Chapitre 12

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Le chat en profita pour miauler, comme s'il avait entendu son nom, et Hermione se mit à rire nerveusement, restant collée à Drago, fermement agrippée à lui, trouvant étrangement du réconfort dans cette étreinte.
Drago murmura, hésitant.
— C'est ton chat ?

Elle fredonna un acquiescement avec un sourire. Elle sentit le torse de Drago s'agiter d'un rire silencieux et elle se laissa aller contre lui, soulagée de ses réactions. Il murmura d'un ton amusé, sans la moindre animosité.
— Foutue bestiole.

Hermione ferma les yeux pour murmurer, en espérant qu'il ne se vexerait pas.
— Je suis plutôt contente qu'il l'ait fait. Tu semblais tellement... perdu. J'avais peur de ne pas pouvoir te ramener.

Elle entendit un accroc dans la respiration de Drago, comme s'il était surpris de ce qu'elle venait de dire. Avec douceur, il l'écarta de lui, en prenant ses poignets dans ses mains pour se défaire de son étreinte. La jeune fille nota distraitement qu'il avait les mains glacées.

En levant les yeux sur son visage, elle eut du mal à retenir une exclamation de surprise choquée. S'il avait des cernes prononcés et qu'il était plutôt pâle depuis la rentrée, en cet instant, il ressemblait aux zombies des films moldus. Peut-être qu'elle ne l'avait jamais observé avec autant d'attention et elle le regrettait. Si elle avait su... elle l'aurait aidé plus tôt. Bien plus tôt.

Comment avait-elle pu ne pas se rendre compte de son état, alors qu'ils s'étaient croisés la veille encore ? Vu son état, il n'avait pas dormi de la nuit...
Ses yeux gris étaient rouges, boursouflés et semblaient éteints. Sa peau — déjà pâle — semblait presque transparente, au point où ses cernes ressemblaient à des hématomes, se détachant d'une façon choquante sur sa peau.

Il avait énormément maigri depuis l'année précédente, elle l'avait vu dès le début de l'année, mais en cet instant, alors qu'elle le détaillait avec une attention inhabituelle, elle voyait soudain à quel point ses vêtements flottaient sur son corps et à quel point ses joues s'étaient creusées.

Hermione soupira, réprimant une vague de nausée en songeant que personne ne lui aurait tendu la main en dehors de Harry ou d'elle.
— Tu as besoin d'aide.

Drago vacilla comme si elle l'avait frappé. Une brève lueur d'espoir passa dans son regard d'orage, vite étouffée par de la résignation. Il secoua lentement la tête, gardant cet air fier qui le caractérisait.
— Je ne mérite pas d'aide.

Même s'il avait murmuré, elle l'avait clairement entendu et son cœur rata un battement. Les larmes aux yeux, elle franchit d'un pas la distance qu'il avait mise entre eux, libérant ses poignets et abattant ses poings sur son torse — sans y mettre de force. Elle avait l'impression qu'un courant d'air un peu puissant pourrait l'emporter, tant il semblait fragile et brisé.
— Idiot.

Une larme roula sur la joue d'Hermione et Drago la fixa, incrédule. Il leva une main tremblante pour caresser sa joue veloutée, effaçant la perle d'eau salée.
— Pourquoi tu veux m'aider ? J'étais... je suis...
Il frissonna en reculant et se frotta le bras, les yeux baissés. Hermione hésita puis glissa sa main tremblante sur son bras marqué, couvrant la marque de sa main. Elle se rappela les places vides à leurs tables, ceux qui étaient morts pendant la guerre, tous les proches qu'ils avaient perdus, d'une façon ou d'une autre. Tranquillement, elle murmura.
— Il y a eu assez de drames, tu ne crois pas ?

Drago abdiqua et l'enlaça à son tour, se laissant aller contre elle.
— Je ne suis pas quelqu'un de bien, Granger.
— Je m'appelle Hermione. Ce n'est pas parce que tu étais un sale gosse que tu ne peux pas changer.
— Tu ne devrais pas être là, avec moi. Mais avec tes amis.

Hermione resta silencieuse, sans le lâcher. Elle le sentait se détendre peu à peu, retrouver son calme et une respiration presque normale. Lorsqu'il cessa de trembler, elle murmura, avec douceur.
— Je n'ai jamais oublié ce jour, où nous avons été traînés à ton Manoir.

Il émit un hoquet horrifié, et fit un geste brusque comme pour se débattre. Mais Hermione continua immédiatement, l'enlaçant fermement, d'une voix douce.
— Harry a dit après que tu l'avais reconnu et je sais que c'est vrai. Tu l'as reconnu, mais tu ne l'as pas dénoncé. Tu n'as rien dit.

Drago marmonna, indistinctement, mais malgré son souffle précipité, il l'écoutait attentivement. Hermione inspira son parfum, qui était devenu si familier maintenant et presque rassurant avant de reprendre doucement.

— Si ça n'avait pas suffi à te faire libérer, j'aurais pu témoigner moi aussi. Je n'en ai pas parlé, mais... quand Bellatrix me...

Elle s'interrompit et vacilla, en fermant les yeux, repoussant les souvenirs. Drago sembla s'affoler et elle le maintint contre elle, pour l'empêcher de s'échapper, en lui frottant le dos avec douceur. Alors qu'elle reprenait pied, se concentrant sur le contact avec Drago pour se souvenir que tout ça était terminé, Hermione déglutit, et elle s'empêcha de lâcher Drago, de peur de frotter la cicatrice qu'elle lui avait laissée de toutes ses forces, jusqu'au sang. Elle murmura, la voix légèrement rauque, retenant les larmes.

— J'ai tenu bon, parce que tu étais là. Je te regardais, je te voyais, et je voyais tes yeux. Tu étais... le seul à me regarder sans... être hostile. Le seul à ne pas me vouloir de mal.


Drago la serra à son tour, tremblant, le teint crayeux.
— Je l'ai laissé faire. J'aurais dû...

Hermione agrippa ses épaules pour le fixer, glissant face à lui et le fixant dans les yeux d'un air déterminé.
— Tu ne pouvais rien faire de plus pour nous. Ni pour Harry ni pour moi. Tu nous as donné le temps de nous échapper et c'était ce qu'il y avait de mieux à faire.

Drago secoua la tête, perdu. Il finit par s'écarter d'Hermione et lui caressa la joue avec douceur, du bout des doigts.
— Tu devrais rejoindre tes amis, Hermione.


Hermione aurait voulu insister et le retenir, mais elle comprit qu'il avait besoin d'être un peu seul. Il avait l'air troublé et elle espérait que ses mots l'apaiseraient un peu. Elle le laissa partir sans le quitter des yeux, avec l'impression d'avoir une boule de chagrin lui obstruant la gorge.
Lorsqu'il atteignit la porte, elle le rappela, doucement.
— Drago ? Nous étions des enfants...

Il se tourna et lui adressa un sourire triste, mais il semblait un peu moins désespéré dans sa posture.


Se reconstruireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant