Chapitre 17

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Drago lui adressa un clin d'œil complice et elle ne put s'empêcher de rougir, sans savoir exactement pourquoi. Elle connaissait Drago depuis des années, elle l'avait vu grandir tout comme lui l'avait vue grandir. Elle ne s'était jamais posé la question de savoir s'il était séduisant, mais en cet instant, elle nota qu'il avait un sourire magnifique. Il avait une petite fossette lorsqu'il riait sans contraintes et il semblait... espiègle.
Son cœur rata un battement lorsqu'elle se rendit compte de la direction que prenaient ses pensées et elle ferma un instant les yeux. Une petite voix raisonnable lui assura que Drago Malefoy était vraiment attirant, mais qu'il était ce garçon pénible qui l'avait traité de Sang-de-bourbe.
Immédiatement, elle objecta mentalement. Drago Malefoy avait peut-être été un sale gosse, mais il était différent. Il était brisé et personne ne méritait d'être abandonné dans cet état. Il avait besoin d'aide, mais il était trop fier pour le demander.


Il reprit tranquillement.
— Donc. Tu les suivais pour sauver les points de ta maison. Tu vois, tu avais un intérêt à te rapprocher d'eux, toi aussi. La seule différence, c'est que nous, Serpentard, nous ne nous cachons pas d'avoir des arrière-pensées.

Hermione ouvrit la bouche pour protester, outrée qu'il puisse penser que leur amitié n'était pas réelle, mais il leva immédiatement la main pour la stopper, ses yeux brillant d'amusement.
— Avant de me sauter à la gorge, je ne dis pas que ce n'est pas sincère entre vous. J'ai vu à quel point vous étiez...
Drago marqua une pause et ferma les yeux, avec une grimace. Hermione comprit immédiatement ce qu'il évoquait. Le jour où ils avaient été traînés au Manoir Malefoy et où elle avait été torturée.
Elle lui posa la main sur le bras et il reprit, d'une voix hachée.
— J'ai vu ce que vous étiez prêt à faire pour vous protéger mutuellement.

Hermione cligna des yeux et hocha la tête, comprenant soudain ce que Drago essayait de lui faire comprendre au sujet de Blaise Zabini. Elle murmura.
— D'accord. Blaise a besoin de Harry pour quelque chose, mais il est probablement sincère au sujet de leur amitié.
— Voilà.
— J'en reviens donc à ma proposition : veux-tu m'aider à découvrir ce qu'ils fabriquent tous les deux ?

Drago eut un léger sourire.
— Pourquoi ?
Hermione fronça les sourcils, en le dévisageant. Il semblait plus détendu et il y avait une lueur d'intérêt dans son regard. Comme elle ne répondait pas, il insista et précisa sa question.
— Pourquoi tu veux savoir ce qu'ils préparent ? Tu n'as pas confiance en Potter ?

La jeune fille sursauta et écarquilla les yeux, puis elle secoua vivement la tête, protestant immédiatement, outrée.
— J'ai confiance en lui ! Totalement !
Drago se pencha un peu vers elle, ses yeux brillant d'amusement, reprenant vie alors qu'ils se confrontaient l'un à l'autre. Il n'était pas impressionné par la colère de la Gryffondor, prêt à la pousser à bout encore et encore avec un sourire tranquille.
— Alors pourquoi tu le suis ? Si tu as confiance ?

Hermione le repoussa d'une bourrade, les sourcils froncés.
— Ça n'a rien à voir ! C'est juste que...
Elle croisa le regard du Serpentard qui la regardait calmement, attendant sa réponse. Il était totalement concentré sur elle et une lueur de vie était revenue dans ses yeux.
Inexplicablement, elle sentit une boule de chagrin obstruer sa gorge et elle cligna fébrilement des yeux pour chasser les larmes prêtes à déborder. Elle tremblait nerveusement, prête à craquer, et elle prit une inspiration hachée en essayant de se calmer.

Elle n'aurait jamais cru lire un intérêt sincère pour elle dans les yeux de Drago Malefoy. Elle n'aurait jamais imaginé qu'il puisse être si patient avec elle. Visiblement, son insistance n'était pas pour se moquer d'elle, comme autrefois.

Hermione ouvrit et referma la bouche, indécise. Drago se pencha un peu plus vers elle et elle se perdit dans ses yeux gris.

Une fois de plus, les souvenirs remontèrent à la surface. Elle pouvait presque entendre le rire fou de Bellatrix et la douleur du poignard sur la peau tendre de son avant-bras. Figée, elle ne pouvait pas bouger, ni s'écarter, ni détourner les yeux.

Le regard gris avait été la seule chose qui lui avait permis de ne pas devenir folle ce jour-là. Face à lui, elle se sentait étrangement démunie, comme s'il pouvait lire son âme.

Une larme roula sur sa joue et elle hoqueta. Drago ne bougea pas, attentif. Quelques secondes de plus suffirent pour qu'elle craque et laisse échapper un cri de colère et de désespoir mêlés.
— J'ai peur ! Ça te va ? J'ai peur qu'il s'attire encore des ennuis ! Qu'il soit en danger une fois de plus !

Elle commença à sangloter, reniflant misérablement et laissant échapper ce qui la hantait.
— Harry est tout ce qui me reste. S'il lui arrivait quelque chose... je ne pourrais pas le supporter. Il ne peut pas s'empêcher de s'attirer des ennuis, de se retrouver en danger. Il ne se rend pas compte... il ne se rend pas compte à quel point j'ai besoin de lui...

Drago gigota inconfortablement. Il n'était pas du genre à savoir consoler et il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il devait dire. Voir Hermione Granger dans cet état était déstabilisant, elle toujours si directive et si maîtresse d'elle-même.

Il laissa échapper finalement la première chose qui lui passait par la tête, maladroitement.
— Tu es amoureuse de lui ?

Sa question posée innocemment interrompit net les pleurs d'Hermione. Elle le fixa longuement, bouche ouverte, les joues trempées de larmes, visiblement sous le choc.

Inquiet, Drago tendit la main vers elle, mais n'osa pas terminer son geste et il se contenta de murmurer son prénom, d'un ton incertain.
Avant qu'il ne puisse le répéter, elle laissa échapper un léger gloussement nerveux. Elle tenta de se reprendre, mais ses sanglots devinrent un fou rire impossible à réprimer, sous l'œil rond de Drago.


Drago laissa Hermione rire aux éclats quelques instants, avant de claquer la langue, impatient et un peu inquiet de cette soudaine hystérie.
— Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle !

Son ton vexé tira un nouveau gloussement de Hermione, mais elle ferma les yeux pour se calmer. Après quelques secondes de silence, respirant profondément, elle réussit à reprendre son calme, même si ses mains tremblaient légèrement.
Pattenrond s'approcha et l'aida en venant se frotter contre elle, lui permettant de prendre pied dans la réalité en s'accrochant à la fourrure épaisse. L'animal fixa Drago comme pour le mettre en garde, pour qu'il ne blesse pas sa maîtresse adorée.


Se reconstruireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant