Se reconstruire

Chapitre 13

Hermione aurait probablement pu rester des heures à fixer le vide, remuée par ce qui venait de se passer, quand Pattenrond miaula et se frotta contre ses jambes, la tirant de son apathie.
La jeune fille laissa échapper un rire étranglé, alors que les larmes coulaient sur ses joues.
— Tu vas continuer à l'aider, hein ? Oh, mon Pattenrond, ce n'est pas un paquet de friandises que je vais commander pour toi, c'est un carton au moins !

En voyant l'air satisfait et supérieur de son chat, Hermione ne put s'empêcher de rire au travers de ses larmes et elle se baissa pour le câliner, plongeant son visage dans la fourrure orange.
Personne n'avait voulu de ce chat trop laid à l'animalerie, et aujourd'hui elle s'en réjouissait. Grâce à ceux qui s'étaient arrêtés à son apparence, ils étaient passés à côté de l'animal le plus intelligent et le plus formidable qui soit.

Elle frotta son visage nerveusement, puis se redressa.
— Allons vérifier que Harry ne s'est pas attiré des ennuis... ou qu'il n'a pas inventé une nouvelle façon de me rendre dingue. Lorsqu'il a cet air satisfait, on peut être certain qu'il a eu une idée géniale qui lui fera briser le règlement encore et encore.

Patterond miaula d'un air hautain comme pour approuver et suivit Hermione lorsque cette dernière quitta les toilettes du troisième étage, la queue dressée et ondulant à chaque pas.

Lorsqu'elle arriva dans la salle commune de Gryffondor, Pattenrond avait disparu en chemin et Harry était sagement installé, feuilletant un magazine. Elle se laissa tomber près de lui avec un soupir, et Harry l'enlaça immédiatement, inquiet.

— Hermione ? Qu'est-ce qui se passe ?

Incapable de répondre sans se mettre à pleurer, elle haussa les épaules, et se laissa aller contre lui en fermant les yeux.
L'étreinte de son ami l'apaisa, lui rappelant les moments de bonheur qu'ils avaient réussi à arracher en plein milieu de la guerre, lorsqu'ils étaient seuls dans la tente, fuyant et tentant d'accomplir leur mission. Leur amitié avait été un repère, ce à quoi ils s'étaient accrochés. Une oasis de paix au milieu du chaos.
Elle soupira et finit par murmurer.
— Je pensais qu'une fois la guerre terminée, tout irait mieux.

Harry resta silencieux un long moment, puis il la serra un peu plus contre lui avec un soupir.
— Je sais. Je croyais aussi.
La jeune femme marmonna, un peu boudeuse.
— Comment tu fais Harry ? Tu as l'air de...
— D'accepter ?
— J'allais dire d'aller mieux...
Il laissa échapper un léger rire et Hermione sourit malgré elle. Elle n'avait pas souvent eu l'occasion d'entendre le rire de Harry ces dernières années et ça lui avait manqué. Maintenant, elle se souvenait de leurs premières années et du garçon joyeux qu'il était à l'époque, toujours rieur.
Harry soupira une fois de plus, puis il murmura calmement.
— J'allais mal. Juste après la fin de tout ça. Je n'arrivais plus à dormir, je... J'étais amer et agressif. Je me perdais moi-même.

Dans ses bras, indifférente aux regards de leurs camarades qui les épiaient, Hermione se tendit, inquiète.
— Mais tu vas mieux ?
Harry laissa échapper un rire amusé.
— Bien mieux. Andromeda m'a beaucoup aidé. J'ai passé du temps avec Teddy aussi. J'ai fini par... accepter, pour aller de l'avant. Ça n'a pas été simple, mais... c'était le seul moyen d'avoir un avenir.
— Accepter quoi ?
— Que tout n'avait pas été réglé, que je ne pouvais pas... espérer tout changer d'un coup. Que j'avais fait de mon mieux également, et que j'avais le droit de vivre.

Hermione fronça les sourcils, mais Harry poursuivit sans lui laisser le temps de protester.
— J'ai appris à... penser à moi en premier, puis à faire ce que je peux pour me sentir bien. Andromeda m'a demandé ce que je voulais pour Teddy, pour son avenir. Ensuite, elle m'a suggéré de l'appliquer pour moi-même, en mémoire de mes parents, de mon parrain et de Rémus. Parce qu'ils auraient tout fait pour que je sois heureux et libre.

Cette fois, Hermione sursauta et se retourna pour fixer son meilleur ami. Son regard émeraude brillait de malice et effectivement il semblait apaisé. Elle lui sourit.
— Et comment arrives-tu à ne pas te jeter au-devant des ennuis, Harry ?
Le sourire de Harry s'élargit et il baissa la voix, passant du murmure au chuchotement, à peine audible.
— Andromeda m'a suggéré d'utiliser ma part Serpentard pour agir. Et de choisir mes combats, bien évidemment. C'est une femme redoutable...
Yeux écarquillés, la jeune femme réagit aussitôt, sans pour autant élever la voix.
— Serpentard ? Mais tu es un Gryffondor !

La lueur qui passa dans le regard vert fit hésiter Hermione et elle plissa les yeux, essayant de deviner ce qui passait dans la tête de Harry. Finalement, celui-ci avoua, toujours dans un souffle.
— Le Choixpeau voulait m'envoyer à Serpentard, mais Ron venait de me dire que c'était la maison de celui qui avait tué mes parents. Je... J'ai supplié de ne pas y être réparti et... me voici à Gryffondor.

Hermione aurait peut-être dû être surprise ou choquée. Mais elle secoua juste la tête avec un sourire amusé. S'il y avait quelqu'un capable de bouleverser les règles établies, c'était bien Harry...
Elle posa la tête sur l'épaule de Harry, avec un rire léger. Il lui avait fait oublier un instant ses peurs et ses soucis, et elle se sentait bien mieux, presque apaisée.

Ils restèrent enlacés un long moment, Hermione somnolant légèrement, profitant de l'étreinte réconfortante de son meilleur ami. Ses soucis se diluaient doucement dans ce câlin fraternel. Après un moment, Harry lui demanda avec douceur.
— Alors, maintenant que tu as l'air d'aller mieux... je peux savoir ce qui t'a mis dans cet état ?

Hermione se mordilla la lèvre, puis souffla, le cœur serré.
— C'est Drago... Malefoy. Il va vraiment mal, tu sais.

Harry resta silencieux, attendant qu'elle continue, lui laissant le temps dont elle avait besoin. Elle reprit, dans un murmure, serrant un peu plus Harry dans ses bras.
— Je l'ai trouvé dans les toilettes de Mimi. Il... Il était perdu, totalement désespéré. J'ai cru que je ne parviendrai pas à l'atteindre... à le ramener à la réalité.
— Tu veux vraiment l'aider, hein ?

Hermione se tendit, les sourcils froncés.
— Bien sûr ! Pas toi ?