Se reconstruire

Chapitre 41

Personne ne manqua le geste de Drago et Pansy fut la première à réagir avec un cri stupéfait. Hermione cligna des yeux, perplexe, tenant la broche comme s'il s'agissait d'un objet fragile, regardant autour d'elle, espérant une explication.
Drago restait silencieux, un peu nerveux, mais cachant ses sentiments derrière une expression neutre. Il attendait une réaction, n'importe laquelle, avec un calme de façade impressionnant.

Harry se leva, curieux, entraînant Théo avec lui qui se laissa faire de bonne grâce. Le Gryffondor se pencha vers Hermione pour observer son cadeau avec attention, mais ce fut Théo qui expliqua aux Gryffondor la portée du geste de Drago, d'un ton légèrement admiratif du soudain courage de son camarade.
— Ce sont les armoiries de la famille Malefoy. C'est la preuve que tu es acceptée dans cette famille et que tu es protégée par leurs membres. Dans les traditions Sang-Pur, c'est une grande marque de confiance.

Il y eut un lourd silence et le visage de Drago se ferma, pensant qu'il allait être rejeté. Mais Hermione accrocha la broche sur son chemisier, les mains tremblantes, en le fixant droit dans les yeux, pour lui montrer à quel point son geste la touchait. Ce fut Harry qui l'aida à fermer le bijou correctement, avec un sourire complice, ravi pour sa meilleure amie.

Drago n'osait plus bouger, un peu perdu, surtout lorsqu'Hermione le remercia avec des yeux pleins de larmes. Il la prit dans ses bras pour la serrer contre lui et Harry hocha la tête en lui adressant un clin d'œil amical, avant de s'écarter pour leur laisser un peu d'intimité.

Ce fut à cet instant que le Serpentard comprit ce qu'Hermione avait tenté de lui expliquer inlassablement. Finalement, il avait peut-être un avenir, bien plus plaisant que ce qu'il imaginait.
Il rencontra les yeux de Théo et il put y lire le même espoir, le même soulagement, comme s'ils avaient enfin trouvé leur place dans le monde.

Il y eut encore des cadeaux, pour les uns comme pour les autres. Des friandises, quelques farces venant du magasin des Weasley. Ce n'était que des cadeaux symboliques, mais qui signifiaient bien plus pour les Serpentard que les présents coûteux auxquels ils étaient habitués de la part de leurs parents.
La journée se déroula dans la bonne humeur, alors que des liens d'amitié — ou plus — se tissaient.

Le dîner arriva rapidement, puis l'heure de se coucher. Cette fois, personne n'hésita. Une fois en pyjama, Hermione rejoignit Drago dans son lit avec un air décidé, défiant quiconque de faire le moindre commentaire. Elle se glissa dans les bras du jeune homme et ce dernier la serra contre lui, enfouissant son visage dans ses cheveux fous.
Harry s'installa près de Théo et le Serpentard se rapprocha un peu, jusqu'à ce que leurs matelas soient collés l'un à l'autre.
Les deux garçons s'endormirent rapidement, tournés l'un vers l'autre, main dans la main.

Aucun cauchemar ne les dérangea cette nuit-là.

Lorsqu'elle ouvrit les yeux, Hermione pensa qu'il était étrange de se réveiller dans les bras de quelqu'un. Mais c'était agréable de se retrouver tout contre Drago Malefoy, leurs jambes entremêlées.
Elle avait l'impression que leurs cœurs battaient à l'unisson et sa respiration lente et paisible la berçait.

Clignant des yeux, elle se laissa aller à une somnolence agréable, blottie dans sa chaleur. Elle aurait aimé que cet instant dure le plus longtemps possible, mais en entendant les autres commencer à bouger, elle sut qu'il allait rapidement s'éveiller.

En sentant l'étreinte de Drago se resserrer autour d'elle, elle soupira de satisfaction. Même s'ils auraient encore des moments difficiles tous les deux, à cause de leurs souvenirs et de leurs traumatismes, c'était un soulagement bienvenu.

Ils profitèrent de leur matinée tranquillement, personne n'était vraiment pressé de retourner au milieu des autres élèves. Ils savaient que tout le monde n'était pas d'accord avec leur envie d'apaiser les anciennes tensions et qu'ils auraient probablement à faire face à des reproches, à des comportements comme celui de McLaggen.

Finalement, il fut temps de revenir à la vie quotidienne, la trêve de Noël offerte par Minerva prenant fin. En sortant de la salle sur demande, Drago tenta de s'éloigner d'Hermione, mais elle le retint et enlaça leurs doigts avant de lui lancer un regard déterminé.

Le Serpentard hésita, mais Pattenrond passa entre ses jambes pour se poster à ses côtés, la queue dressée, le regard fier. Malgré lui, il sourit, et laissa la lionne faire à sa convenance. De toute façon, elle était bien trop têtue pour qu'il perde son temps à lutter contre elle...

Le jeune homme crut réellement que personne ne ferait attention à eux finalement. Ils avançaient en un petit groupe compact dans les couloirs et au début, aucun de leurs camarades ne sembla leur prêter attention.
Les plus jeunes élèves ne semblaient pas tenir la même rigueur aux Serpentard que les autres, comme s'ils avaient été trop jeunes pour réellement comprendre leur rôle passé. Cependant, ils firent face rapidement à quelques regards noirs.

Hermione lui serra un peu plus la main, en le regardant avec un sourire.
— Ignore-les. Ils ne savent pas ce qu'on a vécu.
Le cœur de Drago battit un peu plus vite dans sa poitrine, alors qu'il serrait un peu plus sa main.

Toute sa vie, le jeune homme avait cru que son statut social, que la pureté de son sang, lui offrirait le meilleur. À une époque, il estimait que tout lui était dû. La guerre avait balayé ses croyances, mais aussi ses espoirs, lui faisant comprendre de la plus dure des façons qu'il avait tout perdu.
Pourtant, en cet instant, il s'estimait le jeune homme le plus chanceux au monde.

Il lui avait fallu tout perdre pour se rendre compte que le plus précieux n'était pas matériel, qu'il s'agissait juste de la confiance d'une jeune femme, d'une main tendue.

Juste devant eux, Harry avait le visage fermé, collé contre Théo, et ses yeux couleur d'Avada défiaient quiconque de faire la moindre réflexion.
Neville fermait la marche, encadré de Blaise et Pansy, regardant autour de lui. Si autrefois, avant la bataille, personne ne se méfiait de lui, ses exploits pendant la bataille de Poudlard lui avaient donné une aura héroïque, bien loin de la réputation de timide ou peureux qu'il avait eue au début de sa scolarité...