Je me réveille lentement, allongé sur un lit qui n'est pas le mien. Il me faut quelques secondes avant de réaliser où je suis. Vu l'odeur et l'allure de la pièce dans laquelle je me trouve, je dirais que je suis à l'hôpital. Génial...
Je regarde autour de moi, mais je ne vois personne. Ce n'est pas bon signe... J'essaie de creuser dans ma mémoire pour me rappeler comment j'en suis arrivé là, et il ne me faut que quelques secondes pour que tout ne me revienne. La dernière chose dont je me souvienne, c'est du corps de ma sœur allongé par terre, inerte. Mon dieu, j'espère qu'elle va bien...
Je me redresse pour me lever de mon lit, et vois que j'ai une perfusion accrochée au bras, avec un tube qui... Berk berk berk. Je détourne le regard, et l'arrache en essayant de ne pas vomir. C'est le genre de trucs que je déteste.
Je me lève de mon lit et sors de cette chambre d'hôpital, en cherchant quelqu'un à qui je pourrais parler. Je m'approche d'une infirmière, mais avant même que je n'ai pu ouvrir la bouche pour lui dire quelque chose, je me sens tiré en arrière.
- Matthy !, s'exclame mon petit ami. Mais qu'est-ce que tu fais la ? Tu devrais rester dans ta chambre !
- Je cherche ma sœur...
Il me serre fort dans ses bras, et se met à embrasser mon crâne.
- Tu m'as fait super peur, me dit-il, tu sais.
Je le serre aussi contre moi, avant de le repousser pour le regarder dans les yeux.
- Où est ma sœur ?
- Viens, on retourne dans ta chambre.
- Dis moi où est Lilou, j'insiste.
Il se mord la lèvre inférieure. Son comportement me fait peur.
- Je ne sais pas comment te dire ça, finit-il par m'avouer.
Je déglutis difficilement, et il me tire par le bras jusqu'à la pièce où je me suis réveillé. Je ne résiste même pas. De toute façon, là, même si je voulais, je ne pourrais pas. Je me sens... vide. Même si Enzo ne m'a clairement pas dit qu'elle... Que Lilou n'était plus là, je sais que c'est le cas. Ma petite sœur...
- Mets toi là, me dit Enzo en m'aidant à me rasseoir sur mon lit. Tu bouges pas, hein ? Je vais chercher une infirmière.
Il ressort de la pièce, et je l'entends courir en criant "madame, madame !".
Je me mets à fixer le sol, en réfléchissant. Enfin, en réalité, je ne réfléchis même pas, je laisse juste mes pensées divaguer par elles même. Et pourtant, je n'ai pas envie de penser. J'ai juste envie de me rendormir, et qu'on me réveille en me disant que tout ça n'est qu'un cauchemar. Mais malheureusement, la douleur que je ressens est trop réelle pour que ce soit un rêve.
- Vous êtes réveillé ?, me demande une voix féminine.
Je relève lentement, vraiment très lentement, la tête vers elle, et hoche la tête.
- Comment vous vous sentez ?, reprend la dame.
- Ma sœur...
- Votre soeur..., répète-t-elle. Malheureusement, elle n'a pas survécu. Elle n'était déjà plus là depuis longtemps quand les secours sont arrivés chez vous...
Je hoche de nouveau la tête, en soupirant. Je ne sais pas par quel miracle j'arrive à me retenir de pleurer. Sans doute parce que je ne réalise pas encore vraiment ce qui se passe... J'ai l'impression qu'elle m'a dit une banalité, comme si elle m'avait juste dit qu'elle avait mangé une pomme ce matin. C'est vraiment très bizarre, comme sensation...
- Combien de temps il va devoir rester là ?, lui demande Enzo, qui était resté en retrait.
- C'est une situation compliquée, lui répond-elle en se grattant la nuque, étant donné que les services sociaux doivent s'occuper de ça...
Je suis pris d'un fou rire nerveux, ce qui fait les sursauter. Les services sociaux ? Génial, c'est bien tout ce que je craignais. Ils vont retirer ma garde à ma mère, et me fourrer en famille d'accueil. Comment est-ce que ça pourrait être pire que ça, franchement ?
L'infirmière finit par sortir de la pièce, après m'avoir dit qu'elle allait rapidement repasser. Et à peine est-elle sortie de la chambre qu'Enzo se jette littéralement sur moi pour me serrer fort contre lui.
- Tu m'as vraiment fait peur...
- Tu me l'as déjà dis, je remarque.
- Mais c'est parce que c'est vrai ! J'ai cru que...
Il se mord la lèvre, et me serre encore plus fort contre lui. J'ai presque l'impression d'entendre mes côtes craquer.
Je déglutis et prends une profonde inspiration, avant de lui demander de m'expliquer ce qu'il s'est passé.
- Je veux tout savoir, je lui dis, dans les détails.
Il hoche la tête, et m'explique qu'après avoir vu ma sœur comme ça, je suis tombé dans les pommes, ce qui l'a encore plus fait paniquer. Il a rappelé les secours dans la minute qui a suivi, pour leur dire qu'on était désormais deux à être inconscient, et il s'est occupé de faire le lien avec eux et de prévenir ma mère.
- Depuis combien de temps je suis là ?
- Ça ne fait que quelques heures, me rassure-t-il. Ton malaise, il est sans doute dû au stress et à la pression que tu subis. Enfin, ça, plus le choc que tu as eu en voyant ta sœur...
- Ce n'est pas prêt de se terminer, je souffle.
- Pourquoi ?
- Comment va ma mère ?, je lui demande, sans répondre à sa question.
Il ouvre la bouche, avant de la refermer, comme pour se laisser le temps de réfléchir à sa réponse. Un petit sourire apparaît sur ses lèvres, et je vois qu'il essaye de le cacher.
- Enzo, j'insiste.
Il baisse la tête, et expire lentement avant de reprendre la parole.
- Ta mère... Elle va bien, mais... Elle a mordu un secouriste, m'avoue-t-il.
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Sourire avec le cœur [BXB]
Novela JuvenilMatthieu est un lycéen comme les autres. Il n'est pas spécialement populaire, mais il a quand même quelques amis. Les seules choses qui le différencient un peu des autres, ce sont sa blessure et son homosexualité, qu'il assume totalement. Pour Enzo...