Chapitre 21

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Harry avait sa baguette en main, mais elle était pour l'instant pointée vers le sol. Il avait l'air calme et souriant, mais son attitude décontractée était pourtant trompeuse. Hermione voyait clairement ses muscles tendus, signe qu'il était hypervigilant et qu'au moindre geste agressif il redeviendrait ce guerrier redoutable qu'il avait appris à devenir pour survivre.

À l'inverse, Neville brandissait sa baguette sous le nez de l'agresseur de Drago, les sourcils froncés et l'air furieux. Ceux qui pensaient que Neville n'était pas apte à se battre ne l'avaient jamais vu en pleine action. Le garçon un peu mou et effacé se transformait en un combattant redoutable... Après tout, il était celui qui avait tué Nagini, l'immonde serpent de Voldemort et dernier horcruxe.

Enfin, Hermione leva les yeux sur celui qui frappait Drago quand ils étaient arrivés. Elle écarquilla brièvement les yeux avant de sentir la rage couler dans ses veines. Elle montra les dents et serra les poings en l'identifiant, se retenant de lui sauter au visage pour lui arracher les yeux.

Cormac McLaggen.

Cet idiot vociférait en faisant de grands gestes et le mot « Mangemort » revenait bien trop souvent au goût de la jeune fille. Elle voulut se relever pour l'attaquer à son tour et lui faire passer le goût de s'en prendre à ses camarades, mais l'étreinte de Drago l'en empêcha. Il la tenait fermement dans ses bras, contre lui, passant la main dans son dos lentement, sous le regard haineux de McLaggen.

Hermione soupira et cessa de se débattre lorsque Pattenrond vint s'asseoir devant elle, laissant échapper un grognement en fixant McLaggen. Finalement, elle décida d'ignorer cet idiot et elle se tourna vers Drago, se perdant dans son regard gris un long moment avant de murmurer, inquiète.
— Tu vas bien ?

Drago hocha rapidement la tête, mais Hermione avait lu la réponse dans ses yeux. Physiquement, il aurait quelques hématomes, rien de plus, mais il avait surtout été humilié d'être attaqué de cette façon.
Elle fronça les sourcils, prête à insister, mais Harry la fit sursauter en posant une main sur son épaule, prouvant qu'elle était encore bien trop nerveuse.

En regardant autour d'elle, elle vit McLaggen s'éloigner, précédé de Neville et elle laissa échapper un juron, mais Harry leva la main, la rassurant immédiatement.
— Neville va l'escorter chez McGonagall pour discuter de son comportement et pour lui rappeler le règlement de l'école. Cet idiot l'a suivi avec bonne volonté, il est convaincu d'avoir raison. Visiblement, il s'est persuadé que Drago t'avait agressé et il voulait te venger...

Hermione grinça presque des dents et seul l'air agacé de Harry l'empêcha d'exploser à ces mots. Elle ne prit même pas la peine de répondre ou de chercher plus de détails, décidant que c'était stupide.

Elle se releva d'un bond et tendit la main à Drago.
— Tu as besoin d'aller à l'infirmerie ?
Le Serpentard grogna avec agacement, mais sa réaction laissa la jeune fille de glace. Elle attendait toujours sa réponse, main tendue, attendant qu'il la prenne et se redresse.

Sachant qu'elle était particulièrement butée, il prit sa main pour se relever et secoua la tête sèchement. Bien qu'il soit agacé, il répondit avec douceur à Hermione.
— Je vais bien.

Harry claqua la langue et intervint, d'un ton sans appel.
— Tous les deux, vous allez dans la salle sur demande. On vous rejoint.

Il avait fixé Drago en parlant, et ce dernier comprit qu'il n'avait pas le choix, que c'était un ordre. Il se rembrunit, prêt à protester, les yeux brillants de son ancienne combativité, avant de se souvenir qu'il avait perdu beaucoup de droits à cause de ses erreurs.
Poings serrés, il hocha sèchement la tête, résigné.

Hermione lui jeta un regard triste, mais elle ne protesta pas. Elle voulait s'assurer qu'il n'était pas blessé, et elle soupçonnait Harry d'avoir usé de son autorité de sauveur pour le lui permettre. La jeune fille savait parfaitement que son ami n'aimait pas s'imposer de cette façon et qu'il ne l'aurait pas fait s'il avait eu une autre possibilité.

Blaise s'approcha de Drago, mais ce dernier lui lança un regard trahi et s'éloigna d'un pas, furieux.

Harry soupira et se passa la main sur le front. Il ouvrit la bouche, probablement pour se justifier ou pour s'excuser, avant de la refermer. Hermione lui sourit tristement et prit la main de Drago pour le forcer à la suivre.

Le Serpentard résista un bref instant, avant de se laisser faire, avançant avec une grimace, sa démarche indiquant qu'il souffrait des coups qu'il venait de subir. Pattenrond les suivait tranquillement, la queue dressée en point d'interrogation, fier.

Drago laissa Hermione faire les trois allers-retours devant la tapisserie de Barnabas le Follet sans un mot. Ils entrèrent dans une pièce ressemblant à une salle commune, sans pour autant qu'il y ait de couleurs rappelant leurs maisons. Ni rouge ni vert, juste des teintes douces, presque apaisantes.

Il resta debout, à l'entrée, sans un mot, hésitant. Finalement, il grogna, agressif.
— À croire que tu ne peux plus te passer de moi !
Hermione rougit, mais en bonne Gryffondor elle lui fit face, évitant juste son regard. Elle devinait qu'il se montrait volontairement abrupt pour qu'elle se mette en colère et le rejette, mais elle ne comptait pas entrer dans son petit jeu. Fièrement, elle posa les mains sur ses hanches et leva le menton.
— Où es-tu blessé ?

Conscient qu'il n'aurait pas gain de cause, il plissa le nez.
— Ce ne sont que quelques bleus. Pas de quoi fouetter un niffleur !

Elle rougit un peu plus, mais cette fois, ce n'était plus de gêne. Juste d'agacement, par sa mauvaise volonté et son refus d'accepter son aide.
D'un ton coupant, elle insista.
— Dans ce cas, montre-moi !

Drago soupira en roulant des yeux, puis il afficha un rictus mauvais, répondant d'un ton provocant.
— Tu veux que je me déshabille devant toi, Granger ?

Cette fois, les yeux chocolat lancèrent des éclairs. Il n'y avait aucune trace de gêne dans l'attitude d'Hermione et Drago ne put que se sentir amusé de sa réaction. Il admirait également sa force de caractère et son comportement le renseignait sur la façon dont elle avait pu supporter ses deux complices toutes ces années...

Elle serra le manche de sa baguette un peu plus fort dans sa main et plissa les yeux, comme si elle le défiait de continuer à faire preuve de mauvaise volonté.

Se reconstruireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant