Chapitre 47 - Le sang et la rose

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/!\ TW : ce chapitre comporte une scène violente. Si vous le souhaitez, vous pouvez la sauter et reprendre la lecture au chapitre suivant.

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Une porte de bois sombre, au panneau délicatement ouvragé et à la poignée figurant une rose.

Lizzie n'avait aucun doute sur ce qui se trouvait derrière.

Son cœur pulsait avec force. De peur ou de colère, elle n'aurait su le dire.

Un courant d'air glacé faisait voleter devant son visage une boucle de cheveux qui s'était échappée de sa coiffure. Mais les mains de Lizzie étaient solidement emprisonnées dans son dos par de lourdes chaines, et elle ne pouvait replacer les cheveux qui barraient sa vue. À côté d'elle, Ambroise attrapa la mèche pour la glisser derrière son oreille. Lizzie frémit lorsque la pulpe de ses doigts frôla son crâne. Frémit encore lorsque ses yeux percutèrent les siens.

— Souvenez-vous, chuchota-t-il, de ce que je vous ai dit.

Elle ne répondit pas.

Non. Il n'était pas questions de conclure le moindre marché avec De Glaves. Et certainement pas pour répondre aux désirs d'Ambroise.

— Élisabeth.

Et dans son souffle elle crut déceler l'écho d'une supplication.

Les mots qu'il attendait se frayèrent malgré elle un chemin dans sa gorge. Elle les ravala.

Ce fut à cet instant que les battants s'ouvrirent.

La main d'Ambroise se glissa dans son dos pour la faire avancer ; mais Lizzie ne lui en laissa pas le temps. Elle s'engouffra elle-même à l'intérieur, là où se tenait Ascelin de Glaves. Elle s'y était préparée. Mais elle ne put réfréner un mouvement de recul lorsqu'il croisa son regard. Des yeux bleus, des yeux de serpent, des yeux qui la glacèrent jusqu'aux os.

Derrière elle, la porte fut verrouillée. Lizzie n'avait plus de cræft, et ses mains étaient toujours liées. Aucune échappatoire.

Ce fut à cet instant que Lizzie remarqua une troisième silhouette. Un homme grand et maigre, pour autant qu'elle pu en juger de par l'ossature fine de ses mains décharnées ; car son visage était noyé dans un large capuchon, et il était vêtu d'une bure aussi sombre que la nuit qui recouvrait son corps de la tête aux pieds. Un prêtre. Un prêtre de l'ordre de Mercyng. Lizzie sentit un frisson dévaler sa colonne vertébrale.

Ambroise la saisit par le bras, et la fit asseoir de force dans un fauteuil. Son geste lui fit mal. La douleur. C'était le langage qu'il parlait, à présent.

Ascelin de Glaves s'avança jusqu'à elle. Lizzie remarqua qu'il boitait, et qu'il s'aidait d'une canne de métal.

— Savez-vous pourquoi vous êtes ici ?

Lizzie garda le silence.

— Avez-vous perdu votre langue, mademoiselle Prudence ?

— Allez pourrir dans le royaume sombre.

— Ma chère, ce ne sont pas là des manières dignes de l'éducation de madame Constance.

Lizzie le foudroya du regard.

— Cessez ce ridicule préambule, monsieur, et venez-en aux faits.

Lizzie perçut, distinctement, Ambroise qui se raidissait derrière elle. Ascelin de Glaves, lui, sourit, d'un sourire qui n'avait rien d'amène.

— Soit. Voici les faits : vous allez tuer Carlton Belvild.

— Non.

Elle refusait de tuer pour son royaume.

La Lame des Bas-Royaumes / 2 - La Guerre du Pays d'en HautOù les histoires vivent. Découvrez maintenant