Se reconstruire

Chapitre 36

Drago s'éclaircit la gorge, visiblement aussi troublé que Hermione. Cependant, elle se reprit et cligna des yeux pour se reprendre.
Tout semblait si simple dans la salle sur demande, en dehors du temps. Cependant, elle repoussa toutes ses questions au sujet de l'avenir pour se concentrer sur le moment présent, décidée à profiter de cette paix à laquelle elle aspirait plus que tout.

Elle lui sourit malicieusement et murmura, consciente de son regard qui la fixait.
— On va les aider ?
Drago fronça les sourcils, réticent.
— Je ne suis pas sûr que...

Hermione soupira.
— Tu as vu que personne n'allait te repousser ou se moquer de toi ici. Alors... quel est le problème, exactement ?
Comme Drago restait silencieux, Hermione ferma les yeux, et secoua la tête tristement.
— Tu n'as pas à te punir.

Drago resta silencieux, ne montrant pas la moindre réaction. Pourtant, son esprit était en ébullition. Il avait envie de hurler, d'attaquer même, pour leur dire à tous de ne pas être si gentils avec lui, pas après ce qu'il avait fait. Il avait envie de secouer Hermione et de lui rappeler toutes les insultes qu'il avait proférées à son égard.
Il aurait dû avoir le courage de la repousser, parce qu'il n'était pas quelqu'un de bien, même si Potter semblait persuadé que Hermione avait besoin de son aide.

Son regard fut attiré par Pattenrond qui allait et venait autour du gigantesque sapin qui venait d'apparaître dans la pièce, tandis que Harry faisait apparaître des décorations multicolores, les lèvres pincées.
Il ne put s'empêcher de sourire en voyant le chat s'élancer soudain et bondir, pour attraper une boule que Harry venait juste d'installer. Le Gryffondor protesta pour la forme, maudissant le chat, mais son regard vert pétillait d'amusement alors que le chat donnait des coups de patte en courant derrière la décoration.

Pattenrond évitait adroitement les différentes personnes, continuant à jouer, craignant visiblement d'être privé de l'objet brillant qu'il avait capturé.
Cependant, les adolescents l'observaient en riant, amusés de ses coups de patte secs et de sa course effrénée pour rattraper la boule, alors qu'il sautait de temps à autre, bondissant comme s'il s'agissait d'une proie.

Drago ne quittait pas le chat des yeux, lorsque celui-ci s'immobilisa soudain, une patte sur la décoration de Noël. Pattenrond croisa le regard du jeune homme et il donna un coup de patte sec et précis, lui envoyant la boule. L'objet roula jusqu'à lui et s'immobilisa à ses pieds.

Pattenrond s'assit tranquillement, fixant le jeune homme, comme s'il l'invitait à jouer avec lui... ou à ramasser la boule pour la remettre dans le sapin.

Hermione gloussa doucement.
— Je t'avais dit que c'était un chat très intelligent.

Drago ramassa la boule et la tourna entre ses mains, fasciné par les éclats lumineux qu'elle renvoyait. Finalement, il murmura, indécis.
— Ça semble trop simple de... juste reprendre ma vie comme ça. Comme si rien ne s'était passé. Je veux dire... j'ai fait des choses dont je ne suis pas fier. J'ai... cette marque sur le bras qui prouve que je n'étais pas du bon côté.

Hermione soupira.
— Justement. Ce n'est pas si simple. Tu ne penses pas que ça serait plus facile si quelqu'un décidait pour toi ? Si tu avais été envoyé à Azkaban, tu ne te poserais pas de questions, Drago. Tu te laisserais peut-être sombrer.
Il ricana, en secouant la tête.
— Tu es en train de me dire qu'être libre est une punition ?

La jeune femme le bouscula, avec un sourire amusé, mais ses yeux chocolat étaient sérieux.
— Pas pour tout le monde, idiot ! Tu vas devoir apprendre à vivre avec tes erreurs. Avec la culpabilité. Tu ne penses pas que c'est une sacrée punition ?
— Je ne comprends pas où tu veux en venir.
— Je t'ai dit que personne ici ne t'en voulait, mais... Mais toi, tu t'en veux n'est-ce pas ? C'est ça qui va être le plus compliqué, pour toi, d'apprendre à te pardonner.

Drago cligna des yeux, mais avant qu'il ne puisse protester, Hermione reprit, doucement.
— Nous aussi, nous avons dû faire des choses dont nous ne sommes pas fiers. Harry s'en veut de ne pas avoir pu sauver sa famille, de ne pas avoir été plus rapide pour l'arrêter. Il était brisé, mais il semblerait qu'il ait trouvé de l'aide.

Drago la fixa et chuchota, incertain.
— Et toi ?
Hermione détourna le regard et haussa les épaules.
— Je vais bien.

Il lui tendit la boule colorée avec un rictus moqueur.
— Bien évidemment.
Hermione l'attrapa en fronçant les sourcils, puis elle pinça les lèvres et se leva pour la rapporter à Harry.

Près de son ami, elle jeta un coup d'œil en direction de Drago, qui n'avait pas bougé, la fixant juste, sans qu'elle puisse deviner ses pensées. Harry laissa échapper un ricanement moqueur.
— Oh oh, je connais ce regard. Tu as l'air sur le point d'exploser de frustration.

Le regard noir d'Hermione ne sembla pas l'effrayer et elle laissa échapper un grognement agacé.
— Je vais bien !

Un éclat de tristesse passa dans le regard vert, et Harry secoua la tête.
— Tu n'es pas obligée de faire semblant avec moi, Hermione.
Elle ouvrit la bouche pour protester, mais il reprit, doucement.
— Depuis qu'on se connaît, tu essaies de toujours tout maîtriser. Ce n'est pas parce que je ne t'ai jamais rien dit que... que je ne me rendais pas compte qu'on se reposait pas mal sur toi avec Ron. Tu étais la plus organisée de nous trois après tout.

Hermione força un rire moqueur en retenant ses larmes.
— Sans moi, vous n'auriez pas rendu un seul devoir en temps et en heure !
Harry hocha la tête, avec un sourire.
— Si ce n'était que pour les devoirs... tu nous as tirés d'affaire plusieurs fois.

Hermione marmonna indistinctement en passant nerveusement la main dans ses cheveux emmêlés, puis elle fit un vague geste de la main.
— Peu importe. Tu vas remettre cette boule dans ton sapin, ou tu comptes rester à l'admirer ?

Harry eut un rire moqueur.
— Il semblerait que les Serpentard aient la capacité de nous rendre fous, nous les Gryffondor, n'est-ce pas ? Pourtant je parie que tu n'imagines pas un seul instant repousser Malefoy.

Les joues d'Hermione prirent une teinte écarlate et elle détourna le regard, visiblement mal à l'aise.