Chapitre 43

687 53 1
                                    


Ce n'était qu'une pression de leurs lèvres au début. Ce n'était pas vraiment un baiser à proprement parler, et Harry recula presque aussitôt, fixant Théo et attendant sa réaction.
Ce dernier lui caressa la joue, sa main tremblant légèrement, tout aussi incertain.
— Je ne vais pas te repousser.

Harry hocha la tête, avec un léger sourire, rassuré. Cette fois, ce fut Théo qui s'approcha et leurs lèvres s'effleurèrent avec hésitation d'abord, puis avec plus d'assurance.
Lorsqu'ils se séparèrent, Harry cligna des yeux, tandis que Théo laissait échapper un léger rire.
— Wow...
Ils s'étreignirent longuement, sans sentir le froid, ni même se rendre compte qu'il s'était remis à neiger.

Harry murmura.
— Je crois que c'est le plus beau Noël de ma vie.
Théo hocha la tête, regardant d'un air émerveillé le garçon qui avait bouleversé sa vie.
— Moi aussi. Et de très loin.


Hermione avait retenu Drago près d'elle, laissant Neville, Pansy et Blaise prendre un peu d'avance. Lorsqu'elle fut certaine que personne ne l'entendrait, elle murmura, hésitante.
— Tu crois que les Serpentard accepteraient que je... dorme dans votre maison ?

Drago haussa un sourcil moqueur, même si ses joues avaient pris des rougeurs. Hermione rougit elle aussi, malgré elle, et elle grogna en le bousculant légèrement.
— Ne te fais pas d'idées, stupide serpent !
Drago protesta pour la forme.
— Ne me confonds pas avec un Gryffondor...

Hermione soupira.
— Tu vas être intenable, pas vrai ? Juste... je n'ai pas fait de cauchemars avec toi et... je voulais...
Elle se tut, hésitante, mais Drago sourit, cette fois sans moquerie ou provocation.
— Moi aussi j'ai bien dormi avec toi. Et non, personne ne t'en empêchera... Je suppose qu'ils seront flattés que tu... viennes dans notre maison alors que nous sommes tous vus comme... des criminels.

Hermione se blottit dans ses bras avec un soupir soulagé.
— Parfait alors.


**


Hermione pensait que la première attaque viendrait de Ginny Weasley. Après tout, Pattenrond hérissait le poil lorsqu'il la voyait et la sœur de Ron était plutôt furieuse après elle.
Elle imaginait que Ginny verrait sa relation avec Drago Malefoy comme une trahison de plus, alors qu'elle la rendait déjà responsable de l'éloignement de Harry...

Pourtant, la jeune fille s'en tenait à des regards noirs et des marmonnements furieux dès qu'Hermione était dans son champ de vision.

Harry, pour sa part, ne semblait pas inquiet, mais il n'avait jamais été du genre prudent. Sans compter que son meilleur ami était bien trop occupé à flirter gentiment avec Théo Nott pour s'occuper de ce qui les entourait...

Même si la jeune fille essayait de cacher sa nervosité, Drago sentait son agitation et la regardait avec inquiétude — et une pointe de résignation comme s'il s'attendait à ce qu'elle change subitement d'avis à son sujet. Elle avait envie de le rassurer, mais son instinct lui hurlait de se méfier... Son instinct et la nervosité de Pattenrond.

La jeune fille avait pris l'habitude de dormir dans la maison Serpentard, dans les bras de Drago depuis le jour de Noël. Elle se doutait que les professeurs n'étaient pas dupes, mais personne ne leur fit la moindre réflexion, lui donnant implicitement l'autorisation de continuer. Hermione supposait que tant que personne n'irait se plaindre, ils fermeraient les yeux sur la situation... Après tout, ils avaient survécu à une guerre et avaient dû grandir bien trop vite alors il serait idiot de les traiter à nouveau comme des enfants après les avoir envoyés au front...


Épuisée par cette vigilance constante — le souvenir de Maugrey Fol'Oeil lui rappelait en permanence que le danger pouvait être partout — Hermione finit par relâcher son attention.
Après tout, les cauchemars s'éloignaient dans les bras de Drago et elle se sentait mieux. Enfin, elle parvenait à regarder vers l'avenir, se laissant aller à tomber amoureuse de Drago tout en commençant à profiter pour de bon de la vie.

L'attaque les prit par surprise.

Ils étaient un peu en retard et se dépêchaient, se chamaillant gentiment en riant. Si Drago avait encore parfois une ombre dans son regard gris, il allait mieux. Il avait repris du poids, il dormait mieux et souriait plus. Sa culpabilité n'était plus aussi étouffante et il commençait à doucement se pardonner.
Hermione se sentait moins oppressée, alors que son esprit prenait enfin conscience que le danger n'était plus aussi présent. Elle sursautait encore, beaucoup trop, mais elle réapprenait à se laisser aller.

Le premier sort toucha Drago à l'épaule, venant de leur dos. Un sort de découpe qui le fit trébucher et coupa la chair.
Avant même de comprendre, Hermione avait sa baguette en main, reculant contre le mur avec Drago pour assurer leurs arrières.

Drago semblait furieux d'avoir été surpris, et il tenait lâchement sa baguette alors que le sang gouttait le long de son bras tendu. Il essayait de garder Hermione en relative sécurité sans pour autant l'empêcher de se battre : non seulement elle était une excellente combattante, mais elle le démembrerait probablement s'il s'avisait de la traiter comme une porcelaine fragile...

Il ne s'occupa pas vraiment de leur agresseur, après tout, la majorité de l'école voulait sa mort — ou au moins son envoi à Azkaban. Par contre, Hermione hoqueta, stupéfaite, alors qu'elle fixait celui qui les tenait en respect, du bout de sa baguette tremblante.
— Dennis Crivey !

Drago fronça les sourcils en dévisageant l'avorton blond, qui semblait prêt à fondre en larmes tout en leur jetant des regards pleins de haine... un dangereux mélange. Le gamin s'agrippait à un appareil photo cabossé comme si sa vie en dépendait et il se souvint de son frère, celui qui prenait des photos de Harry Potter dès qu'il en avait l'occasion. Il supposait qu'il était mort finalement, puisque son précieux appareil était désormais entre les mains de son petit frère.

Il eut vaguement pitié de lui, jusqu'à ce qu'il commence à les insulter. Visiblement, il tenait Drago pour responsable de la mort de son frère — alors même qu'il n'avait jamais eu à tuer à son grand soulagement — et accusait Hermione de se corrompre avec un Mangemort.
Les mots trouvèrent un douloureux écho en Drago et il resta silencieux, s'assurant juste que si l'avorton jetait un sort il serait sur sa trajectoire, afin d'épargner Hermione.


Un bref instant, il crut que le gamin allait se contenter de déverser tout son chagrin et sa haine sur eux avant de repartir. Mais visiblement, Dennis Crivey avait assez de Gryffondor en lui pour le pousser à des actions irréfléchies. Comme attaquer dans un couloir désert, avec l'intention manifeste de venger la mort de son grand frère adoré.

Se reconstruireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant