Chapitre 5

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Neville leva un sourcil amusé et éclata de rire, en secouant la tête.
— On croirait que tu parles d'un compagnon qui aurait une maîtresse...

Hermione roula des yeux, avant de grimacer, un peu butée.
— C'est mon chat.

En voyant le regard narquois de Neville, elle ne put s'empêcher de sourire, se décrispant doucement.
— OK. Ça a l'air stupide, mais... je ne veux pas le perdre lui aussi. Tu comprends ? Il est avec moi, mais imagine qu'il trouve un autre maître ? Qu'il préfère quelqu'un d'autre ?

Énoncer ses angoisses à voix haute la fit frissonner et Neville lui pressa doucement l'épaule.
— Pour l'instant, il est avec toi, sur tes genoux. Et il n'a pas l'air gêné que tu le caresses. Il me semble même plutôt apprécier, non ?

Hermione cligna fébrilement des yeux pour chasser les larmes qui s'apprêtaient à couler avant de murmurer, vulnérable.
— Je sais. Mais s'il partait quand même ? Après tout, je l'ai laissé pendant presque une année... Et maintenant, il disparaît pendant des heures et quand il revient, il sent... une odeur différente. Un parfum masculin. Il pourrait choisir un autre maître ?

Neville la fixa dans les yeux.
— Tu as pensé qu'il est un chat, et que peut-être il se faufile dans un dortoir de garçon pour se coucher dans un lit ? Tu te souviens le nombre de fois où Harry l'a retrouvé dans son lit en boule sur son oreiller ?


Hermione eut un rire amusé bien qu'un peu étranglé et elle hocha la tête alors qu'une larme roulait sur sa joue.
— Oh oui ! Ça rendait Ron réellement fou de rage ! Il accusait mon chat de... mettre le désordre dans ses affaires. Alors qu'il est tellement bordélique !

Neville l'attira dans ses bras maladroitement et lui tapota le dos, rougissant un peu, mais souriant.
— Ne t'en fais pas. C'est ton chat. Il est comme toi, Hermione, toujours prêt à aider. Peut-être qu'il veut juste réconforter quelqu'un qui en a besoin ?


Hermione s'essuya les joues, avec un sourire un peu tremblant.
— Merci Neville. Tu as raison. C'est totalement stupide de ma part...
Elle reporta son attention sur Pattenrond, lui gratouillant la tête. Comme s'il comprenait ses peurs, le gros chat orange donna un coup de tête contre sa main, en ronronnant un peu plus fort. Elle lui sourit, rassurée. C'était son chat, Neville avait raison.
La jeune fille murmura, en continuant de lui gratter la zone entre les oreilles — son endroit préféré.
— Tu sais quoi ? Pour m'excuser d'avoir douté de toi, je vais te commander tes friandises préférées. Au moins plusieurs paquets.

Rien ne changea dans leur routine. Hermione continuait de travailler avec sérieux, égale à elle-même, se plongeant dans ses révisions avec un sérieux frisant l'obsession. Elle continuait aussi de tendre la main aux Serpentard comme l'ensemble des Gryffondor de la huitième année, au point d'avoir pu tenir une conversation civilisée et intéressante avec Théodore Nott, et d'avoir réussi à enterrer la hache de guerre avec Pansy Parkinson.

Chaque soir, Pattenrond réapparaissait dès qu'elle terminait ses devoirs, comme s'il savait qu'elle ne pourrait pas lui donner d'attention avant.
Il avait toujours ce parfum étranger sur lui, mais elle s'y était habituée, commençant même à le trouver agréable et plaisant. Après tout, elle n'avait jamais perdu l'habitude de plonger son visage dans la fourrure de son chat adoré. Elle s'était finalement rangée à l'avis de Neville : peut-être que son chat avait trouvé un lit confortable, quelque part dans Poudlard et il se vautrait certainement dans les vêtements d'un élève ou d'un professeur qui devait enrager de retrouver de longs poils oranges sur ses vêtements.


Noël arrivait tout doucement, alors que le froid tombait sur l'Écosse. Cette année, Hermione serait seule. Elle n'irait pas au Terrier et elle n'avait plus de parents. Harry ne lui avait pas donné de nouvelles depuis quelques semaines, probablement trop occupé par sa formation d'Auror, aussi elle ne comptait pas prendre l'initiative d'aller le rejoindre square Grimmaud sans invitation.
Si pendant les cours les disparitions de Pattenrond étaient discrètes, dès le premier jour de vacances, elle se rendit compte à quel point il lui manquait quand il partait de longues heures.
Dès le second jour, agacée et inquiète, elle arpenta les couloirs, espérant le croiser. Puis, elle explora le parc, sentant la première neige crisser sous ses pas, frissonnant légèrement, le nez rougi par le froid.


Elle tenta d'oublier l'absence de son chat en se réfugiant à la bibliothèque, essayant de lire pour s'occuper l'esprit, mais elle se rendit rapidement compte qu'elle n'arrivait pas à se concentrer sur les lignes imprimées. Après plusieurs longues minutes à fixer la même page, elle ferma le lourd volume avec un claquement sec et un soupir agacé, les sourcils froncés.

Nott la fit presque sursauter en arrivant près d'elle, un peu hésitant.
— Tu as un problème ?
Comme toujours, il parlait doucement, timide à l'extrême. Il était le plus discret des Serpentard — et le plus studieux également — et Hermione était ravie de le voir sortir un peu de sa coquille en osant lui parler. Elle plissa le nez, montrant sa frustration, et lui sourit amicalement.
— Tout va bien, Théo. Juste quelques soucis de concentration.
Voyant qu'elle lui faisait signe de s'installer, il regarda autour de lui — comme s'il doutait pouvoir s'approcher d'elle aussi simplement — et finit par s'asseoir.
Il leva un sourcil légèrement moqueur, avec un demi-sourire.
— Toi, peiner à te concentrer ? C'est... inhabituel.

Hermione gloussa légèrement, avant de hausser les épaules.
— Probablement parce que j'ai trop de choses dans la tête en ce moment.

Théo hocha légèrement la tête, restant silencieux. Il n'était pas bavard généralement et Hermione appréciait s'installer près de lui pour travailler.
Avec un sourire un peu forcé, la jeune fille s'enquit soudain.
— Vous restez tous à Poudlard pour Noël ? Enfin, tous les Serpentard de notre année, je veux dire...

Théo se rembrunit et baissa la tête, triturant le bas de sa cravate nerveusement.
— Nos parents sont... à Azkaban, et passer Noël dans une maison vide n'est pas forcément agréable. Rien ne nous attend à l'extérieur, au moins, ici nous serons ensemble.

Hermione plaqua la main sur sa bouche, les yeux écarquillés.
— Je suis désolée ! Je n'avais pas pensé... Je m'excuse, vraiment, c'était maladroit.


Se reconstruireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant