Chapitre 32

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Déstabilisée par la soudaine froideur de Drago et son ton tranchant, elle bégaya avant de murmurer, interloquée.
— Mais enfin... de quoi tu parles ?

Il eut un rire moqueur, un peu forcé, le genre de rire qu'il avait autrefois quand il était encore l'idiot prétentieux qu'elle haïssait. Elle se tendit, prête à riposter à n'importe quelle insulte, refusant de le laisser l'humilier. Puis il grogna avec un reniflement agacé.
— Par quoi commencer dans ton petit programme ? Fonder une famille ? C'est ça ? Crois-tu que quelqu'un s'intéressera à moi désormais ? Avec la marque que j'ai sur le bras et mon nom... Au pire, je serais le petit secret honteux, l'amant qui doit rester caché pour ne pas entacher le nom d'une famille honorable !

Hermione ouvrit la bouche pour protester, horrifiée qu'il puisse penser ça de lui-même, mais Drago ne lui en laissa pas le loisir. Il reprit immédiatement, avec toujours cette amertume.
— Ensuite... tu parlais de trouver un travail ? Bonne idée, évidemment, surtout qu'il y a le risque que le Ministère décide de faire main basse sur mon héritage en compensation de... ma liberté. Sauf qu'une fois encore, la marque que j'ai sur le bras me ferme toutes les portes. Crois-tu que quiconque me prendra en apprentissage pour me former, au risque de s'attirer les foudres de la population ? Je ne parle même pas d'un éventuel poste au ministère, sauf si c'est pour m'humilier ! Ne me parle même pas de devenir professeur comme Rogue l'était, parce que personne ne voudra confier sa précieuse progéniture à un Malefoy !

Haletant, il se tut enfin, et Hermione lui laissa quelques secondes pour reprendre sa respiration avant d'objecter avec douceur, essayant de ravaler les larmes qui étaient prêtes à déborder de ses yeux.
— Nous tous qui sommes ici, nous te voyons toi et pas la marque sur ton bras. Nous savons qui tu es réellement. Et même si ça semble... difficile à croire, les gens finiront par oublier tes erreurs. Ils verront que tu es quelqu'un de bien, Drago.

À tâtons, Hermione localisa Drago et l'attira contre elle. Il essaya de résister, mais elle était déterminée. Lorsqu'il se laissa finalement faire, il murmura, la voix brisée.
— Ne me fais pas espérer ce que je n'aurais jamais...

La poitrine de Hermione se serra, alors qu'elle se rendait compte à quel point Drago était brisé. Il pensait réellement qu'il n'avait pas d'avenir et qu'il serait condamné à expier encore et encore.
Grâce aux lucioles lumineuses de Harry, elle distinguait la silhouette de Drago, regrettant de ne pas pouvoir lire ses expressions. Cependant, elle en profita pour passer ses mains sur ses joues, avec douceur.

Drago resta sans réactions. Hermione réagit instinctivement, se laissant guider par ses sentiments. Elle s'approcha de lui, lentement pour ne pas lui faire peur, jusqu'à poser ses lèvres sur les siennes en douceur.

Il resta figé, retenant son souffle alors que leurs lèvres se pressaient sagement. Puis, Hermione recula, légèrement haletante. Le cœur battant, elle laissa passer quelques secondes, craignant que Drago ne s'écarte d'elle.
Elle soupira, son souffle caressant le visage du jeune homme alors qu'elle restait si près de lui qu'elle sentait la chaleur de son visage. Puis, elle avança de nouveau, lentement toujours, tremblante, mais avec une pointe d'excitation.

Juste avant de l'embrasser une fois encore, elle passa nerveusement sa langue sur ses lèvres, puis elle combla l'espace qui les séparait.
Cette fois, Drago laissa échapper un léger gémissement rauque, tendu, mais restant totalement immobile, laissant Hermione mener leur échange. S'enhardissant, Hermione leva la main et toucha les cheveux de Drago, lentement, appréciant leur douceur, avant de glisser sur sa tempe puis sur sa joue. La main curieuse glissa dans son cou pour l'enlacer, alors qu'elle picorait sa bouche de baisers, profitant de l'obscurité pour masquer sa gêne et ses joues probablement écarlates.
Son autre main agrippa l'épaule de Drago, et il réagit enfin. Elle sentait ses muscles tendus, crispés au point de le faire trembler. En sentant la main d'Hermione presser son épaule, il lâcha enfin prise et il caressa sa joue d'une main, tout en emmêlant l'autre main dans ses cheveux fous, indomptables.

Hermione haleta puis elle se laissa aller contre lui, se détendant d'un coup. Sa reddition fit gémir une fois de plus Drago et il l'embrassa à son tour. Il prit possession de sa bouche avec urgence en la tenant serrée contre lui, la touchant comme pour s'assurer qu'elle n'était pas une illusion ou un rêve.

Lorsqu'ils s'écartèrent l'un de l'autre, à bout de souffle, Drago sembla prendre conscience de ce qu'il venait de faire et Hermione le sentit se tendre, prêt à fuir.

La jeune femme dut faire appel à tout le courage propre à sa maison pour s'avancer vers lui. Après une légère hésitation, elle se coula dans ses bras, laissant échapper un soupir en collant son oreille contre sa poitrine, écoutant son cœur battre anarchiquement.
La respiration de Drago se coupa un bref instant et il reprit son souffle avec peine, puis lentement, il l'entoura de ses bras.

Hermione ferma un instant les yeux, se sentant soudain à sa place. C'était étrange de se dire que la personne qui arrivait à apaiser ses craintes était Drago Malefoy, le garçon qu'elle avait un jour frappé après l'insulte de trop.
Mais ils avaient grandi, ils avaient mûri, et elle savait qu'il pourrait la comprendre. Il pourrait comprendre ses peurs, ses hésitations. Drago avait les mêmes et ils pourraient bien se guérir l'un l'autre finalement.

Elle le serra un peu plus contre elle, avec un soupir satisfait, et un léger sourire naquit sur ses lèvres. Elle se doutait qu'au matin Drago tenterait de la fuir. Il arriverait probablement à se convaincre qu'il ne méritait pas le pardon ou n'importe quelle autre raison stupide pour la repousser.
Cependant, elle était têtue. Terriblement têtue. Hermione avait grandi avec deux Gryffondor butés et elle avait appris à leur tenir tête, à s'imposer et à les forcer à la suivre quand c'était nécessaire. Alors apprivoiser Drago Malefoy ne lui faisait pas peur...

Elle sentait le souffle haché de Drago, son étreinte hésitante et elle s'écarta un bref instant pour l'embrasser une fois encore, tendrement.


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