Chapitre 34

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Ce fut la lumière du jour qui réveilla Hermione et elle grogna en s'accrochant un peu plus à son oreiller, enfouissant son visage contre lui et respirant à pleins poumons ce parfum qui l'obsédait depuis le début de l'année.

Il lui fallut quelques secondes pour entendre des bourdonnements de conversation et des rires. Puis, elle se souvint qu'ils s'étaient installés dans la salle sur demande, tous ensemble. Une idée de Harry, bien évidemment.

Enfin, elle prit conscience que son oreiller bougeait — qu'il respirait — et elle fronça légèrement les sourcils avant de se souvenir. Le cauchemar de Drago, ses tentatives de le réconforter. Le baiser — les baisers plutôt. La façon dont elle s'était accrochée à lui, comme un koala.

Hermione ouvrit lentement les yeux, et se rendit compte qu'elle était toujours agrippée à Drago. Il dormait encore, paisible, et elle prit le temps de l'observer avec fascination. Elle soupira et leva brièvement la tête pour regarder autour d'eux.
Bien évidemment, ils étaient les derniers à dormir. Même Harry qui avait tendance à être un lève-tard était debout et il la regardait avec un petit sourire moqueur, comme s'il avait su qu'elle en arriverait à cet endroit, droit dans les bras de Drago.
Elle réprima un grognement agacé et reposa sa tête sur le torse du jeune homme, décidée à le laisser dormir autant qu'il en aurait besoin. Il était un peu tard pour jouer les timides effarouchées, tous leurs amis les avaient vus dormir enlacés, et faire croire que leur position équivoque était involontaire ne serait qu'une insulte envers Drago.


Drago s'agita légèrement et il finit par s'éveiller, un peu perdu. En la voyant contre lui et bien réveillée, il rougit brusquement, surtout en se rendant compte qu'ils avaient un public.

Sans bouger de ses bras, Hermione murmura, malicieuse.
— Bien dormi ?
Il hocha lentement la tête, hésitant. Hermione soupira, puis regarda autour d'eux pour s'assurer que personne n'était assez près pour surprendre leurs paroles.
— Je n'ai pas honte d'être dans tes bras. Je n'ai pas honte d'avoir envie de t'embrasser.


Hermione nota avec fascination que le regard gris de Drago s'assombrissait, et il l'attira à lui pour déposer un baiser léger sur ses lèvres. Elle laissa échapper un rire ravi et plongea son visage dans son cou, embrassant ce point juste sous l'oreille, si sensible.

Harry les interpella, et Hermione le maudit immédiatement. Déjà parce qu'elle se sentait bien et qu'elle n'avait pas envie de bouger, mais aussi parce que Drago se tendit. Avec un grognement agacé, elle se redressa et s'étira, et elle se colla dans les bras de Drago dès qu'il fut levé.

Harry s'approcha pour leur apporter des brioches en guise de petit-déjeuner, souriant, sans faire le moindre commentaire sur leur rapprochement soudain. Il ne semblait pas gêné par leur étreinte et Hermione lui sourit, soulagée de ne pas avoir à batailler et à s'expliquer sur son attirance soudaine envers le Serpentard.

Drago semblait un peu perplexe et il commença à manger en fronçant les sourcils. Après avoir pris une bouchée de brioche, Hermione soupira.
— Qu'est-ce qui ne va pas ?

Il haussa juste les épaules, un peu perdu et Hermione laissa échapper un rire triste.
— Laisse-moi deviner. Tu pensais que tout le monde serait horrifié de découvrir... ce qui s'est passé. Qu'on t'ordonnerait de t'écarter de moi ou que tu aurais des regards de reproche. Peut-être même qu'on t'accuse de me séduire pour racheter l'honneur de ton nom.

Drago soupira, évitant son regard avec soin.
— Quelque chose comme ça, effectivement.

Hermione secoua la tête.
— J'ai à la fois envie de t'embrasser pour te rassurer et de te frapper pour imaginer de telles choses.

Il eut un sourire et secoua la tête.
— J'ai toujours su que tu étais une fille violente.
Cette fois, le rire d'Hermione était bien plus spontané et joyeux. Lorsqu'elle posa sa tête sur son épaule, Drago murmura, indécis.
— Qu'est-ce qui se passe exactement, entre nous ?

Hermione gigota un instant, juste pour se rapprocher, veillant à ce qu'ils soient collés l'un contre l'autre. Il ne pouvait pas voir son visage, mais elle chercha sa main pour entrelacer leurs doigts.
Puis, elle soupira.
— Je ne sais pas. Au début, je voulais t'aider. Te sauver, parce que tu avais l'air de te noyer.

Drago l'interrompit, amer.
— Tu as pitié de moi, en fait.
Hermione renifla, avant de grogner, mécontente.
— Absolument pas. Il n'y a jamais eu de pitié, Drago. J'étais triste pour toi, je trouvais injuste que tu sois si mal et que personne ne t'aide. En fait, au début, je voulais aider tous les Serpentard. C'était ce qu'on avait décidé le jour de la rentrée à notre table. Vous tendre la main. Et puis... j'ai suivi Pattenrond et j'ai découvert qu'il te consolait.

Il soupira, avant de murmurer.
— Je ne savais pas qu'il était ton chat. Il venait vers moi, il me trouvait quand j'allais mal, quand je craquais, et il se frottait contre moi jusqu'à ce que j'aille mieux.

Hermione laissa échapper un rire amusé, cherchant le chat du regard. Il paressait sur le matelas derrière eux, encore étalé de ton son long, visiblement parfaitement bien installé. Et il les regardait de son œil perçant, comme s'il savait qu'on parlait de lui.
Elle reprit, avec un sourire tendre.
— J'étais jalouse au début. Je ne savais pas où il allait, il rentrait avec une odeur étrangère sur son pelage et... j'avais peur qu'il m'abandonne. Qu'il choisisse un autre maître. Il...
— Je ne voulais pas...
Hermione l'interrompit et serra sa main un peu plus avant de continuer.
— Je sais. Pattenrond a toujours été un chat spécial. Indépendant et intelligent. Il avait décidé de t'aider, lui aussi. Quand j'ai découvert qu'il venait à toi... je ne sais pas, ça m'a rassurée.

Drago émit un ricanement incrédule, ne croyant visiblement pas qu'elle puisse accepter que son chat adoré vienne se frotter à un ancien Mangemort. Cependant, Hermione continua, imperturbable.
— Je te l'ai dit, j'ai confiance en Pattenrond. Il sait d'instinct à qui faire confiance. S'il t'accepte ainsi, alors j'ai confiance moi aussi. C'est aussi simple que ça.

Drago cligna des yeux, perplexe, avant de se tourner pour observer le chat qui avait bouleversé sa vie. Pattenrond le fixa d'un air qui pouvait presque passer pour moqueur, avant de s'étirer et de lécher sa patte tranquillement. Le jeune homme secoua la tête, avec un léger sourire attendri, et reporta son attention sur la jeune femme à ses côtés.


Se reconstruireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant