Elle comprenait parfaitement que Ron puisse en profiter, mais c'était un obstacle de plus pour construire leur histoire. Elle n'imaginait pas vivre une romance au Terrier, et encore moins dans un appartement où Molly viendrait faire le ménage et la cuisine — pour préserver son fils...

La séparation avait été inévitable, alors que les feuilles commençaient juste à rougir sur les arbres. Leur idylle avait duré à peine un été, mais Hermione espérait que leur amitié se remettrait de cet épisode. Elle tenait à lui, autant qu'à Harry. Ron avait été furieux au début, mais il avait fini par comprendre qu'ils resteraient liés, quoi qu'il arrive.
Elle se doutait qu'au début ce serait inconfortable et gênant lorsqu'ils se reverraient, mais ils parviendraient probablement à retrouver leur complicité d'autrefois, avec du temps et de la patience.

En attendant, elle avait pleuré toutes les larmes de son corps dans la fourrure de Pattenrond, laissant son chat la consoler de cette toute première rupture, de la fin de son tout premier amour. Le chat était resté près d'elle de longues heures, ronronnant doucement et se laissant câliner, passant sa langue râpeuse sur les joues humides de la jeune fille comme pour sécher ses larmes.

Courageusement, elle avait rassuré Harry sur son moral et lui avait suggéré de soutenir Ron et de lui faire comprendre qu'elle l'aimait toujours, mais comme son ami. Un ami proche, le genre d'ami irremplaçable qu'on ne rencontrait qu'une seule fois dans sa vie. Elle avait la chance d'en avoir deux et elle ne voulait pas les perdre.

Puis, était venu le temps de retourner à Poudlard, pour une année spéciale. Une huitième année pour remplacer l'année prise par les Mangemorts.

Harry avait hésité puis refusé, préférant intégrer l'entraînement spécial des Aurors. Hermione n'était pas convaincue que ce soit une bonne idée, mais son ami semblait décidé à suivre la voie tracée pour lui. Ron avait également décidé de ne pas revenir à Poudlard et cette décision avait brisé un peu plus le cœur d'Hermione, qui espérait une réconciliation entre eux. À la place, il avait décidé d'aider Georges à sa boutique — au moins le temps qu'il surmonte la mort de son jumeau — tout en lorgnant avec hésitation du côté de la formation d'Auror aux côtés de Harry.

Rien ne serait plus jamais pareil, elle serait seule cette fois, sans ses amis. Ses meilleurs amis. Mais elle était décidée à faire cette dernière année et à décrocher ses examens.
Elle en avait besoin, comme pour se convaincre que sa vie était revenue à la normale.

Elle avait retrouvé Neville dans le Poudlard express, ainsi que Luna, Dean et Seamus. La veille du départ, elle avait reçu une longue lettre de Harry pour l'encourager et elle avait souri en découvrant que Ron avait ajouté quelques mots de son écriture presque illisible, comme une offre de paix entre eux.

Poudlard, étrangement, n'avait pas changé. Les professeurs avaient fait en sorte de faire disparaître toute trace des combats, et l'école semblait ne pas avoir vu se dérouler la bataille finale. Rien n'indiquait qu'il y avait eu tant de morts, que des pans de murs entiers avaient cédé sous la force des sorts offensifs.

En plus du tombeau de Dumbledore au milieu du parc, une stèle avait été gravée pour commémorer le courage des étudiants qui s'étaient battus pour leur liberté et pour leur avenir. Mais le parc avait retrouvé sa splendeur passée, redevenant un lieu de promenade agréable, qui serait vraisemblablement prisé par tous les élèves dès qu'il y aurait un rayon de soleil — ou aux premières neiges.

En entrant dans le hall, elle regarda autour d'elle, repoussant les souvenirs des Mangemorts s'introduisant en force pour essayer de se rappeler leurs premières années, quand ils étaient encore des enfants innocents et émerveillés par la magie.

Se reconstruireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant