Chapitre 28

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Pansy dévisagea Hermione les yeux écarquillés, avant de laisser échapper un rire incrédule.
— Tu plaisantes ?

Hermione haussa les épaules, mais ce fut Drago, arrivé derrière elle en silence, qui répondit en la faisant sursauter.
— Oh par Merlin, Pansy ! As-tu déjà vu Potter se pavaner et profiter de son statut particulier ?

La jeune fille rougit un peu, et objecta, en bégayant.
— Mais... Mais tu disais que...
Il grogna en la coupant, posant ses, mais sur les épaules de Hermione.
— Tu croyais réellement tout ce que je disais à son sujet ?

Hermione ne chercha même pas à s'écarter, bien au contraire. Les mains chaudes de Drago sur ses épaules étaient agréables et elle se laissa aller contre son torse, espérant ainsi lui montrer qu'elle avait confiance en lui. C'était en tout cas ce dont Hermione voulait se convaincre, cependant une partie d'elle-même savait qu'elle appréciait juste le contact.
Pansy les regarda tous les deux, avant d'afficher un sourire étrange. Cependant, elle ne fit pas le moindre commentaire, continuant la conversation comme si son ami ne se comportait pas possessivement avec une jeune fille qui était jusqu'à peu leur ennemie.
— C'est une caractéristique Gryffondor de toujours pardonner sans la moindre hésitation ?

Hermione gloussa.
— Ne crois pas que je sois capable de pardonner si facilement. J'ai juste appris à... relativiser.
Pansy fronça les sourcils, perplexe.
— Relativiser ?

Hermione ferma un instant les yeux, alors que les mains de Drago bougeaient légèrement, la massant avec douceur, comme s'il avait senti la tension dans son corps et qu'il essayait de l'apaiser. Puis elle soupira.
— C'était une époque trouble. Il y avait... tellement d'avis différents, en permanence. La Gazette adulait Harry un jour pour le traiter d'imposteur le lendemain. Nous ne pouvons pas en vouloir à chaque personne qui a douté, parce que nous devrions quitter le monde magique. Même dans l'Ordre du Phénix, il y en a eu qui... pensaient que Harry n'y arriverait pas et ils auraient pu proposer la même chose.

Pansy croisa les bras sur sa poitrine, les sourcils froncés.
— Donc, comme tout le monde aurait pu le faire, tout va bien ?
Hermione gloussa.
— Dis-moi, si Harry avait été livré à ta demande, ce jour-là... aurais-tu pu le regarder être exécuté devant toi ? Aurais-tu repris ta vie sans la moindre hésitation ?

Le teint de Pansy vira au gris alors qu'elle écarquillait les yeux et semblait sur le point de fondre en larmes. Elle se reprit avant de craquer complètement et répliqua avec agressivité, montrant presque les dents.
— Je ne suis pas un monstre non plus ! Bien évidemment que... Que je n'aurais pas aimé qu'il soit tué à cause de moi !

Hermione hocha la tête.
— C'est la différence entre quelqu'un qui mérite d'être pardonné et quelqu'un qui a sa place à Azkaban.

Pansy plissa les yeux et dévisagea Hermione, visiblement en pleine réflexion. Puis, elle se tourna vers Harry et eut un léger rire.
— Qu'il soit ordinaire ou non, Harry Potter aura laissé une trace dans l'histoire. Je suppose qu'après des années, j'arriverais à plaisanter au sujet du moment où j'ai failli le livrer... Peut-être qu'il y aura une leçon à en tirer...

Hermione grimaça.
— Ou peut-être que d'ici dix ans, tout le monde nous aura oubliés. Nous ne serons plus que des... anonymes parmi les sorciers.


Pansy secoua la tête en riant et s'éloigna pour aller rejoindre Blaise et Harry — une fois de plus en train de conspirer tous les deux.
Les mains de Drago continuèrent de la masser et elle ferma un instant les yeux. Elle le sentit se pencher vers elle, son souffle caressa son oreille, et il murmura, dans un souffle qui la fit frissonner.
— Quoi qu'il arrive, que ce soit dans dix ans ou plus, je ne t'oublierai jamais, Hermione Granger.


Elle sentit son visage brûler et sa respiration s'accéléra légèrement. Elle aurait pu mettre fin à sa gêne en s'écartant de lui, ou en lui faisant face. Cependant, elle ne bougea pas, sentant juste son cœur accélérer, avec l'impression qu'elle se sentait plus vivante que jamais.
Malgré les mains de Drago serrant ses épaules, elle n'avait pas l'impression d'être prisonnière ou contrainte et aucun mauvais souvenir ne venait la hanter.

Elle croisa le regard de Harry, mais son ami ne semblait pas désapprobateur ou moqueur. Il la regardait juste avec tendresse, comme s'il approuvait cette toute nouvelle proximité.
Elle leva la main pour presser doucement une des mains de Drago et le jeune homme pencha la tête pour déposer un léger baiser près de sa tempe, dans ses cheveux fous.

Hermione se tourna avec douceur, regrettant la perte de la chaleur des mains du Serpentard et elle lui sourit avec tendresse. Elle lui montra deux matelas presque collés l'un à l'autre. Pattenrond était installé en travers, étiré de tout son long, comme s'il se les était appropriés.
— Je crois que Pattenrond a choisi nos lits.

Drago hocha la tête, puis jeta un rapide coup d'œil à Hermione.
— Tu es sûre que tu veux... dormir juste près de moi ? Je veux dire...

Hermione roula les yeux en laissant échapper un rire légèrement forcé.
— Bien évidemment. J'ai confiance en toi. Ça paraît totalement incroyable, je sais, mais je te fais confiance quand même.

Drago secoua la tête, incrédule.
— Mais j'ai été... horrible.
Hermione se pencha vers lui et leva la main pour lui caresser la joue.
— Et moi je t'ai frappé et pourtant, tu n'as pas peur de moi. J'ai répondu à tes insultes et tu n'as pas peur que je puisse... te nuire. Tu réfléchis trop, Drago. Oublie tout ça.

Le Serpentard la dévisagea longuement puis il eut un léger sourire, un de ses sourires doux, bien différent du visage prétentieux qu'il offrait autrefois. Avec un soupir, il s'éloigna pour aller s'installer près de Pattenrond et le câliner, alors que le chat se roulait de bien-être en ronronnant.

Hermione le regarda faire en se disant que ça semblait naturel de le voir près de son chat, comme s'ils... vivaient ensemble et elle se demanda soudain depuis quand Drago avait pris une telle importance à ses yeux.
Elle avait le souvenir de leur scolarité, où elle ne lui avait pas vraiment accordé d'importance, parce que c'était Harry qui paraissait ne pas pouvoir le quitter des yeux.


Se reconstruireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant