- Chut, je lui répète.
Depuis le début du cours, Isalis ne me parle que de Enzo. Il est beaucoup trop content, tout ça parce que je lui ai raconté notre après-midi au lac avant qu'on rentre en cours. Il voulait que je l'appelle dimanche, mais je n'ai pas eu le temps. J'étais trop occupé entre ma mère, qui a refait une crise, et ma sœur qui voulait à tout prix sortir avec ses amies. Sauf que je n'arrivais pas à gérer maman tout seul. Je lui ai dis qu'elle pouvait sortir toute la semaine si elle le voulait, et que je ne lui dirais rien, mais elle m'en veut encore.
- Note quand même que j'avais raison, reprend mon voisin de classe en souriant, vous êtes tous les deux amoureux.
- Mais pas du tout.
- Pourtant, t'as aimé l'embrasser.
- Ça ne veut rien dire.
- Il embrasse mieux que moi ?
- Euh, j'en sais rien... Pourquoi ?
- C'est peut-être pour ça que je ne plais à personne. Vu qu'il me manque des dents, ils doivent avoir peur que je ne sache pas faire de bisous...
- Eh, arrête. Les gens sont bêtes, c'est tout. Même si Enzo ne savait pas embrasser, je m'en ficherais.
- Parce que tu l'aimes.
Je roule des yeux, et il se met à pouffer. Je crois bien que c'est la première fois qu'il n'essaye pas du tout de suivre le cours. Il préfère m'embêter avec Enzo.
- De toute façon, marmonne-il, bientôt, elles vont pousser. Et là, quelqu'un m'aimera.
- Moi je t'aime déjà. Je t'adore, même.
- Mais c'est différent, et tu le sais...
Je ne lui réponds pas, mais hoche la tête. Il a raison, c'est différent. Et je le comprends. C'est vrai que moi aussi, j'aimerais avoir un petit copain. Je ne suis pas pressé, mais j'y pense souvent. Surtout depuis quelque temps, bizarrement.
- Tu trouveras quelqu'un, j'en suis sûr. C'est obligé. Tu es parfait.
- Avec des dents, marmonne-t-il, je le serais.
- Tu l'as dis toi même, elles vont finir par pousser.
Cette fois, c'est lui qui ne me répond pas. Il sait que j'ai raison. Je ne sais plus comment s'appelle son problème, mais certaines de ses dents sont sorties avec du retard, et d'autres toujours pas. Quand on était au collège, il n'avait aucune incisive. C'était une période horrible pour lui. Deux d'entre elles sont sorties en quatrième, ce qui m'a fait pleurer. Il me l'a montré en sautant partout, et en criant qu'il allait enfin être normal.
- Matthy, tu penses que tu pourras manger chez moi ce soir ?
- Non, j'ai promis à ma sœur de rester à la maison pour m'occuper de maman... Mais tu peux venir, si tu veux.
- D'accord ! Si tu veux, on ira courir ensemble, aussi. Même si je déteste ça.
- Merci, c'est gentil.
- Et tu penses qu'on pourrait inviter Zozo aussi ? Comme ça, on ferait une soirée pyjama tous les trois.
Je me mords la lèvre inférieure, tout en réfléchissant. Pourquoi pas. Au moins, s'ils sont là, je n'aurais aucun problème pour gérer ma mère. Et puis, ça sera amusant. J'aimerais bien qu'ils soient amis, comme ça, je pourrais passer mon temps avec eux deux sans faire de jaloux.
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Sourire avec le cœur [BXB]
Подростковая литератураMatthieu est un lycéen comme les autres. Il n'est pas spécialement populaire, mais il a quand même quelques amis. Les seules choses qui le différencient un peu des autres, ce sont sa blessure et son homosexualité, qu'il assume totalement. Pour Enzo...