Ascelin de Glaves.
Mort.
Et devant elle ?
Lizzie croisa le regard du Roi.
Lancelin se tenait sur son trône, les yeux écarquillés, le front blême sous la couronne qui le ceignait.
Avant que ses gardes ne puissent réagir, Lizzie fondit droit vers lui.
Il y eut le cliquetis du métal ; les lances cessèrent sa course au pied des marches qui menaient au piédestal royal. Lizzie s'arrêta net. Elle leva les mains.
Et elle se laissa tomber à genoux.
Là.
Aux pieds du Roi.
Elle se haïssait pour cela. Mais elle n'avait pas le choix.
Le sol était dur et froid sous elle. Et au-dessus, la figure royale, noyée dans un flot d'étoffes pourpres, la toisait. Les lances des gardes se rapprochèrent brutalement de Lizzie lorsqu'elle tendit la main pour ôter son masque d'or. Elle suspendit son geste un instant, le souffle court. Avant de dévoiler ses traits.
Dans la foule, il y eut un murmure. Qui enfla. Encore, et encore, jusqu'à devenir un concert de cris. Elle était là. Élisabeth van Stoker. La Lame des Bas-Royaumes. La sorcière.
Mais Lizzie ne s'en préoccupa guère. Elle fixait le visage du Roi, elle fixait ses traits aussi lisses que du marbre. Lentement, il posa ses yeux sur elle. Son regard sombre la transperça. Et elle vit briller dans ses iris une inattendue lueur de surprise. Puis de colère.
La voix du Roi ne fut qu'un souffle, inaudible pour quiconque se tenait à plus de deux mètres.
— Vous.
Lizzie releva le menton. Elle peinait à croiser le regard à la fois glacé et brûlant du monarque. Mais elle le devait – elle le devait.
— Moi, répondit-elle haut et fort.
Elle le fit avec toute l'insolence dont elle était capable. Cela ne lui fut guère difficile ; elle avait depuis longtemps fait ses armes.
— Gardes ! Saisissez-vous de cette...
— Vous n'ordonnerez rien de tel, Majesté.
— Comment osez-vous me parler sur ce ton ?
Il fallait du courage pour soutenir le regard du Roi, en cet instant. Du courage pour ne pas vaciller face à sa voix vibrante d'une autorité inégalée. Du courage pour affronter la peur qui la dévorait tout entière. Lizzie en avait.
Elle redressa la tête.
— Je réclame ma faveur.
— Votre faveur ?
— Celle que vous me devez en échange de Fort-Rijkdom.
— Je ne comprends pas un traître mot de ce que vous dites, madame.
— Je crois, au contraire, que vous le comprenez fort bien.
Lizzie plongea sa main dans sa les plis de sa robe. Les lances frôlèrent sa nuque. Dans le silence lourd qui planait sur l'assemblée, elle entendit distinctement le bruit métallique des pistolets que l'on brandissait. Ennemis ? Alliés ? Cela ne faisait aucune différence, en vérité ; elle était seule.
Seule, avec ses épines.
Lorsque Lizzie sortit sa main de l'étoffe, elle tenait entre ses doigts une enveloppe cachetée d'une rose.
— Cette lettre est frappée de votre sceau. Vous me l'avez adressée.
— Je ne reconnais point ce pli.
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La Lame des Bas-Royaumes / 2 - La Guerre du Pays d'en Haut
Fantasia[Tome 2] Au Pays d'en Haut, la guerre menace. Lizzie, affaiblie par la colère du dieu sombre, a quitté Fort-Rijkdom. Elle ne pourra échapper éternellement au sort qui l'attend, comme à ceux qui la poursuivent. Le temps est compté, et chaque seconde...