Chapitre 9

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Hermione avait à peine terminé de manger qu'elle se levait et filait à toute vitesse, toujours plongée dans ses réflexions, sans se préoccuper de ses camarades. Elle comptait rejoindre son lit et s'enfermer derrière ses rideaux pour pouvoir réfléchir à son aise...

Bien évidemment, Harry ne lui laissa pas le loisir de s'échapper. Il semblait plutôt amusé, comme s'il avait compris ce qui lui passait par la tête et elle fronça légèrement les sourcils.
Habituellement, Harry était aveugle à ce qui l'entourait et il fallait lui mettre le nez sur l'évidence pour lui faire ouvrir les yeux. Il n'était pas aussi obtus que Ron — heureusement — mais il pouvait se montrer incroyablement naïf.
Elle ne savait pas d'où lui venait cette soudaine clairvoyance, mais elle n'allait pas le laisser lui tirer les vers du nez si facilement. Elle n'oubliait pas le nombre de fois où il l'avait rendue folle de rage en faisant semblant de ne pas comprendre ou en jouant les idiots... Il la coupa dans ses réflexions en lui demandant d'un ton rieur.
— Tu sembles te poser beaucoup de questions, Hermione...


Elle soupira en lui jetant un regard en coin, les sourcils froncés.
— Pourquoi as-tu décidé de t'installer à la table des Serpentard ? Je veux dire, faire la paix en public avec Malefoy était déjà un... signe fort. Pourtant, tu t'installes à chaque repas avec eux... Je me demande ce que tu cherches à montrer.

Harry sourit tranquillement.
— Peut-être que j'ai eu l'occasion de me rendre compte de la façon dont ils étaient traités en dehors de Poudlard. Peut-être que j'ai pris conscience que si je ne faisais pas le premier pas, si je ne montrais pas l'exemple, personne ne le ferait. Depuis que je fais ça, j'ai vu Hannah Abbot demander à Théo Nott de l'aide pour un devoir de potions...

Hermione secoua la tête avec un rictus moqueur, insistant légèrement.
— Je suis peut-être un peu distraite en ce moment, mais je suis prête à parier qu'il y a plus. Depuis le début de l'année, nous avons fait en sorte d'inclure les Serpentard.

Harry laissa échapper un gloussement amusé, tout en rougissant légèrement.
— Tu verras bien... En tous cas, tu peux être rassurée, cette fois, il n'y aura rien de dangereux et pas d'atteinte au règlement. De toute façon, je ne pense pas que MacGonagall soit aussi... laxiste que Dumbledore l'était.
La jeune femme nota sa réaction dans un coin de son esprit, décidée à creuser ça plus tard, puis elle soupira. Finalement, elle marmonna, avec un peu d'agacement, fixant Harry pour observer sa réaction.
— Malefoy ne va pas bien.

Harry redevint immédiatement sérieux et soupira.
— Je sais. Je crois qu'il... espérait presque être envoyé à Azkaban, comme s'il voulait... payer ses erreurs. Il avait l'air tellement perdu, après...

Hermione grimaça, sans répondre. Harry laissa passer quelques secondes de silence avant de murmurer.
— Qu'est-ce que tu comptes faire ?
La jeune femme écarquilla les yeux.
— Moi ?


Harry sembla un instant mal à l'aise. Puis, il avoua, en détournant le regard.
— Tous les deux, on a un sacré passif. Je ne veux pas qu'il imagine que... que c'est une question de pitié ou de charité. Ou n'importe quoi d'autre qui pourrait le gêner. J'ai déjà essayé, mais... foutue fierté de Serpentard !
Hermione aurait aimé protester, mais elle devait avouer que son ami n'avait pas tort. Avec tous leurs affrontements, l'aide de Harry ne serait pas forcément bien perçue. Elle laissa juste échapper un grognement agacé.
— Sauf que je ne vois pas comment l'aborder. Il va juste... me repousser. Tu sais ce qu'il pense de moi, il l'a suffisamment clamé haut et fort toutes ces années.

Harry gloussa, moqueur.
— Et bien, trouve quelque chose que vous avez tous les deux en commun. Tu vois... c'est simple !

Elle hoqueta en évitant soigneusement le regard de son ami, tout en pensant qu'il savait pertinemment où Pattenrond passait son temps. Le jeune homme ne fit pas la moindre réflexion, ses yeux brillants juste d'amusement. Hermione finit par hausser les épaules avec une moue résignée.
— Il risque d'être mal à l'aise si je vais le voir. Tu veux que je lui dise quoi ?

Harry eut un rire amusé et tendre, tendant la main pour lui presser gentiment l'épaule.
— Sois toi-même, ça devrait aller.


Il déposa un rapide baiser sur sa joue avant de l'abandonner là, partant rapidement en appelant joyeusement Blaise Zabini qui passait un peu plus loin. Le métis l'attendit, avec un large sourire et ils se penchèrent l'un vers l'autre, complotant manifestement.
Avec un soupir, Hermione secoua la tête, réprimant l'envie de lui rappeler de ne pas oublier le couvre-feu même si les professeurs avaient tendance à fermer les yeux pour les élèves désormais majeurs.

En se retournant, elle sursauta brusquement, en se retrouvant presque nez à nez avec Drago Malefoy.
En voyant Harry rejoindre Blaise à grands pas, il s'était approché d'elle lentement et avec hésitation, probablement pour savoir ce que les deux garçons faisaient ensemble.

Le sursaut brusque de Hermione et son expression effrayée en plaquant la main sur sa poitrine semblèrent gêner le Serpentard. Il recula rapidement, les mains levées en signe de paix, les joues rouges, regardant autour de lui avec un air de bête traquée.

Comprenant qu'il craignait que cette scène ne soit mal interprétée, Hermione ne réfléchit pas et tendit la main rapidement pour attraper son bras, lui offrant un sourire d'excuse un peu tremblant.
— Excuse-moi, je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait quelqu'un derrière moi. Je suis peut-être un peu trop nerveuse...

Drago la fixa un instant puis il hocha la tête, un peu perdu.
— Je pensais que tu... m'avais entendu arriver. Je... ne voulais pas te faire peur.

Il avait l'air si mal à l'aise que Hermione crut qu'il ne voulait pas vraiment lui parler. Presque résignée à le voir prendre la fuite, elle lâcha doucement son bras, et se força à continuer de sourire.
— Tu as besoin de quelque chose ?


Le Serpentard détourna les yeux, regardant autour d'eux, indécis. Puis il haussa les épaules.
— Je pensais que... enfin... tu sais ce que Potter prépare avec Blaise ? Il... On devait se retrouver, mais je viens de les voir filer tous les deux.
La tension quitta Hermione — en partie au moins — et elle laissa échapper un rire un peu nerveux.
— J'ignore ce qu'il prépare. Mais tu connais Harry, il est imprévisible... Ils s'entendent bien... C'est tout ce que je sais.


Drago hocha la tête, puis il murmura un vague remerciement pour lui avoir répondu. Impuissante, Hermione le vit tourner les talons, prêt à s'éloigner, sans savoir quoi lui dire pour le retenir. La conversation avait été polie, mais vide d'intérêt... comme s'ils étaient des étrangers.

Le jeune homme fit deux pas avant de s'arrêter, et il tourna légèrement la tête, de manière à ce qu'elle comprenne qu'il s'adressait à elle.
Elle ne bougea pas, attendant simplement, le cœur battant.
— Granger ? Je... suis désolé. Pour... enfin. Désolé.

Se reconstruireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant