L'idée qu'Hermione Granger, la sage Gryffondor, puisse perdre le contrôle de ses nerfs et qu'elle en vienne à lui jeter un sort pour le déshabiller de force le fit sourire, alors qu'il oubliait un instant ce qui venait de se produire. Cependant, il n'était pas assez aventureux pour la pousser réellement à bout. Il la savait effrayante et il se souvenait parfaitement du jour où elle l'avait frappé. Ça avait été aussi douloureux qu'humiliant.
Par pure provocation, parce qu'il se rendit compte qu'il aimait voir ses yeux s'enflammer devant lui, il prit son temps pour ôter son pull, grimaçant lorsqu'il dût lever les bras. Puis, il déboutonna sa chemise, bouton après bouton, sans la quitter des yeux, avec un sourire en coin, moqueur.Deux tâches écarlates coloraient les joues de Hermione et Drago mourrait d'envie de poser la main à cet endroit pour en tester la chaleur. Elle semblait prête à se consumer, mais pourtant, elle ne détournait pas le regard et sa volonté ne vacilla pas.
Il était si fasciné par sa détermination, par sa force, qu'il ne prononça pas le moindre mot, incapable de la quitter des yeux.
Arrivé au dernier bouton, il écarta les pans de sa chemise blanche avec un soupir, exposant son torse pâle.Sa peau commençait à bleuir à certains endroits au milieu des traces de coups marbrant sa peau de rouge. D'ici quelques heures, son torse afficherait une gamme de couleurs impressionnante et il serait quelques jours à devoir faire attention à ses mouvements s'il ne voulait pas trop souffrir.
Drago avait connu bien pire, en termes de passage à tabac et il eut un sourire désabusé avec un léger haussement d'épaules.
— Tu vois ? Rien de grave.Cependant, Hermione fouillait déjà le sac en bandoulière qu'elle ne quittait jamais, enfonçant le bras jusqu'à l'épaule. Drago secoua la tête avec un grognement, comprenant qu'elle avait dû l'ensorceler pour y fourrer tout ce qu'elle jugeait utile.
— Bon sang, mais qu'est-ce que tu trimballes là-dedans ?
Elle marmonna, les sourcils froncés, concentrée à attraper l'objet qu'elle cherchait.
— Tout ce qui peut servir en cas d'urgence. Je l'ai toujours avec moi...Drago n'eut pas besoin de plus pour comprendre que c'était un réflexe qu'elle devait à la guerre, un de plus. Il était même prêt à parier que son sac était sous son oreiller la nuit, avec sa baguette. Juste au cas où...
Après un long moment, elle émit une exclamation victorieuse et tira un petit pot opaque qu'elle ouvrit vivement.
Il reconnut l'odeur familière d'un baume pour les coups et il n'eut pas le temps de réagir que Hermione s'était déjà avancé et que sa main tremblante s'avançait vers sa peau marquée.
Il avait eu l'intention de lui dire que ce n'était pas nécessaire, mais face à son air déterminé, il préféra rester silencieux. Aussi, le jeune homme resta totalement immobile, se contentant de l'observer attentivement.En silence, elle recouvrit chaque blessure à l'aide du baume. Puis, elle soupira et murmura, la voix un peu tremblante, mais toujours d'un ton sans appel.
— Tu devrais enlever ta chemise. Pour ton dos.Drago se retourna sans protester, non sans avoir levé les yeux au ciel. C'était probablement de la faiblesse de sa part, mais personne ne s'était inquiété pour lui de cette façon, personne n'avait pris soin de lui depuis des années. C'était agréable de se laisser faire, surtout en sachant qu'elle ne demanderait rien en échange. Il laissa glisser sa chemise après une légère hésitation, un peu gêné de s'exposer torse nu même si Hermione avait déjà vu la marque sur son bras.
Lorsqu'elle vit son dos, elle émit un léger hoquet, vite réprimé. Il savait parfaitement ce qui avait provoqué ça, il savait que la canne de son père avait laissé des marques visibles et indélébiles. Ce n'était pourtant pas aussi mauvais qu'elle le pensait : si son père avait toujours été un homme dur, lorsqu'il était petit il se contentait d'abattre le pommeau en argent sur ses doigts. Les coups de cannes étaient venus bien plus tard, après le retour de celui qu'il nommait Maître, lorsqu'il l'avait puni d'avoir échoué, d'avoir laissé Severus tuer Dumbledore à sa place. Avec le recul, Drago pensait que c'était un faible prix à payer pour ne pas avoir sali son âme irrémédiablement...
Il savait la Gryffondor terriblement curieuse et il s'attendait presque à des questions sur ce qui lui était arrivé. Cependant, elle resta étrangement calme, se contentant de le soigner avec douceur, ses doigts chauds caressant sa peau sans la moindre crainte. Drago ferma les yeux et se détendit, probablement pour la première fois depuis bien longtemps. Il en venait presque à remercier l'idiot qui l'avait attaqué et il était prêt à subir encore et encore la même chose s'il avait droit à ce genre de soins en suivant. À condition que ce soit Hermione son infirmière personnelle... mais ça il ne l'avouerait pas, même sous la torture.
Avant de le laisser se rhabiller, Hermione soigna ses bras également. Drago la regarda poser ses mains sur la marque des ténèbres sans la moindre réaction, comme si cette trace infâme n'avait pas la moindre importance à ses yeux. Il déglutit, la gorge nouée, envahi d'une émotion qu'il n'arrivait pas à définir. Il ne comprenait pas comment elle pouvait s'occuper de lui de cette façon après la façon dont il l'avait traité toutes ces années. Si elle avait été une Serpentard, il aurait pu supposer qu'elle préparait une vengeance, et que ses attentions ne servaient qu'à endormir sa méfiance. Mais Hermione Granger aussi intelligente et rusée soit-elle était incapable de duplicité. Il savait qu'elle était entièrement sincère dans ses actes.
La jeune fille referma posément son pot et le laissa retomber dans son sac, puis elle ramassa sa chemise pour l'aider à l'enfiler de nouveau. Elle évitait son regard, les joues toujours rouges, mais elle ne semblait pas avoir la moindre hésitation à le toucher ou à être près de lui.
Il la fixait, le front plissé, essayant de comprendre pour quelle raison elle agissait de cette façon avec lui. Comme s'il était un ami. Comme s'il ne la dégoûtait pas.
Face à son silence et à son immobilité, Hermione commença à refermer chaque bouton, un par un, sans se rendre compte de l'intimité de son geste. Elle ne semblait pas se rendre compte non plus du souffle haché de Drago, alors qu'il la fixait, fasciné.
Elle arrivait presque au dernier bouton quand la porte s'ouvrit d'un coup et fit voler en éclat leur bulle paisible.
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Se reconstruire
FanfictionLa guerre est terminée. Cependant, elle a laissé des traces chez la plupart des étudiants, de retour à Poudlard pour une dernière année. Coincé entre leur peur du passé et l'attente de leur avenir, ils vont devoir réapprendre à vivre, tout simplemen...