Chapitre 26

807 57 1
                                    

Hermione sembla comprendre ce qu'il pensait, puisqu'elle ajouta d'une voix neutre, très calme.
— Je n'ai pas pitié de toi, si c'est que tu crains. Je regrette juste que tu n'aies pas eu... la possibilité de rêver à ton avenir comme le font tous les enfants.

Drago cligna des yeux puis marmonna, en détournant les yeux, continuant de câliner le chat.
— J'aime faire des potions.

Hermione hocha la tête et lui sourit.
— Tu étais plutôt doué à faire exploser nos chaudrons... Tu savais toujours quoi jeter pour...

Drago grogna avant de répondre au sourire de Hermione, un peu crispé.
— Je...
Cependant, elle le stoppa.
— Tu n'as pas à t'excuser ou à te justifier. Nous étions dans deux maisons rivales, c'était... Peu importe. Les coups bas étaient fréquents.
— Mais j'aimais jeter de l'huile sur le feu.

Hermione gloussa.
— Et on s'est battus contre toi encore et encore. S'il n'y avait pas eu la guerre... on se serait opposés jusqu'aux ASPICS, puis on serait entrés dans la vie active. On se serait croisés et salués parce qu'une fois adultes, toutes les mesquineries de l'enfance n'ont plus la moindre importance.

Drago se mordilla la lèvre, puis haussa les épaules.
— Peut-être. Ça ne change rien, tu sais. Je sais parfaitement que j'ai fait les mauvais choix et toutes tes paroles pleines de compassion ne changeront rien.

Hermione fronça les sourcils et croisa les bras, mécontente.
— Ne sois pas stupide ! Bien sûr que tu as fait des erreurs, mais tout le monde en fait. Ce n'est pas de la compassion, c'est... la réalité. Ce n'est pas aussi noir que tu le penses.


Drago eut un rire nerveux.
— Pas aussi noir ? Tu viens de me soigner parce que j'ai été passé à tabac. Ça m'est arrivé plusieurs fois l'été dernier. Je... J'étais juste sur le chemin de Traverse. Et ce n'était pas des jeunes de notre âge, Hermione. C'étaient des adultes.

Hermione fronça les sourcils.
— Vraiment ? As-tu porté plainte ?
Cette fois, Drago se leva brusquement et Pattenrond émit un miaulement de protestation, le poil hérissé.
— Porter plainte ? Tu plaisantes bien sûr ? C'est le meilleur moyen pour moi de finir en prison !

Il avait élevé la voix et tout le monde le fixait maintenant. Il s'empourpra légèrement et eut un mouvement de recul. Il se tendit, prêt à fuir, mais Hermione l'attrapa par le poignet en le fixant d'un air suppliant.
— Tu n'es pas seul, Drago !

Il secoua la tête, essayant de ravaler les larmes de fureur et de désespoir qui lui brûlaient les paupières. Il resta silencieux, incapable de dire quoi que ce soit sans hurler et perdre toute maîtrise de lui-même.
Il évita le regard de ses amis, refusant de leur laisser voir l'étendue de sa détresse.

Harry s'avança vers lui, lentement, le visage grave.
— Malefoy...
Il secoua la tête en signe de dénégation, mais le Gryffondor était têtu et il ignora sa détresse.
— Malefoy, Hermione a raison, tu n'es pas seul.

La certitude tranquille de Harry calma brusquement sa colère et il eut l'impression d'être aussi vide qu'une coquille. Il serra les poings et répondit enfin, d'une voix glaciale, détachée de toute émotion.
— Bien sûr. C'est ça ton ambition dans la vie, Potter ? Nous suivre en permanence pour nous protéger ? Nous garder cachés pour que personne ne puisse nous atteindre ? Je ne suis pas sûre d'avoir envie de continuer comme ça.

La main de Hermione se resserra un peu plus sur le poignet de Drago et la jeune femme pensa qu'elle lui laisserait de belles marques rouges. Cependant, elle était terrifiée de sa réaction et de ses paroles. Il semblait avoir abandonné tout espoir.
Harry ouvrit la bouche, mais Hermione secoua la tête vivement pour le faire taire. Puis, elle lui fit signe de s'éloigner.

Ignorant volontairement qu'ils avaient un public, elle se plaça devant lui sans le lâcher, avec lenteur, comme s'il était un animal sauvage qu'il ne fallait pas effrayer. Elle l'attira contre elle, se hissant légèrement sur la pointe des pieds pour entourer son cou de ses bras, massant fermement sa nuque, essayant de l'apaiser.

Il avait fermé les yeux quand elle s'était approchée, mais il les ouvrit brusquement en sentant le contact, pour la fixer, essayant visiblement de comprendre ce qu'elle attendait de lui.

La respiration d'Hermione se coupa pendant une longue seconde au moment où Drago ouvrit les yeux. Ils n'avaient jamais été aussi près l'un de l'autre et elle était fascinée par la couleur de ses yeux. Elle n'avait jamais fait attention à cette teinte d'argent liquide, fascinante.
Ses doigts se firent caressants sur sa nuque, avant de s'aventurer dans ses cheveux.

Elle sentit la tension en lui s'apaiser, tout doucement, alors qu'il la fixait avec un léger froncement de sourcils, en étant cependant plus interrogatif qu'hostile.


Il murmura, hésitant.
— Qu'est-ce que tu fais ?
Hermione cligna des yeux, sans rompre le contact, sans cesser la danse de ses doigts dans son cou. Elle fronça légèrement les sourcils comme si elle réfléchissait avant de faire la moue, perplexe.
— Je ne sais pas. J'essaie de te calmer.

Elle avait chuchoté, un peu hésitante. Puis elle sembla retrouver son courage de Gryffondor et elle redressa les épaules, ses yeux chocolat brillant d'amusement.
— Ça semble fonctionner, tu sembles moins... crispé.

Drago souffla doucement. Il laissa échapper un vague grognement, mais ne put retenir un rictus amusé. Hermione se laissa retomber sur ses pieds, ses mains glissant sur les épaules du Serpentard, sans pour autant s'écarter de lui.

Drago roula des yeux, et s'approcha légèrement d'elle, presque provocant, jusqu'à se retrouver nez à nez avec elle.
— As-tu conscience que nous ne sommes pas seuls dans cette pièce et que deux des personnes présentes sont les plus grandes commères de la maison Serpentard ?

Hermione fronça les sourcils, faisant ricaner le jeune homme.
— Pansy est abonnée à Sorcière Hebdo et adore les potins croustillants. Savoir tout ce qui se passe à Poudlard est presque une mission divine à ses yeux... Et je ne parle même pas de Blaise, qui pourtant cache bien son jeu. Il lui pique ses magasines en douce et colporte les ragots comme personne.

Pour autant, la jeune fille ne chercha pas à s'éloigner. Elle haussa les épaules et marmonna, agacée.
— Et alors ? Je n'ai pas honte d'être vue avec toi !


Se reconstruireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant