Se reconstruire

Chapitre 15

Hermione déglutit en regardant vers le bas et s'agrippa au garde-corps un peu nerveusement en s'asseyant près de lui. De sa main libre, elle prit la main de Drago, qui était posée sur le sol. Une fois de plus, il avait les mains glacées.

Il tourna la tête et soupira, sans paraître étonné de sa présence.
— Ton chat me surveille.

Hermione se tourna prudemment, serrant un peu plus fort la main de Drago, pour jeter un coup d'œil à Pattenrond. L'animal lui rendit son regard avant de commencer à faire sa toilette, comme s'il n'était pas concerné par ce qui se passait devant lui. Cependant, il ne semblait pas avoir l'intention de bouger.
Elle eut un rire amusé.
— Quelqu'un m'a dit un jour qu'il était très intelligent et qu'il avait probablement du sang de fléreur dans son ascendance. Je n'avais pas besoin de cette précision pour lui faire confiance. Il a toujours su... me conduire vers les bonnes personnes.

Drago leva un sourcil perplexe et secoua la tête.
— Il peut toujours se tromper.
La jeune fille sourit tranquillement.
— C'est une façon de me demander de partir ou de te laisser seul ?

Drago hésita longuement, en la dévisageant. Hermione resta silencieuse, se mordillant les lèvres, priant pour qu'il ne lui demande pas de le laisser. Pour qu'il accepte son aide. Finalement, il sembla se résigner, et il haussa les épaules.
— J'ai toujours été lâche. Je... n'ai pas envie de te demander de partir.
Hermione se glissa doucement vers lui, jusqu'à être presque épaule contre épaule. Puis elle répondit, avec un sourire.
— Peut-être que tu te rends enfin compte que tu as besoin d'aide pour aller mieux.

Il reporta son regard sur le parc de Poudlard et secoua la tête, une ombre obscurcissant ses yeux gris.
— Aller mieux ? Je ne suis pas certain que ça soit possible.
Hermione serra un peu plus fort les doigts du jeune homme, nerveuse d'être si près du vide, mais décidée à ne pas s'éloigner sans lui. Elle pensa à ses propres cauchemars, à ses crises de larmes lorsqu'elle pensait à ses parents perdus, à sa nervosité la plupart du temps... puis elle marmonna.
— Ouais, ça a l'air... étrange de dire ça. Comme si... on pouvait être réparé. Mais Harry semble s'en sortir pas trop mal, non ?

Drago ricana, relâchant ses épaules, et semblant moins tendu.
— C'est un foutu survivant... Mais tu as raison, il semble effectivement... mieux.
— Tu vois, c'est possible.

Drago eut un mince sourire amusé.
— Entre toi et Potter, je me demande lequel des deux est le plus têtu...
Hermione leva un sourcil, les yeux brillant d'amusement. Malgré lui, Drago laissa échapper un léger rire, pour le plus grand plaisir de la jeune fille.

Il referma sa main sur celle d'Hermione, comme pour capituler face à son entêtement, puis il laissa son regard se perdre en direction du lac noir, sans sembler craindre le vide qui s'ouvrait sous leurs pieds.
Hermione frissonna malgré elle, se voyant tomber. Aussitôt, Drago la regarda, les sourcils froncés par l'inquiétude.
— Tu as froid ?

Hermione rougit légèrement, sans oser le regarder dans les yeux.
— Non. C'est juste que... je ne suis pas très à l'aise au bord du vide. Je... J'ai un peu le vertige.

Drago cligna des yeux, puis il recula doucement, entraînant Hermione avec lui sans lui lâcher la main. Elle soupira de soulagement lorsqu'une bonne distance fut mise entre eux et le vide. Drago grogna en secouant la tête, agacé.
— Si tu n'aimes pas la hauteur, pourquoi tu t'es approchée de cette façon ? Bon sang, tu t'es installé les pieds dans le vide !

Hermione lâcha sa main et croisa les bras sur sa poitrine, avec une moue têtue.
— Parce que si je t'avais demandé de reculer pour t'installer près de moi, tu l'aurais fait ?

Cette fois, le Serpentard resta longuement silencieux, incrédule. Il se frotta le visage puis secoua la tête, essayant visiblement de comprendre son comportement.
— Est-ce que tu as fait ça pour être assise à côté de moi ? Mais... pourquoi ?
La jeune fille sentit ses joues chauffer, mais elle ne quitta pas le regard gris qui la fixait avec étonnement, déterminée.

— Je suis venue près de toi pour te rappeler que tu n'es pas aussi seul que tu le penses. C'est aussi pour que tu comprennes que je suis sérieuse, que ce n'est pas juste... une lubie. Tu as le droit à une seconde chance, Drago.

Drago abdiqua, au moins provisoirement. Il soupira.
— Très bien, Gran... Hermione. De quoi veux-tu parler avec moi ?
Il était crispé, craignant une conversation compliquée. Pattenrond approcha tranquillement, et se laissa tomber sur leurs jambes, la tête sur les cuisses de Drago.

Incrédule, Hermione secoua la tête. Jusqu'à présent, il n'y avait que Harry en dehors d'elle qui avait trouvé grâce aux yeux de son chat. Et voilà qu'il se comportait comme si Drago était... proche d'eux.

Elle sourit et plutôt que de chercher à aborder des sujets compliqués ou douloureux, elle lui lança un regard amusé.
— Harry est inséparable de Blaise Zabini en ce moment. Est-ce que tu as une idée de ce qu'ils préparent tous les deux ?

Elle nota l'air stupide du Serpentard alors qu'il était surpris de la question, avant qu'il ne se reprenne pour se recomposer une expression neutre. Il haussa un sourcil moqueur.
— Potter et Blaise ?

Hermione hocha la tête.
— Ils se sont visiblement entendus tout de suite. Et maintenant, ils passent énormément de temps ensemble. Tu as pu le voir tout à l'heure, Harry lui courait après. Et quand ce n'est pas Harry... c'est Blaise qui le cherche pour l'embarquer. Ils ont un air de conspirateur en permanence.

Drago renifla.
— Potter est un aimant à problème et Blaise... il est bien trop curieux pour son propre bien.

Hermione se mordilla la lèvre, avant de fixer Drago dans les yeux, en rougissant légèrement.
— On devrait... les surveiller. Toi et moi.

Drago posa la tête sur le mur derrière eux et ferma les yeux avec un léger soupir.
— Tu tiens vraiment à passer du temps avec moi.
— Évidemment ! Tu pensais que j'allais changer d'avis ? Ou que je plaisantais ?

Le Serpentard haussa les épaules.
— Je sais bien que tu n'es pas si cruelle. La preuve, après tout ce que j'ai pu te dire comme horreurs, tu viens vers moi pour me tendre la main. Mais... tu pourrais avoir des problèmes. Il y a pas mal de personnes qui regrettent que... je sois revenu ici.