Se reconstruire

Chapitre 27

Avec un soupir résigné, Drago la serra brièvement contre lui, avant de marmonner, mal à l'aise.
— Je vais bien, maintenant. Tu peux me lâcher.

Elle lui jeta un coup d'œil soupçonneux et Drago sourit tranquillement, amusé de son expression. Rougissant légèrement, elle tenta de reculer et Drago la retint un bref instant avant de la lâcher.

Même en sachant que c'était pour plaisanter, Hermione sentit ses joues chauffer et baissa les yeux, un peu mal à l'aise. Elle prit une grande inspiration avant de regarder autour d'elle.
Si leurs camarades faisaient semblant d'être occupés pour la plupart, Harry ne s'embarrassait pas d'autant de scrupules et il la fixait avec un sourire amusé, ses yeux verts pétillants de malice.

Malgré elle, Hermione marmonna au sujet d'amis trop curieux pour leur propre bien, et elle jeta un dernier coup d'œil à Drago, pour s'assurer qu'il allait mieux, avant de s'éloigner à grands pas pour rejoindre Harry.

Face à son regard faussement innocent, elle grogna, n'étant pas vraiment dupe. Elle se pencha vers lui, les sourcils froncés, et murmura agressivement.
— À quoi tu joues, Harry ?

Il gloussa légèrement puis répondit à voix basse.
— Je travaille à l'entente intermaison, bien évidemment. Et au passage, je te prouve que c'est de ton aide que Malefoy a besoin...

Hermione vacilla légèrement et souffla, lasse.
— Ne fais pas ça, Harry. Il n'y a pas besoin de... de nous pousser à bout.

L'amusement disparut des traits de Harry et il posa une main sur son épaule, redevenant sérieux.
— Ce n'était pas mon intention.

Hermione soupira en secouant la tête, puis jeta un bref regard en direction de Drago. Elle frissonna légèrement en se rendant compte qu'il la fixait et elle lui adressa un léger sourire hésitant.
Lorsqu'elle reporta son attention sur Harry, l'étincelle de malice était revenue.
— Malefoy a l'air... jaloux.

Hermione fronça les sourcils, puis souffla en roulant des yeux.
— Je préfère ne pas répondre à tes idioties. Tu as réellement demandé à utiliser cette pièce pour Noël ?

Harry rougit légèrement et il hocha la tête vivement.
— Et j'ai obtenu l'autorisation, oui. D'ailleurs à ce sujet, si tu voulais bien m'aider pour métamorphoser des matelas et duvets pour dormir ? Il commence à être tard, non ?

La jeune fille plissa les yeux, soupçonneuse, puis elle claqua la langue agacée.
— Je finirais par découvrir ce que tu prépares, Harry, tu en as conscience ?
Son ami éclata de rire, nullement inquiet du ton menaçant, et il passa son bras autour de ses épaules pour l'attirer vers le milieu de la pièce.
— Bien évidemment.

Hermione ne put s'empêcher de sourire, amusée malgré elle. Voir Harry aussi heureux était un bonheur pour elle, après tout. Il avait bien assez souffert et méritait une vie pleine de joie.
Elle ferma les yeux pour se concentrer, afin de métamorphoser des matelas à partir des multiples coussins présents dans la salle, se souvenant de ce que Dumbledore avait préparé lors de leur troisième année, quand Sirius s'était introduit dans le château et qu'ils avaient dû dormir dans la Grande Salle.

Avec l'aide de Harry, ils eurent rapidement terminé. Après un instant de réflexion, Hermione transforma un des sièges présents dans la pièce en un immense paravent.
Elle s'expliqua aussitôt, en rougissant légèrement.
— On ne va pas dormir tout habillé !

Bien évidemment, Harry fut le premier à aller se changer. Bien évidemment, il ne s'agissait que de quitter ses chaussures et métamorphoser une partie de ses vêtements en pyjama, mais le regard noir de Hermione le convainquit de se rendre derrière le paravent pour le faire...

Hermione rejoignit Drago, qui regardait les matelas d'un air sombre, et elle attira son attention en lui posant la main sur le bras. Elle ne pouvait pas s'empêcher de le toucher, comme pour l'obliger à rester ancré dans la réalité au lieu de se perdre dans ses cauchemars.
— Ça va ?
Il haussa les épaules.
— Je ne suis pas certain que ce soit... une bonne idée. Je ne dors pas très bien ces temps-ci. Je...
Hermione hocha la tête, les yeux dans le vague. Elle aussi dormait mal et se réveillait parfois en sursaut, prête à hurler. Elle avait pris l'habitude de poser un sort de silence autour de son lit, ne voulant pas que ses camarades soient au courant de son sommeil perturbé.
Un peu mal à l'aise, elle murmura sans le regarder.
— Tu n'es pas tout seul. Et puis... il y aura Pattenrond. Si tu veux, je...
Hermione marqua une pause, sentant ses joues chauffer. Elle hésita, puis consciente de rougir — elle pouvait littéralement sentir son visage s'enflammer — elle termina dans un souffle.
— Et tu peux dormir à côté de moi comme ça... enfin, je...

Drago la fixa avec fascination, oubliant ses craintes et ses démons en la voyant écarlate de gêne devant lui, hésitante et en même temps si décidée. Finalement, il hocha juste la tête acceptant sa proposition sans faire le moindre commentaire.
Cependant, il ne pouvait pas s'empêcher de la regarder avec perplexité, se demandant depuis quand sa survie tenait autant à cœur à la lionne.

Finalement, ils se rendirent tous les uns après les autres derrière le paravent pour métamorphoser leurs vêtements en pyjama. Instinctivement, Pansy, la seule autre fille de leur petit groupe vint rejoindre Hermione. Elle craignait d'être repoussée — leurs disputes avaient été régulières pendant leur scolarité — mais Hermione lui sourit amicalement et lui murmura malicieusement.
— Si Harry et Drago peuvent rester dans la même pièce sans se jeter à la gorge de l'autre, je suppose qu'on peut... s'entendre ?

Pansy hésita brièvement avant de sourire, un peu timide. L'arrestation de ses parents avait transformé la jeune fille autrefois sûre d'elle. Désormais, elle baissait la tête et ne provoquait plus personne, essayant d'être aussi invisible que possible.

Pendant que Drago allait se changer, Pansy soupira et posa la question qui lui brûlait les lèvres.
— Tu ne m'en veux pas ? D'avoir voulu livrer ton ami ?

Hermione grimaça puis secoua la tête.
— Je suppose que je comprends. Tu avais peur, tu craignais pour ta vie. C'était tentant de penser que le sacrifice de Harry pourrait tous nous sauver...

Pansy vacilla un bref instant puis reprit, la voix tremblante.
— Il l'a fait. Tous nous sauver. Je ne croyais pas en lui, je... on m'avait dit qu'il était un garçon ordinaire et...
Hermione gloussa.
— Harry serait ravi d'entendre que tu le vois comme un garçon ordinaire...