Chapitre 10

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Hermione cligna des yeux, tellement surprise par ses mots qu'elle laissa passer quelques précieuses secondes. Drago repartait et elle l'interpella, presque avec urgence.
— Malefoy ! Drago.
Malgré elle, elle rougit en prononçant son prénom tout en se traitant d'idiote pour son incapacité à communiquer clairement. Il s'était retourné et il l'observait, visiblement surpris. Elle haussa les épaules avec un léger sourire d'excuse, les joues rougies par la gêne.
— Je suis désolée aussi.

Il écarquilla les yeux, stupéfait et prêt à protester. Avant qu'il ne puisse imaginer qu'elle se moquait de lui, elle reprit avec un peu de précipitation, butant sur chaque mot, mais déterminée.
— Je crois que... on n'était pas vraiment sympa l'un avec l'autre. J'espère qu'on pourra... enfin s'entendre. Comme Harry arrive à le faire avec Blaise et les autres, tu vois ?

Drago eut un léger sourire, un sourire sincère qui éclaira son regard d'orage, et il hocha la tête, la dévisageant toujours avec perplexité, peinant visiblement à imaginer qu'il soit pardonné de ses erreurs aussi facilement.

Hermione se mordilla la lèvre, puis elle murmura en se grattant machinalement le bras où persistait la cicatrice infligée par Bellatrix.
— Si tu as besoin de parler, ou de n'importe quoi d'autre, tu peux venir me voir. J'espère qu'on pourra... Enfin... je serais là.
Il hocha la tête doucement. Après une brève hésitation, il murmura.
— Merci.

Puis il s'éloigna doucement.


Hermione ferma les yeux et souffla, regrettant son départ soudain. Cependant, elle ne voulait pas le pousser à bout ou le harceler. Il avait probablement besoin d'un peu de temps pour accepter sa main tendue.
Elle repartit à pas lents en direction de la tour Gryffondor et s'immobilisa en arrivant près du portrait de la Grosse Dame. Juste en dessous, Pattenrond était assis tranquillement, faisant sa toilette nonchalamment, l'attendant visiblement.

Elle se sentit immédiatement mieux et le prit dans ses bras. Si parfois Pattenrond se tortillait dans tous les sens pour retrouver sa liberté, cette fois, il se laissa faire et s'installa confortablement dans ses bras, confiant, ronronnant doucement.

Hermione rougit légèrement en sentant l'odeur étrangère sur son chat. Désormais, elle savait que c'était le parfum de Drago Malefoy et c'était un peu étrange de se rendre compte qu'elle appréciait le sentir.

Elle dédaigna la salle commune pour monter immédiatement dans son lit et elle passa un long moment à câliner Pattenrond, perdue dans ses pensées, trouvant du réconfort en passant la main dans la fourrure épaisse de son animal.
Elle s'endormit sans même s'en rendre compte, la main crispée sur les poils de son chat. Lorsqu'il se leva pendant la nuit pour aller tranquillement chasser quelques souris bien grasses, elle ne s'en rendit pas compte, et pour une fois, aucun cauchemar ne vint perturber son sommeil.

En se réveillant, Hermione s'étira et ne put s'empêcher de sourire en pensant qu'elle avait passé une excellente nuit, la première depuis très longtemps.

Harry l'attendait dans la salle commune, l'air fier de lui, et l'entraîna vers la grande salle pour un petit-déjeuner pantagruélique. Cette fois, ils s'installèrent à leur table.

Cependant, Harry gardait un œil sur leurs camarades tout en tendant de convaincre Dean et Seamus de l'accompagner à leur table au prochain repas. Hermione roula des yeux en notant l'air malicieux de Harry, ne pouvant pas empêcher un sourire attendri de fleurir sur ses lèvres. C'était un plaisir de voir que Harry allait mieux, réellement mieux.

Lorsqu'elle jeta un coup d'œil chez les verts et argent, elle fronça les sourcils. Drago Malefoy était absent.
Hermione soupira et termina son verre de jus de citrouille, sans pouvoir chasser de son esprit le Serpentard.

Hermione quitta la table des Gryffondor seule, laissant Harry avec les garçons. Elle salua Théo au passage, brûlant de lui demander où était son camarade absent, mais sans oser. Ils échangèrent quelques mots polis, puis elle se décida à retourner dans la salle commune des Gryffondor.
Elle n'aimait pas trop les périodes de vacances puisqu'elle avait toujours l'impression de s'ennuyer malgré ses plannings de travail organisés. Elle avait prévu de passer la matinée à faire les devoirs de métamorphose — MacGonagall avait demandé un parchemin de quarante centimètres sur le passage de l'inanimé à l'animé — et de s'assurer qu'elle n'avait rien oublié dans ses révisions. Elle aurait probablement à passer à la bibliothèque pour approfondir ses propos, aussi elle pensa s'y installer directement pour travailler.


Ses réflexions stoppèrent brutalement en arrivant devant le tableau de la grosse dame. Pattenrond était installé devant, la queue enroulée autour de ses pattes.

En la voyant, il se redressa puis s'étira en bâillant. Pattenrond avança vers elle en miaulant et se frotta contre ses jambes. Hermione ne put s'empêcher de rire.
— Vraiment ? Qu'est-ce que tu fais ici ?
Pattenrond miaula une fois de plus et s'écarta alors qu'Hermione allait le prendre contre elle. Elle fronça un instant les sourcils, surprise du comportement de son chat. Le voyant miauler à nouveau et revenir se frotter contre elle, avant de s'éloigner de quelques pas, elle soupira.
— Tu veux que je te suive, c'est ça ?


Le chat miaula de nouveau et Hermione était prête à parier que s'il avait pu sourire, il le ferait en cet instant visiblement satisfait. Elle soupira et se rapprocha de lui tranquillement, oubliant ses projets précédents.
— OK. Allons-y. Je te suis.

Pattenrond se leva, sa queue fièrement dressée et commença à avancer en trottinant, s'arrêtant de temps à autre pour vérifier que Hermione le suivait bien. La jeune fille était bien trop curieuse pour ne pas céder à son animal, impatiente de découvrir ce que son chat lui réservait.


En arrivant devant les toilettes des filles du troisième étage, un bon moment plus tard, Hermione fronça les sourcils et marqua un bref arrêt. Elle savait que c'était l'entrée de la Chambre des secrets, et un frisson involontaire la parcourut en se souvenant du jour de la bataille, lorsqu'elle y était entrée avec Ron.

Elle ferma les yeux repoussant ces souvenirs déplaisants et prit une grande inspiration, sursautant lorsque Pattenrond se frotta contre elle, avec un ronronnement bruyant, comme pour la rassurer. Elle se baissa avec un pauvre sourire, et fourragea dans les poils épais.
— Désolée, Pattenrond. Laisse-moi une seconde et je te suis...

Hermione respira profondément, s'obligeant à se calmer et à ne pas penser au passé. Puis, elle se redressa, volontaire, et hocha la tête, décidée.
— C'est parti. Je te suis.


Se reconstruireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant