Chapitre 44

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Face à l'inaction de Drago, le jeune Crivey sembla devenir fou de rage. Il se mit à lancer des sorts, de plus en plus offensifs, montrant une puissance insoupçonnée chez quelqu'un d'aussi frêle et discret. Bien qu'il soit un élève studieux, le jeune garçon n'avait jamais montré autant de puissance, comme si sa folie soudaine avait décuplé ses facultés.
Hermione le contrait habilement, tandis que Drago faisait en sorte de protéger la jeune fille d'un bouclier aussi solide que possible.

Cependant, les sorts de Crivey étaient alimentés par la haine, par une haine qu'il avait soigneusement entretenue depuis la rentrée, depuis qu'il avait vu les Serpentard revenir et être pardonnés comme s'ils n'avaient commis aucune faute. Il voulait blesser, aussi bien Drago pour la marque sur son bras que Hermione pour ce qu'il estimait être une trahison envers la mémoire de son frère — ce frère qui avait tant admiré Harry Potter et ses amis...
À l'inverse, Hermione tentait de ne pas le blesser, essayant juste de le désarmer ou de l'immobiliser. En temps normal, la jeune fille n'aurait eu aucun mal à avoir le dessus sur le garçon, elle était à la fois plus puissante et plus aguerrie. Ses hésitations cependant la desservaient et Dennis Crivey gagnait du terrain peu à peu, lançant des sorts à pleine puissance sans se soucier de leur trajectoire.


Drago reçut un autre sort de découpe en poussant Hermione pour la mettre à l'abri, dans la cuisse cette fois, et il tituba. La peur envahit Hermione, alors qu'elle oubliait que la guerre était terminée et que Dennis Crivey n'était pas un Mangemort. Sa conscience s'effaça pour laisser place à la combattante, répliquant aux sorts sans la moindre hésitation, protégeant Drago, bougeant à l'instinct.

Il y eut des cris et des exclamations autour d'eux et Drago soupira de soulagement en comprenant qu'ils n'étaient plus seuls. Il agrippa le poignet libre d'Hermione, l'appelant d'une voix rendue faible par la perte de sang.
Cette dernière eut une hésitation, clignant des yeux, et Drago mobilisa ses dernières forces pour faire apparaître un bouclier. Une fois Crivey immobilisé par les professeurs qui étaient venus à leur secours, Drago se laissa aller contre le mur, au bord de la perte de conscience, se sentant terriblement faible et vulnérable.

Le Serpentard n'avait pas l'âme d'un martyr et la seule raison pour laquelle il n'avait pas cherché à se défendre était qu'il serait envoyé à Azkaban si une seule personne venait à douter de sa bonne foi. Après son comportement depuis son arrivée à Poudlard et la marque sur son bras, il se savait en sursis. Quelques semaines plus tôt encore, il aurait laissé Crivey le blesser grièvement ou il aurait riposté sans état d'âme, puisqu'il estimait ne pas avoir d'avenir.

Il sentit Hermione le soutenir, et il grogna légèrement alors qu'une voix sermonnait vertement leur agresseur, parlant d'Aurors et de renvoi.
Avec un soupir, Drago se laissa glisser pour s'asseoir, grimaçant à la brûlure des coupures qu'il avait reçues.

Harry et Théo rentraient tranquillement dans Poudlard lorsqu'il y eut des cris et de l'agitation. Ils échangèrent un regard inquiet et Harry ferma les yeux avec un grognement agacé. Le jeune homme leva sa baguette et envoya son patronus.
— Ron devait passer voir la boutique que son frère va ouvrir à Pré au lard aujourd'hui, pour sa nouvelle boutique. Je suppose que quelqu'un a fini par s'attaquer à Hermione et Malefoy...

Puis, l'air sombre, il suivit le mouvement. Théo murmura, hésitant.
— Weasley n'est pas un grand fan de Drago, surtout s'il se rend compte qu'il est... proche de Hermione.
Harry sourit sans répondre, n'ayant pas vraiment l'air inquiet. Théo haussa les épaules et le suivit, inquiet des cris et exclamations qu'ils entendaient.


En voyant Hermione et Drago en mauvaise posture, Harry se tendit et serra les poings, furieux. Sa magie se fit étouffante et Théo l'attira contre lui, passant son bras autour de sa taille pour le retenir et l'empêcher de semer le chaos un peu plus.
MacGonagall incendiait le jeune Gryffondor blond ligoté, sans même reprendre son souffle, ignorant ses yeux emplis de colère. L'arrivée de Harry rendit le jeune homme incontrôlable et il se tortilla en hurlant pour échapper à ses liens, reprochant la traîtrise du sauveur, ainsi que leur amitié contre nature envers des Mangemorts. Après quelques secondes, la directrice lui jeta un stupefix pour le faire taire, l'air troublé.

Harry avança, essayant de ne pas se laisser aller à la colère, s'agrippant à Théo pour ne pas perdre pied.
— Madame ?
McGonagall soupira et secoua la tête.
— Le pauvre enfant semble avoir perdu l'esprit. Je... vais devoir faire venir les Aurors, au moins pour l'escorter jusqu'à Sainte-Mangouste.

Harry pinça les lèvres, puis hocha la tête. Il prévint la directrice de l'arrivée prochaine de leur ami.
— Ron était à Pré-au-Lard pour la journée, je lui ai envoyé un patronus. Il ne devrait plus tarder.

La directrice soupira une fois encore, l'air soudain bien plus vieille, épuisée. Elle leva sa baguette et matérialisa son propre patronus, qui partit rapidement dans le couloir au travers des élèves curieux massés autour d'eux.
— Autant prévenir Poppy, je ne suis pas sûre que miss Granger soit totalement remise de ses émotions et monsieur Malefoy est blessé. Peut-être qu'elle devrait venir en personne ?

Harry tourna la tête et se rendit compte du sang autour de Drago, et des mains rougies de Hermione qui pressait ses blessures pour réduire l'hémorragie. Alors qu'il allait faire un pas, Minerva le retint.
— Votre amie est en état de choc, Harry. Elle ne laisse personne approcher. Je pense que... de mauvais souvenirs lui sont revenus en mémoire.


Harry n'eut pas le temps de répondre. Une voix familière répondit à sa place.
— Ne vous en faites pas, madame. Elle ne nous attaquera pas.

Harry se jeta dans les bras de son ami, soulagé. Ron plissa les yeux en voyant Drago Malefoy à terre, ainsi que Théo Nott qui s'était écarté à son arrivée, mais il ne fit pas le moindre commentaire. À la place, il avança vers Hermione, immédiatement suivi de Harry.

Avec un grognement agacé, Ron aida Drago à se lever, tandis que Harry soutenait Hermione. Le roux marmonna, faussement agacé.
— Accroche-toi Malefoy, parce que je veux pouvoir me vanter longtemps que je suis venu à ton secours.

En l'entendant, Harry laissa échapper un gloussement nerveux, rapidement suivi par Hermione qui clignait des yeux, reprenant pied dans la réalité.
Le Serpentard resta silencieux, mais il se redressa un peu plus avec une grimace, comme pour minimiser le rôle de Ron.


Se reconstruireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant