chapitre 4

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En s'installant à la table Gryffondor, elle constata les places laissées vides, pour tous ceux qui n'avaient pas voulu revenir, ou ceux qui étaient morts. Les larmes lui brûlèrent les yeux en se rendant compte du nombre d'absents et elle vacilla, horrifiée. Elle nota que plusieurs d'entre eux — toutes maisons confondues — semblaient aussi désemparés qu'elle, en dehors des plus jeunes.

Neville lui adressa un sourire crispé en se plaçant face à elle et elle se détendit légèrement. Dean arriva à son tour, puis Seamus. Parvati hésita et s'installa près d'eux, regardant tristement la place face à elle où Lavande ne prendrait plus jamais place. La jeune fille avait été tuée sous les crocs de Greyback.
Un peu plus loin, le plus jeune des frères Crivey, Dennis, semblait minuscule et perdu, tout seul, le visage triste, accroché à l'appareil photo cabossé qui avait appartenu à Colin.

Hermione ferma les yeux de toutes ses forces pour ne pas se mettre à pleurer. Elle commençait à regretter d'être revenue, maintenant que plus rien n'était pareil. Elle avait pensé se plonger dans les cours et se préparer pour les examens sans se douter que les souvenirs auraient un tel impact sur elle.


Lorsqu'elle rouvrit les yeux, son regard se porta sur la table des Serpentard. Ils étaient tous silencieux, recroquevillés comme pour se faire plus petits, pour ne pas se faire remarquer.
Elle vit Malefoy, pâle et amaigri, des ecchymoses bleuissant sur son visage. Zabini était près de lui, l'air inquiet et regardant autour de lui nerveusement. Nott avait un bras dans une attelle et avait la tête baissée, fixant son assiette vide. Parkinson sursautait à chaque bruit un peu fort et ne semblait plus aussi sûre d'elle qu'autrefois. Il manquait Crabbe et Goyle. L'un était mort, consumé par son propre feudeymon. L'autre était à Azkaban, ayant participé avec joie à la bataille, aux côtés de ses parents. Pour lui, il n'y avait pas eu de clémence, puisqu'il n'avait jamais tenté de changer...

Voyant où son regard portait, Neville soupira et fit une grimace triste.
— Les Serpentard ont... subi pas mal d'agressions cet été. À cause de leur nom, de leur maison... Grand-mère en a parlé à la maison.

Hermione battit des cils, incrédule.
— Quoi ? Mais ils... ils n'avaient rien fait !

Ginny était arrivée à leur hauteur et son visage se tordit en une grimace de haine alors qu'elle intervint, d'une voix acide.
— Excepté Malefoy. Ce sale Mangemort aurait dû pourrir à Azkaban.


Il y eut un lourd silence à la table puis Neville reprit la parole, plus assuré qu'il ne l'avait jamais été, montrant enfin qu'il était loin d'être le cracmol que tout le monde imaginait.
— Harry lui-même a témoigné pour lui et il a eu raison. Il n'a pas eu le choix.

Ginny sembla prête à protester, mais Neville reprit tranquillement.
— Toi, tu as tes parents, près de toi. Pour te protéger. Ils se battaient, mais ils n'ont jamais été autant en danger que ceux de Malefoy. Nous... Harry, Hermione et moi, nous n'avons plus rien. Et je peux t'assurer que nous aurions vendu notre âme au diable pour protéger nos parents. Pour avoir la chance de pouvoir les garder en vie ou près de nous.

Hermione hocha la tête, songeuse. Harry avait tenté de lui expliquer pourquoi il défendait Malefoy, mais elle n'avait pas vraiment compris, à l'époque. Les arguments de Harry étaient plutôt confus et elle avait cru que c'était une preuve de plus de son obsession pour leur camarade, comme durant leur sixième année.
Mais les mots de Neville l'avaient percutée et avaient rendu les choses plus claires. Elle avait effacé la mémoire de ses parents pour les sauver, elle avait disparu de leurs vies et elle les avait probablement perdus à jamais.
Elle se doutait que pour profiter d'une enfance entourés de leurs parents, Harry et Neville auraient été prêts à beaucoup de sacrifices, sans même avoir à y réfléchir.
Malefoy avait été prêt à tout lui aussi. Il avait pris la marque et il avait accepté la pire mission qui soit — même s'il n'était pas parvenu à tuer.

Ginny renifla avec mépris et s'installa un peu à l'écart, visiblement furieuse. Elle ne parlait plus vraiment à Hermione depuis que cette dernière avait rompu avec Ron. Ginny semblait penser que c'était lié au fait que Harry ne semblait pas vouloir d'elle dans sa vie... et elle en gardait une rancune tenace à son ancienne amie.

Dean jeta un long regard à la rouquine — visiblement il éprouvait encore quelque chose pour elle — alors que Seamus gloussait, moqueur.
— Quelqu'un n'a pas apprécié que Harry intervienne, on dirait...

Hermione hésita puis murmura.
— On devrait... faire quelque chose. Pour... les aider.

Neville sourit tranquillement et hocha la tête, ne semblant pas vraiment surpris de la réaction d'Hermione.
— Évidemment. C'est à nous de montrer l'exemple.
Parvati hésita brièvement avant de soupirer en haussant les épaules.
— Probablement. Ça ne coûte rien de se montrer polis avec eux.

Leur groupe échangea des regards entendus, légèrement soulagés : ils avaient un but, pour l'année qui venait. Rien de moins qu'apaiser les relations avec les Serpentard.

Très occupée entre les cours qu'elle suivait avec attention et ses tentatives d'apprivoiser des Serpentard méfiants, Hermione mit presque un mois avant de se rendre compte que Pattenrond disparaissait parfois pendant des heures avant de revenir tranquillement, apparaissant de nulle part.
Au début, la jeune fille ne s'en soucia pas vraiment. Son animal de compagnie avait toujours été particulièrement indépendant. Il allait et venait, trouvant toujours le moyen de circuler malgré le tableau de la grosse dame qui fermait l'accès à la tour Gryffondor. Il était toujours là, près d'elle, à l'heure du couvre-feu, et ça lui convenait parfaitement.

Cependant, à force de sentir une odeur étrangère sur lui, elle commença à se poser des questions.

Lorsqu'elle le prenait dans ses bras, elle sentait un parfum étranger sur lui. Un parfum définitivement humain et probablement masculin. Un mélange légèrement épicé qui lui semblait familier, sans qu'elle ne puisse l'identifier avec certitude.

Elle avait cru à une coïncidence, peut-être que Pattenrond s'était frotté contre quelqu'un ou qu'il avait été câliné ?
Mais jour après jour, il disparaissait et revenait, sentant toujours ce même parfum.


Elle s'installa dans la salle commune, caressant distraitement la fourrure de Pattenrond, les sourcils froncés, fixant le feu dans la cheminée. Elle sursauta lorsque Neville se laissa tomber dans le fauteuil voisin et elle cacha sa frayeur sous un rire nerveux.
— Tu as l'air préoccupé, Hermione.
Elle soupira et hocha la tête, avant d'avouer, d'un air sombre.
— Pattenrond voit quelqu'un d'autre.


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