Chapitre 30

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Ainsi, Hermione Granger n'avait jamais eu l'occasion de regarder les garçons autour d'elle ou d'avoir des coups de cœur comme les adolescentes de son âge. La guerre leur avait ôté toute idée de batifoler, ils étaient trop occupés à rester en vie.

Et voilà qu'elle se surprenait à trouver un garçon séduisant. Et ce n'était pas n'importe quel garçon, mais Drago Malefoy en personne. Arrogant Sang pur, portant la marque des ténèbres et fils de Mangemort...

Elle se surprenait à l'observer en douce, à le trouver attendrissant parfois, lorsqu'elle surprenait une expression plus douce sur son visage. Elle se demandait ce que ça ferait de passer sa main dans les cheveux clairs — étaient-ils aussi doux qu'ils le paraissaient ? — ou de caresser sa joue alors qu'une ombre de barbe apparaissait sur sa peau.

Lorsqu'elle l'avait soigné, son cœur s'était emballé alors qu'elle caressait son torse puis son dos. Elle avait eu l'impression qu'il était brûlant et elle n'avait pas pu s'empêcher de retracer ses muscles avec fascination.
Pire encore, lorsque Drago câlinait Pattenrond, elle se sentait soudain jalouse et se disait qu'elle aimerait être à la place de son chat...

La jeune fille faisait son possible pour repousser toutes ces idées, essayant de se convaincre que ça n'avait pas la moindre importance. Après tout, elle était jeune et en bonne santé, il était probablement normal qu'elle soit attirée par la gent masculine...


Elle soupira et secoua la tête, essayant de chasser ces pensées stupides alors qu'elle était en pyjama, allongée sur un matelas tout près de l'objet de son obsession du moment. S'il découvrait ce qu'elle éprouvait, Drago Malefoy serait probablement horrifié et il ne la laisserait plus s'approcher de lui, il refuserait toute aide de sa part...
En relevant les yeux, elle se rendit compte que Drago la regardait avec une intensité rarement égalée. Elle frissonna sous son regard et eut l'impression que son visage prenait feu...

Elle cligna des yeux, espérant que sa réaction passerait inaperçue, mais une lueur dans le regard d'acier la convainquit que Drago avait lu en elle comme dans un livre ouvert. Elle força un sourire hésitant et il lui répondit aussitôt, lui offrant un de ses sourires tendres qui la faisaient fondre.

Le jeune homme tendit la main vers elle et repoussa une mèche de cheveux qui retombait sur son visage avec douceur, sans qu'Hermione n'ose esquisser le moindre geste. Puis, il murmura tranquillement.
— Bonne nuit, Hermione Granger.

Elle hocha la tête et passa la langue sur ses lèvres sèches, intimidée par ce regard qui épiait chacun de ses gestes, avant de chuchoter, sans oser détourner les yeux de lui.
— Bonne nuit, Drago.


Ils restèrent silencieux ensuite, les yeux dans les yeux, jusqu'à ce que Neville marmonne un « nox » endormi qui les plongea dans l'obscurité.

Hermione frissonna aussitôt dans le noir, les yeux écarquillés, avec l'impression de tomber dans un gouffre sans fin. Autrefois, elle n'avait pas peur du noir, mais les derniers mois avaient été... difficiles, et l'obscurité complète la rendait nerveuse.
Avant qu'elle ne puisse dire le moindre mot, elle entendit la voix de Harry murmurer un sort, et une nuée de petites lucioles de magie pure s'éleva et se dispersa, offrant une légère lueur réconfortante.

Hermione se détendit et sourit, soulagée. Elle se jura d'apprendre ce sort, que Harry devait probablement tenir d'Andromeda. Il s'était beaucoup rapproché de la mère de Tonks et la pauvre femme qui avait tout perdu — mari, fille et gendre — traitait Harry comme un fils.
Elle eut l'impression que Drago lui souriait en retour, mais sans en être sûre.


Avec un soupir, elle se laissa aller. Elle se sentait étrangement en sécurité, au milieu de ses camarades. Elle entendait la respiration de Drago près d'elle et inconsciemment elle adopta le même rythme tranquille, commençant à somnoler.

Distraitement, elle entendit des chuchotements quelque part dans la pièce, qui se turent rapidement. Puis, alors qu'elle plongeait dans le sommeil, elle eut l'impression que quelqu'un effleurait sa joue, à peine un contact. Elle sourit en sombrant, imaginant son camarade avec un de ses sourires si rares, le genre de sourire qui lui donnait l'envie de l'enlacer.

La nuit était bien avancée lorsqu'Hermione se réveilla en sursaut. Elle cligna des yeux, encore embrumée par le sommeil, sans comprendre pourquoi elle se réveillait. Les lucioles de Harry étaient encore présentes, se déplaçant paresseusement au-dessus de sa tête, trop loin pour que la luminosité la gêne, mais rassurantes.
La pièce était silencieuse, en dehors des respirations paisibles de ses camarades et de quelques ronflements occasionnels.

Elle sentait le poids de Pattenrond sur elle, familier et rassurant, et elle bougea doucement pour ne pas le rassurer, essayant de retrouver une position agréable pour se rendormir.
Hermione se rendit compte qu'elle avait bougé dans son sommeil, puisqu'elle était désormais collée contre Drago. Elle sentait la chaleur de son corps près d'elle, mais elle ne fit pas le moindre mouvement pour s'écarter de lui. Au contraire, elle se blottit un peu plus contre lui, les yeux papillonnants déjà, prête à se rendormir.

Près d'elle, Drago eut un sursaut brutal et elle rouvrit les yeux, sourcils froncés. En l'entendant échapper un bref gémissement alors que sa respiration accélérait soudain, elle comprit qu'il était plongé dans un cauchemar.

Hermione le prit dans ses bras, espérant que ce serait suffisant pour l'aider. Mais il s'agitait de plus en plus, visiblement inconscient du fait qu'il était parfaitement en sécurité.

La jeune fille savait qu'il serait particulièrement mortifié s'il attirait l'attention de tout le monde en hurlant pendant la nuit, aussi elle tira sa baguette de sous son oreiller et jeta un assurdiato autour d'eux, s'assurant que personne n'entendrait quoi que ce soit.
Puis, elle l'appela doucement, le serrant toujours contre elle pour le réveiller.

Drago secouait la tête et se débattait, et Hermione sentit ses larmes humidifier son haut de pyjama. Une boule de chagrin obstrua sa gorge, incapable de ne pas compatir, de ne pas sentir triste pour lui. Elle le serra un peu plus fort contre elle, sans cesser de lui parler, de plus en plus suppliante, le priant de se réveiller, de revenir vers elle. Elle lui jurait qu'il était en sécurité avec elle, qu'elle ne laisserait rien lui arriver.

Se reconstruireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant