Chapitre 42

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Si leur sortie de la salle sur demande avait été remarquée, leur arrivée en groupe au dîner, rapidement rejoints par Luna, provoqua un lourd silence dans la grande salle.
À la table des professeurs, Minerva McGonagall leur adressa un signe de tête amical, avec un mince sourire. Elle approuvait sans réserve leur envie d'aller de l'avant et de prouver à tous que la guerre était bel et bien terminée. Leur génération avait la lourde tâche de réparer les erreurs de leurs aînés, et tout commençait en oubliant les anciennes querelles...

La nouvelle directrice de Poudlard nota les regards furieux sur la tablée, et pensa distraitement qu'elle devrait faire un petit discours à la rentrée pour rappeler à tous que les Serpentard avaient autant de droits que les autres maisons. Qu'il n'y aurait aucune autorisation de s'en prendre un camarade, quels que soient son nom ou ses erreurs passées.


Hermione nota les regards haineux en direction de Drago ou des autres Serpentard. Cependant, l'ancien Mangemort était la cible première de la haine de leurs camarades.
Voyant ses sourcils froncés, Drago se pencha vers elle, évitant son regard, mal à l'aise.
— Ils n'oublient pas que je suis celui qui a fait entrer les Mangemorts et qui a permis l'assassinat de Dumbledore.

Hermione secoua doucement la tête.
— Et qu'auraient-ils fait à ta place ? S'ils avaient dû choisir entre ça et voir leurs parents tués sous leurs yeux ?

Drago ferma les yeux, le visage crispé. Puis il se reprit et eut un sourire triste, avant de hausser les épaules.
— Demande-leur. Je te parie qu'ils diront que mes parents n'étaient que des criminels méritant de mourir.

Hermione se pencha vers lui, levant la main pour lui frotter doucement le dos.
— Mais ils étaient tes parents et tu les aimes.

Drago grimaça.
— Je voulais sauver ma mère surtout.


Hermione se rembrunit, se souvenant des marques sur le dos de Drago, de sa façon de parler de l'éducation donnée par Lucius Malefoy et de sa canne. Elle l'attira vers elle pour déposer un baiser sur ses lèvres, se moquant bien qu'ils aient un public. Drago avait besoin de réconfort et elle voulait chasser ses démons.

Une vague de murmures traversa la Grande Salle, mais personne n'y prêta attention : ils se doutaient tous que le geste de Hermione en était la cause.

Ils terminèrent de manger tranquillement, avant de se lever, ensemble. Une fois dans le hall, Harry les regarda tous gravement.
— Ne vous promenez pas seuls. Restez par deux au moins, le temps que... qu'ils comprennent.

Drago pinça les lèvres, se retenant de protester, mais le regard inquiet d'Hermione le fit hocher la tête. Il se moquait bien d'être la cible d'attaques, mais l'idée même que la lionne puisse être blessée en tentant de l'aider le remplissait de terreur.
Harry lui lança un coup d'œil complice, comme s'il avait suivi ses pensées. Drago soupira et roula des yeux faisant rire le sauveur — un rire franc et sincère, bien loin d'être moqueur.

Une fois que tout le monde eut acquiescé, Harry attrapa la main de Théo pour l'entraîner à sa suite, le Serpentard souriant à son empressement.
En les voyant filer, Neville gloussa.
— Qui aurait cru voir notre Harry si timide pressé de flirter ?

Hermione sourit à son tour, serrant la main de Drago.
— Il a le droit d'être heureux maintenant. On a tous le droit de l'être...


Harry avait entraîné Théo à l'extérieur, riant comme un gosse lorsqu'il avait découvert la neige recouvrant le parc de Poudlard. Bien que plus réservé, le rire de Théo avait fait écho au sien, parce que la joie du Gryffondor était contagieuse.

Ils avancèrent lentement en direction du lac noir, après que Harry ait lancé un sort pour les réchauffer. Ils se tenaient cependant collés l'un à l'autre, sans avoir besoin de parler.

Au bord de l'eau, Harry soupira puis murmura, un peu incertain.
— J'aime venir ici. Regarder l'eau... c'est apaisant. Quand j'étais furieux, ça m'aidait à ne pas exploser.

Théo le regardait un peu surpris de ces soudaines confidences.
— Pourquoi me dire ça ?
Harry rougit légèrement, mais il avait un léger sourire malicieux.
— Blaise m'a conseillé de faire connaissance avec toi. Vraiment, je veux dire. Alors j'ai pensé que te montrer l'endroit que j'aimais le plus dans Poudlard serait un bon début.

Théo sourit.
— C'est un endroit agréable.
Harry hocha la tête, pensivement.
— Effectivement. Je crois que les mouvements de l'eau sont... un peu hypnotiques. C'était parfait pour... calmer la colère.

Le Serpentard attrapa la main de Harry, enlaçant leurs doigts pour le réconforter.
— Je suis désolé. On... a été plutôt durs avec toi.
Harry gloussa.
— Comme je l'ai dit à Malefoy, nous avons rendu coup pour coup. Nous étions des enfants, ce n'était... que des querelles stupides. Je suppose qu'en grandissant tout sera oublié...

Théo lui jeta un regard en coin, sans répondre, serrant juste un peu plus ses doigts. Puis, il murmura, légèrement hésitant.
— Il m'a fallu quelques années pour découvrir que les étranges animaux que je voyais, ces cheveux squelettiques aux ailes sombres, étaient des sombrals et qu'ils m'apparaissaient parce que j'avais assisté à la mort de ma mère. Ensuite... c'était un réconfort d'aller les voir, à l'orée de la forêt interdite. J'avais l'impression d'être... plus proche d'elle.

Harry eut un sourire hésitant.
— Luna dit que ce sont des animaux bienveillants. Qu'il ne faut pas s'arrêter à leur apparence.

Ils restèrent silencieux, main dans la main. Après un instant, Harry soupira.
— Je ne sais pas comment... je veux dire... Je t'ai toujours trouvé intrigant. Tu étais toujours silencieux, calme, un peu à l'écart et... j'étais curieux. Je ne pensais pas que je pourrais...

Théo lui jeta un regard amusé.
— Drago a raison à propos de ton éloquence, tu sais.
Harry gloussa et sans le lâcher, il lui donna un bref coup d'épaule.
— Très amusant. J'essaie de t'expliquer...

Ils échangèrent un nouveau regard, puis Théo l'attira contre lui, hésitant.
— Peut-être qu'il n'y a rien à expliquer ?
Harry leva un sourcil moqueur.
— Tu veux dire que je devrais me montrer un peu plus Gryffondor ? Plus d'actions et moins de paroles ?

Théo hocha la tête avec un rictus moqueur. Harry, un air décidé sur le visage, l'attira plus près et déposa un baiser sur ses lèvres.


Se reconstruireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant