Chapitre 19

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Ils s'affrontèrent du regard un instant, puis la colère de Drago retomba comme un soufflé. Il soupira.
— C'est ridicule.
Hermione haussa juste les épaules, sans chercher à polémiquer. Après un bref instant, Drago finit par murmurer, désabusé.
— Tu devrais... aller retrouver tes amis.


Face à sa réflexion pleine de tristesse, Hermione se tendit. Pendant quelques minutes, alors qu'ils discutaient, Drago avait semblé revenir à la vie. Il avait perdu son apathie pour s'animer, lui répondre.

Bien sûr, elle savait qu'il faudrait du temps pour que le jeune homme oublie ses démons. Cependant, elle avait espéré lui offrir un peu de répit ou un peu d'espoir. Elle avait espéré qu'il ne la repousserait pas, qu'elle pourrait rester près de lui.
Elle chuchota, incertaine, en essayant d'accrocher son regard.
— Tu veux que je parte ?

Tête baissée, rabattant sa manche pour cacher son avant-bras, Drago marmonna, le ton dur.
— Oui. C'est mieux pour tout le monde.


Hermione hésita avant de soupirer. S'il y avait une chose dont elle était certaine, c'était que Drago Malefoy était aussi têtu et buté que Harry Potter. Il ne changerait pas d'avis et mieux valait qu'elle le laisse pour éviter de le braquer contre elle.

Elle se leva en se mordillant la lèvre. Avant de s'éloigner, elle posa la main sur l'épaule de Drago et la pressa doucement, comme pour lui rappeler qu'elle ne voulait pas l'abandonner. Ou qu'il n'était pas un pestiféré.
Ou alors... Juste pour s'assurer qu'il était bien là, qu'il était réel, qu'elle n'avait pas imaginé leur conversation.

Il sursauta au contact, mais il ne chercha pas à se dégager. Il ne leva pas la tête vers elle non plus, mais il exhala un léger soupir lui laissant penser qu'il appréciait son initiative.

Elle jeta un regard à Pattenrond qui s'était un peu éloigné et faisait tranquillement sa toilette dans un coin sombre. Le chat s'étira et la fixa tranquillement. Ses yeux apparurent phosphorescents dans un rayon de lumière, lui donnant un air presque surnaturel.
Hermione eut l'impression qu'ils se comprenaient en cet instant. Elle espérait que l'animal veillerait sur Drago et le gros chat orange semblait acquiescer, comme si c'était une évidence.

Elle lui sourit tendrement et le chat bailla avant de se coucher au sol, ses pattes ramassées sous lui, clignant paresseusement des yeux. Elle était certaine que Pattenrond allait rester près de Drago et qu'il le suivrait pour s'assurer qu'il aille bien.

Elle quitta la tour d'astronomie, perdue dans ses pensées. La jeune fille n'avait pas conscience de l'image qu'elle donnait en cet instant. Épaules basses, yeux rouges et mine triste, elle était la personnification du désespoir.

Hermétique à tout ce qui l'entourait, elle ne fit même pas attention aux élèves qu'elle croisait. Si la plupart de ses condisciples lui jetèrent à peine un regard, l'un d'entre eux la dévisagea avec attention, les lèvres pincées, l'air furieux.


Harry était dans la salle commune avec Neville, Seamus et Dean. Pendant que Seamus et Dean jouaient aux échecs sous l'œil amusé de Neville, Harry était étalé sur un sofa, lisant distraitement un livre, détendu.
Elle se précipita contre lui et Harry l'enlaça aussitôt, inquiet.
— Hermione ?
Elle lui offrit un pauvre sourire et elle haussa les épaules, ravalant ses larmes.
— Ça va. Juste... Je crois que je suis fatiguée.

Harry la dévisagea longuement, puis il acquiesça et il la garda contre lui sans un mot, reprenant sa lecture. Hermione sourit tendrement, se demandant depuis quand Harry était devenu si perspicace. Il semblait avoir vu qu'elle allait bien, qu'elle était juste... émue et perturbée. Elle avait juste besoin d'un peu de temps et de tendresse.


La jeune fille somnola un long moment dans les bras de son meilleur ami. Harry ne bougea pas, continuant de lire, appréciant la présence d'Hermione contre lui. La jeune fille n'avait pas pour habitude de passer son temps à somnoler de cette façon, mais en cet instant, les révisions et les devoirs étaient bien loin de ses pensées. Elle profitait juste d'un moment de paix, savourant la quiétude, avec l'impression d'être enfin en sécurité.
Harry ignora les regards furieux de Ginny, qui s'imaginait sûrement un rapprochement romantique entre eux. Il n'avait pas d'explications à lui fournir, même si elle était la petite sœur de son meilleur ami.

À un moment, Neville s'installa face à eux, et discuta avec Harry à voix basse, inquiet pour Hermione.
Leurs murmures finirent par la réveiller complètement et elle s'étira en bâillant. Elle se sentait mieux même si elle se doutait que sa tristesse devait se lire sur son visage.

Elle se redressa, forçant un sourire sur son visage et elle adopta un ton enjoué qui ne trompa personne.
— Je crois que j'étais épuisée ! C'est bientôt l'heure du dîner, non ?
Neville hésita avant d'acquiescer, la dévisageant avec attention. Harry soupira et se leva d'un bond, abandonnant son livre sur le sofa et enlaça les épaules de Hermione, lui adressant un large sourire.
— Allons-y !

Le dîner se déroula en silence alors que Harry avait une fois de plus choisi de s'installer à la table des verts et argent. Hermione ne pouvait pas s'empêcher de fixer la place de Drago, une fois de plus absent. Elle remuait la nourriture dans son assiette plus qu'elle ne mangeait et elle était plutôt distraite, ne faisant pas attention aux conversations autour d'elle.
Quand Drago arriva enfin, elle souffla doucement de soulagement. Elle eut du mal à détacher son regard de lui, mais il gardait la tête baissée, silencieux.
Il se servit en petites quantités, bien loin de ce qu'il aurait dû manger et il ne répondit à aucune sollicitation. Il semblait juste perdu, ailleurs.

Mal à l'aise, Hermione hésita à quitter la table du repas en avance, mais Harry faisait de gros efforts pour l'inclure dans le débat qu'il venait de lancer avec Blaise Zabini et Théo Nott au sujet des cours d'Histoire de la Magie — encore et toujours dispensés par Binns, répétant encore et toujours les guerres gobelines.
Elle resta donc à sa place, mais elle ne répondait que par monosyllabes, peinant à se concentrer et à s'intéresser au sujet, alors qu'à peine quelques mois plus tôt elle aurait été intarissable.

Dès la dernière bouchée de sa maigre portion avalée, Drago quitta la table, toujours sans un mot, toujours sans un regard. Blaise soupira avant de marmonner, agacé, en secouant la tête.
— Je vais lui coller du philtre d'allégresse dans son jus de citrouille s'il ne fait pas d'efforts !

Se reconstruireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant