Chapitre 33

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Ils étaient restés longuement sans parler, Hermione agrippée à Drago comme si elle craignait qu'il prenne la fuite.
Après avoir bâillé malgré elle, elle avait doucement poussé Drago pour qu'il s'allonge sur son matelas, avant de se blottir contre lui avec un soupir satisfait.

Une fois encore, il s'était raidi, puis il avait tenté de protester.
— À quoi tu joues, Hermione ?
Elle avait soupiré en le serrant un peu plus contre elle.
— Je ne joue pas. Je...


Frustrée, Hermione s'était interrompue avant de grogner.
— On n'est pas obligés de se poser des questions, non ?

Drago était resté si longtemps silencieux que Hermione pensa qu'il avait enfin abdiqué, et qu'il allait profiter de leur étreinte pour passer une nuit paisible. Elle était certaine que les cauchemars se tiendraient à distance, s'ils étaient ensemble.
Cependant, après un long moment, il soupira.
— Et que vont dire les autres ? Je ne veux pas... te poser des problèmes.

Elle laissa échapper un rire incrédule, et elle se redressa à demi pour surplomber Drago. Il ne voyait peut-être pas son expression furieuse et ses yeux brillants de colère, mais sa silhouette au-dessus de lui devait être une bonne indication de son humeur.
— Me poser des problèmes ? Pour quelle raison ? Je suis assez grande pour prendre mes décisions, pour choisir mes relations. Personne n'a quoi que ce soit à me dire !

Drago soupira, mais il n'était pas vraiment convaincu. Cependant, il n'était pas stupide au point de pousser Hermione à bout et il préféra garder un silence prudent. La jeune fille hocha la tête, satisfaite de sa reddition, puis se réinstalla avec un soupir contre lui, posant sa tête sur sa poitrine, tout contre son cœur.
Malgré lui, son souffle devint chaotique et son cœur se mit à battre la chamade et il referma ses bras sur elle en fermant les yeux.


Il sentit Pattenrond sauter sur ses jambes, et il eut un sourire. Le chat tourna sur lui-même quelques fois, cherchant visiblement la meilleure place, avant de se laisser tomber et de s'étirer de tout son long, couvrant leurs jambes entremêlées.

Puisqu'Hermione n'avait pas levé l'assurdiato, ils étaient dans leur bulle, isolés de leurs camarades et Drago ferma les yeux un instant, avant de décider que si le bonheur existait vraiment, il devrait ressembler à ça.
Il était au chaud, il tenait Hermione Granger dans ses bras, après qu'elle l'eut embrassé, et le foutu chat qui venait le consoler était là, sur eux, comme une couverture vivante.

Même si elle ne bougeait pas, Hermione ne dormait pas pour autant. Elle somnolait légèrement, mais elle était attentive à la respiration de Drago, au rythme de son cœur.
Elle laissait ses pensées dériver, agréablement. En cet instant, la guerre n'existait plus. Elle était loin derrière eux, comme un mauvais rêve.
La jeune fille avait conscience que toutes ses peurs reviendraient au petit matin, quand elle devrait se réveiller et affronter la réalité. Mais pour l'instant, elle profitait de cette douce torpeur.

Elle ne cherchait même pas à savoir depuis quand Drago avait tant d'importance pour elle. Il lui semblait soudain que Harry l'avait deviné avant tout le monde, en la poussant vers lui, pour l'aider. Elle se jura de le remercier pour ça, pour l'avoir forcée à ouvrir les yeux et à le voir différemment.

Hermione se colla un peu plus contre Drago, satisfaite de sentir ses mains la serrer un peu plus contre lui. Elle émergea un instant de sa rêverie pour murmurer quelques mots ensommeillés.
— Bonne nuit Drago.
Il lui caressa le visage, presque avec révérence, avant de passer la main dans ses cheveux fous, tenant sa tête contre sa poitrine.
— Bonne nuit Hermione.
Elle sourit, heureuse, et se laissa aller, en sécurité.

Drago aurait pu dire à quel instant précis Hermione s'était endormie. Il l'avait sentie se détendre totalement contre lui, abandonnée et confiante. C'était probablement ce qui lui avait le plus serré le cœur. C'était bien plus que des baisers ou des gestes tendres. C'était le signe qu'elle était sincère lorsqu'elle lui disait qu'elle avait confiance en lui...

Il ne put se rendormir tout de suite, ému, la tenant contre lui comme si elle était précieuse.
Le jeune homme n'avait pas l'intention de la blesser, même s'il avait été terriblement jaloux d'elle autrefois.
Drago avait été élevé dans la croyance qu'il valait mieux que les autres enfants : il était un Sang-Pur et les lignées de ses deux parents étaient parfaitement pures. Ils venaient des vingt-huit sacrés après tout... Ainsi, il se devait d'être le meilleur en tout.
Puis, à Poudlard, alors qu'il brûlait de faire ses preuves et d'avoir l'approbation de son père, il s'était retrouvé face à Potter et Granger.

Le premier avait eu la possibilité d'intégrer l'équipe de Quidditch en première année et il brillait par son habilité. Son père l'avait longuement humilié à ce sujet, lui demandant sans cesse comment un simple sang-mêlé, fils d'une minable Sang-de-Bourbe pouvait le battre à plates coutures de cette façon.
La seconde... obtenait les meilleures notes dans chaque matière, hormis en potions — et ce uniquement parce que Rogue faisait du favoritisme pour sa maison. Lui avait grandi entouré de précepteurs sorciers, les meilleurs maîtres étaient venus lui apprendre les bases de leurs disciplines, et une petite née-de-moldus arrivait et raflait toutes les premières places.

Il l'avait détestée de toutes ses forces, parce qu'à cause d'elle, son père le méprisait. Parce qu'à cause d'elle, chaque période de vacances passées au Manoir n'était que révisions et récitations, pour prouver qu'il mettait tout en œuvre pour briller.
Il l'avait insultée, encore et encore, mais Hermione Granger n'avait jamais faibli ou plié. Elle était là, rebelle et fière, et quelque part au fond de lui, il l'admirait et l'enviait.

Drago s'obligea à chasser le passé de ses pensées, craignant de repenser aux pires moments de sa vie, pendant la guerre. À la place, il se concentra sur la respiration paisible de Hermione, blottie contre lui, à la douceur de sa peau lorsqu'il caressait sa joue avec tendresse et à la confiance aveugle qu'elle semblait lui porter alors qu'il n'avait jamais fait quoi que ce soit pour le mériter.


Se reconstruireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant