Chapitre 31

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Voyant que Drago ne s'éveillait toujours pas, malgré ses efforts, Hermione se redressa, la panique coulant dans ses veines. En désespoir de cause, elle se redressa pour secouer le Serpentard, dérangeant Pattenrond qui émit un miaulement de protestation.

Le jeune homme se réveilla brusquement, haletant, et réagit par réflexe. Il bouscula Hermione et la plaqua brusquement au sol, une main autour de sa gorge, le regard dans le vague encore inconscient de ses gestes.
Le cœur battant, Hermione resta parfaitement immobile, essayant de ne pas paniquer et de ne pas se défendre. Harry avait eu les mêmes réactions à une époque, et elle avait également le même réflexe lorsqu'elle était réveillée trop brutalement ou en sursaut. C'était les séquelles de ce qu'ils avaient tous traversé, ceux qui s'étaient retrouvés en première ligne... Ceux qui avaient vu la mort de près. Elle savait que Drago aurait besoin de quelques secondes pour revenir à la réalité et se reprendre.

Effectivement, Drago sembla soudain prendre conscience de leur position et de la façon dont il la maintenait contre le matelas, puisqu'il la lâcha brusquement et commença à s'écarter, avec un sanglot étranglé, visiblement horrifié de ses propres réactions.
Hermione n'hésita pas et le retint près d'elle, laissant échapper un rire nerveux lorsqu'il s'effondra sur elle, lui coupant presque la respiration. Drago roula aussitôt sur le côté, mais resta collé à elle, sans chercher à échapper à la poigne de la jeune fille.

Il murmura, hésitant.
— Excuse-moi pour... enfin, je suis désolé de t'avoir... agrippé comme ça. Je ne t'ai pas blessée ?
Hermione le rassura immédiatement.
— Ne t'en fais pas ! Je t'ai réveillé, c'est logique... enfin... je suis pareille quand je me réveille en sursaut. Mais tu faisais un cauchemar et...

Elle se tut soudain pour se calmer, consciente qu'elle parlait trop vite et que sa voix montait en volume. Ils étaient toujours protégés par un sort de silence, mais elle ne voulait pas montrer à quel point elle était nerveuse.
Lorsqu'elle sentit les muscles de Drago se détendre contre elle, elle soupira.
— Tu veux en parler ? De ton cauchemar ?

Il haussa les épaules — elle sentit le mouvement contre elle — et elle put presque imaginer sa grimace gênée, puis il murmura.
— Je... Les trucs habituels. Rien de... enfin. Peu importe. Merci.

Hermione répondit tranquillement, d'un ton détaché.
— Je t'ai connu plus sûr de toi...

Elle crut qu'il ne répondrait pas, quand il finit par soupirer.
— Pourquoi tu essaies à ce point de m'aider ? Pourquoi tu... fais tout ça ? Et Potter, les autres ? Ils devraient m'en vouloir. Vous devriez tous m'en vouloir ! J'ai causé la mort de Dumbledore, j'ai fait entrer ces monstres dans l'école...

Hermione ne répondit pas immédiatement, une fois de plus perdue dans ses souvenirs. La sixième année avait été dure pour Harry, il s'était renfermé sur lui-même et n'avait pas vraiment parlé de ce qu'il faisait avec Dumbledore. Au début du moins.
Il leur avait raconté ce qu'il avait vu, le jour de la mort de Dumbledore, alors que le vieil homme l'avait stupéfixé pour qu'il assiste à la scène sans pouvoir intervenir.

Elle ferma les yeux.
— Tu n'es pas responsable de la mort de Dumbledore. Harry était présent ce jour-là, il a tout vu.

Drago hoqueta, mais Hermione continua tranquillement.
— Au début, il était furieux après Rogue. Il... semblait littéralement perdre la raison dès qu'on prononçait son nom.

Le jeune homme murmura après avoir dégluti bruyamment.
— C'était... Il l'a fait pour m'aider. Je devais... Mais je n'ai pas pu. Et il avait fait un serment inviolable avec ma mère. S'il ne... l'avait pas fait, il serait mort.

Hermione soupira.
— On ne le savait pas à l'époque. Mais la réaction de Harry était vraiment disproportionnée, jusqu'à ce qu'il avoue que Dumbledore était mourant. Il n'avait plus que quelques mois à vivre.

Drago laissa échapper un ricanement incrédule.
— Ce vieux fou avait tout organisé avec Rogue, pas vrai ? C'est pour ça que Potter était présent...

Hermione ferma les yeux, essayant d'oublier à quel point elle s'était sentie trahie par Dumbledore quand elle avait compris ce qu'il avait exigé de Harry. Elle qui l'avait toujours admiré — presque vénéré — avait regretté d'avoir placé sa confiance en cet homme. Elle marmonna un acquiescement, ne voulant certainement pas débattre de ce qui s'était produit à cette époque.

Drago sembla comprendre que le sujet était sensible. Après un léger silence, il reprit.
— Ça n'empêche pas que j'ai fait entrer les Mangemorts !
— Pourquoi tu ne veux pas juste... aller de l'avant ? Tu as une seconde chance !

Drago laissa échapper un rire amer.
— Bien sûr. Ça serait tellement plus facile !

Il soupira puis reprit, plus calme. Hermione regrettait l'obscurité, elle aurait aimé voir ses expressions en cet instant.
— Mon père se précipiterait sur l'occasion. De voir ses fautes effacées pour qu'il puisse reprendre sa vie. Il n'aurait pas la moindre hésitation, évidemment.
— Et alors ?
— Je me suis juré que si je survivais à tout ça... de ne plus jamais suivre son exemple. Toute mon enfance puis mon adolescence... Tout ce temps, j'ai voulu attirer son attention, avoir son approbation. Jusqu'à ce que je sois... marqué. J'ai cru qu'il changerait après ça. Qu'il prendrait conscience de ses erreurs, ou qu'il serait reconnaissant de ce que j'avais fait... Mais il a continué. Pire encore, il m'a reproché de ne pas être... De ne pas voir eu le cran de tuer.

Hermione soupira.
— Tu n'es pas lui, Drago. Quoi que tu fasses, tu n'es pas lui. Si tu te laisses... aller, il aura gagné. Lui, les Mangemorts, Voldemort. Si tu veux vraiment être différent de lui, prends la chance qui t'est offerte et profites-en pour faire quelque chose de bien de ta vie. Trouve un travail qui te plaît, fonde une famille, sois heureux.

Drago se redressa brusquement, faisant sursauter Hermione. Lorsqu'il répondit enfin, sa voix était étranglée comme s'il luttait contre les larmes.
— C'est cruel de me... laisser espérer ça, Granger ! Je ne pensais pas que tu étais ce genre de personne !

Surprise du ton froid de Drago et de son écart soudain, Hermione resta silencieuse un long moment, les sourcils froncés, essayant de comprendre ce qui avait pu le vexer. Elle se doutait bien qu'évoquer son père était encore douloureux pour le jeune homme, mais elle n'aurait jamais pu penser qu'il puisse le prendre aussi mal.


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