Chapitre 23

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Drago sursauta, revenant brutalement à la réalité, et recula, mais pas assez rapidement pour échapper au regard acéré de Blaise. Aussitôt, son ami eut un large sourire moqueur, promettant de longues heures de taquineries.

Il roula des yeux et croisa les bras sur sa poitrine, agacé, mais regrettant déjà leur arrivée. Il savait que ce n'était pas la peine de donner des explications, ça ne ferait qu'attiser la curiosité de Blaise et il serait d'autant plus pénible.

Harry Potter entra le dernier, puis ferma la porte tranquillement. Enfin, il s'installa sur un fauteuil avec un soupir satisfait.
— McLaggen est renvoyé pour le reste des vacances de Noël. Et il aura quelques heures de retenues avec Rusard à son retour pour lui rappeler que la guerre est terminée et qu'il est interdit d'agresser ses camarades.

Drago écarquilla les yeux, surpris. Il n'avait pas imaginé que la directrice se donnerait la peine de punir son agresseur. Après tout, il était un ancien Mangemort, il avait causé pas mal de problèmes dans le passé... Il savait que McGonagall ne l'aimait pas et il aurait pensé qu'elle ne perdrait pas la moindre occasion de l'humilier un peu.

Mal à l'aise, il préféra se montrer brusque et changer de sujet, refusant de montrer ses faiblesses.
— Pourquoi voulais-tu qu'on vienne ici, Potter ?

Théo hoqueta, et lui lança un regard noir, n'appréciant visiblement pas son comportement. Blaise pinça les lèvres et secoua la tête, plein de désapprobation. Cependant, Drago resta de marbre, se moquant bien de leur avis. Les autres... ils le connaissaient puisque personne ne sembla choqué ou surpris de sa façon de parler. Ce constat le fit se sentir encore plus misérable... Non seulement Potter et sa bande venaient à son secours, mais ils ne s'étonnaient pas de sa réaction stupide.

Hermione lui jeta un regard en coin sans la moindre animosité et elle l'appuya, les bras croisés sur sa poitrine.
— Oui, je suis curieuse de savoir pourquoi nous sommes tous ici !

Harry sourit tranquillement, n'étant pas le moins du monde impressionné. Il prit son temps avant de répondre, amusé.

— J'ai pensé que pour le reste des vacances de Noël, nous pourrions utiliser la salle sur demande comme dortoir. On peut inviter Luna aussi, et Dean et Seamus. Enfin, tous ceux qui seront d'accord pour... se côtoyer de cette façon.

Théo dévisagea le Gryffondor, visiblement surpris.
— Mais pourquoi ?
Le Gryffondor rougit doucement et redressa la tête, ses yeux verts brillant de détermination.
— D'abord, pour mieux se connaître. Je crois que... qu'on s'apprécie plutôt...

Il eut une hésitation, marqua une pause en se mordillant la lèvre, puis reprit alors qu'ils étaient tous attentifs.
— Et puis j'ai pensé que passer Noël ensemble serait plus agréable, plus... joyeux. L'an prochain, nos maisons n'auront plus la même signification, nous serons dans la vie réelle, loin de Poudlard. Alors on peut commencer à... je ne sais pas... ça peut être une tradition ? Se retrouver entre amis pour Noël ?

Hermione grimaça, un peu hésitante, même si l'idée de Harry était séduisante.
— Harry... Je ne suis pas certaine que la directrice soit...
Harry la coupa immédiatement, avec son sourire de gamin, visiblement content de son petit tour.
— Elle est au courant et elle est d'accord. Elle pense que ça peut... aider. Visiblement, c'est à nous de montrer l'exemple aux autres, alors... tant qu'on ne se bat pas, ça lui va. Après tout, on est majeurs...

Drago resta silencieux, stupéfait de découvrir que ses amis semblaient plutôt enthousiastes à l'idée. Il hésita à protester — plus pour la forme qu'autre chose — avant de soupirer, se souvenant qu'il n'avait plus vraiment le droit de donner son avis. Après tout, il était le seul ancien Mangemort à Poudlard et il était conscient de la chance qu'il avait eue d'échapper à Azkaban.

Aussi, il s'écarta sans un mot et il s'isola dans un coin de la pièce, se laissant tomber sur un siège à l'écart des autres. Aussitôt, Patterond le rejoignit et sauta souplement sur lui. Le jeune homme ne put s'empêcher de sourire tout en le câlinant. Qu'il soit l'animal de compagnie de Hermione Granger ne changeait rien au fait qu'il adorait ce chat.

L'animal était un jour apparu de nulle part alors qu'il s'était isolé pour laisser libre cours à son désespoir. Même s'il était en disgrâce, un reste de fierté l'empêchait de montrer à ses camarades à quel point il se sentait mal et il profitait des salles de classe désertes pour craquer loin de tout regard.
Le premier jour, il avait repoussé ce gros chat orange, refusant le moindre réconfort. Puis, il s'était habitué à le voir arriver. S'il devait le décrire, il dirait qu'il était laid et têtu... mais d'un ton affectueux.
Drago appréciait le voir, passait du temps à le câliner et à lui parler, lui ouvrant son cœur sans la moindre hésitation. Il ne s'était jamais montré aussi bavard avec qui que ce soit, mais ce chat arrivait à briser toutes ses défenses avec ses ronronnements bruyants et sa façon de se frotter contre lui.
En cachette, il achetait des friandises pour lui, pour le remercier d'être présent. Il se doutait qu'il appartenait à un élève de Poudlard — ou à un professeur — et qu'il ne le verrait plus à la fin de l'année... et cette idée lui brisait littéralement le cœur.

En passant la main dans les poils épais, Drago secoua la tête avec amusement en pensant que ce n'était pas surprenant qu'il soit le chat d'un Gryffondor. Ce foutu chat était lui-même un Gryffondor, rien que par son entêtement à venir encore et encore le voir, à ne jamais renoncer à le consoler, à toujours se trouver présent pour lui.


Harry s'approcha du Serpentard boudeur, profitant que le reste du groupe soit occupé à discuter de son idée, avec un léger sourire et il s'installa face à lui, tranquillement.
— Ça va ?
Drago le dévisagea attentivement, mais il savait que ce fichu sauveur était sincère. Il haussa les épaules et eut un mince sourire moqueur.
— Je survivrai.

Harry hocha doucement la tête, puis hésita un instant en regardant autour d'eux, comme pour s'assurer que personne ne les entendait. Drago se crispa légèrement, pressentant qu'il n'allait pas aimer ce qui allait suivre. Il imagina que Saint Potter allait lui demander de rester à l'écart de sa précieuse amie, pour la préserver de sa présence toxique.
Cependant, lorsque Harry parla, il resta silencieux et immobile, figé par la surprise.

Se reconstruireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant