Chapitre 1

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Je sors de la douche, en m'essuyant les cheveux. Comme je l'avais prévu, je me suis fait crier dessus en rentrant. La prochaine fois, c'est sûr que j'irai courir sans ma sœur. J'entends mon téléphone vibrer, mais je le laisse où il est. Je suppose que c'est le garçon de tout à l'heure qui m'envoie un message. Enfin, ça voudrait dire qu'il a gardé mon numéro, ce qui est quand même très peu probable. Je finis de me sécher, avant d'aller vérifier. Et effectivement, c'est bien lui. Par contre, je l'avais renommé, mais je ne me rappelle plus de son vrai prénom... Ce qui est un peu problématique.

Taï: Salut ! Ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas parlé.

Je réfléchis un petit moment à la réponse que je pourrais lui donner. Je ne peux quand même pas lui lâcher un simple "oui", ça ferait trop sec. Mais je ne vais pas non plus lui écrire tout un roman.

Moi: Puis-je savoir à qui je parle ?

Taï: C'est Taïrick ! Le skateur...

Moi: Aaah ! Désolé, mais j'avais perdu ton numéro...

Je souris, fier de moi. Au moins, je connais désormais son prénom. Je n'aime pas trop mentir, mais je n'avais pas envie de lui expliquer que je l'avais oublié. Ce n'est pas très gentil... Même si rien ne me prouve que lui se rappelle du mien, de prénom.

Taï: C'est rien. Encore désolé pour tout à l'heure, avec ton genou... Je ne savais pas...

Moi: T'inquiète pas, c'est rien.

Taï: Tant mieux alors ! :)
Taï: Qu'est-ce que t'as à raconter ?

Je lui explique que je suis au lycée, en filière littéraire, même s'il le sait sans doute déjà. On parle tous les deux pendant près d'une heure, de tout et de rien, jusqu'à ce qu'il ne parte manger. En fait, il est gentil. C'est dommage qu'on se soit perdu de vue quand je suis passé au lycée. J'aurais aimé garder contact avec lui. Mais bon, on s'est retrouvé, alors c'est le principal.

- Matthieu, m'appelle ma mère depuis le salon, à table !

Je descends immédiatement, sachant déjà qu'il ne faut pas traîner quand elle nous appelle. Quand ça nous arrive, elle s'énerve et reste désagréable pendant toute la soirée.

- On mange quoi ?, lui demande ma sœur.

Ma mère ne lui répond pas, ce qui me fait soupirer. Elle perd la tête, et est lunatique, alors ce n'est pas de sa faute... Sauf que ce n'est pas facile tous les jours. Surtout que la plupart du temps, elle ne prend pas ses médicaments. Cette andouille (pardon maman) n'aime pas en prendre. C'est bête, mais bon. C'est difficile de la forcer.

- Lilou, je murmure, tais toi et mange. Aujourd'hui, elle est énervée, tu le sais bien...

- Mais ce n'est pas juste, marmonne ma sœur, je n'ai rien fait...

Ça me fait mal au cœur, de la voir comme ça. Elle est encore petite, alors elle ne voit pas les choses comme moi. Elle ne comprend pas pourquoi notre mère agit comme ça, même si je lui ai déjà expliqué... C'est d'ailleurs la raison pour laquelle mon père est parti. Il ne pouvait plus supporter ça.

On dîne tous en silence, jusqu'à ce que ma mère éclate de rire, nous faisant sursauter. Elle part en fou rire, et je me dépêche de monter dans ma chambre, alors qu'elle me demande de rester avec elle. Mais je ne peux pas. Je me laisse tomber contre ma porte, et je me mets à sangloter.

Je passe un moment comme ça, avant de réussir à me calmer. Je n'arrive plus à tenir aussi bien qu'avant. J'arrivais à totalement cacher mes émotions, et même à ne pas pleurer. Mais tout ça, c'est fini... Quand elle change radicalement d'humeur, comme là, je craque. Parce que ça me fait peur. Heureusement, c'est quand même rare qu'elle ait des moments d'euphorie subits comme ça.

Une fois que ma crise de larme est bien terminée, je sors de ma chambre pour aller voir ma petite sœur. Elle s'est enfermée dans la sienne.

- Lilou, je l'appelle en toquant, ouvre moi...

- Non merci, s'exclame-t-elle, je joue à Fornite avec mes amis.

Je soupire, et vais m'allonger sur mon lit. Je passe mes mains sur mon visage, puis reprend mon téléphone. J'ai quelques messages de Taïrick. Autant continuer de parler avec lui, ça me fera un peu penser à autre chose.

Moi: Désolé, j'étais parti manger. Ça va toujours ?

Taï: Ouais et toi ?

Moi: Ça va.

Taï: :)

Moi: Au fait, tu ne m'as pas parlé de toi. Qu'est-ce que tu deviens depuis le collège ?

Taï: Rien du tout ! XD

Moi: C'est à dire ?

Taï: J'ai des notes de merde, je bosse pas trop en cours, je passe mon temps à geeker ou à skater...

Moi: Ah d'accord, je vois.

Taï: Et toi, tu fais quoi en général ?

Moi: Bah... En général, je lis.

Taï: Ah oui, c'est vrai que t'es un littéraire !

Moi: Ça veut dire quoi ça ?

Taï: Rien rien...
Taï: Ça te dirait qu'on se voit demain ?

Je hausse les sourcils devant mon écran, un peu surpris. On vient à peine de se retrouver alors qu'on ne s'était pas parlé depuis deux ans, et il veut déjà qu'on sorte ensemble ? C'est bizarre, quand même.

Moi: Demain ? Pourquoi ?

Taï: Je sors avec mes potes, si tu veux, tu peux venir.

Moi: C'est gentil... Mais je ne sais pas trop...

Taï: T'inquiète, on est sympa ! :D

Moi: Bon, d'accord alors... Où ça, et à quelle heure ?

Taï: Au skatepark du centre ville, dans l'après-midi. Viens quand tu veux !

Moi: C'est noté !
Moi: Je vais aller me coucher, bonne nuit et à demain !

Taï: Bonne nuit !

Je souris, et pose mon téléphone à côté de moi. Ça va me faire du bien, de sortir un peu. Parce que mes amis ne sont pas trop du genre fêtard... Moi non plus, d'ailleurs. Mais eux n'aiment pas sortir de chez eux, à part pour aller à la bibliothèque. J'aime bien y aller avec eux, mais on ne parle pas trop. Là, au moins, ça va me changer les idées. Je vais juste m'arranger avec ma sœur pour qu'elle aille chez une de ses amies. Je n'aime pas la laisser seule avec maman.

Moi: Lilou, viens me voir s'il te plaît.

Lili♡: Tu m'énerves !

Je l'entends râler depuis sa chambre, et elle finit arriver dans la mienne, les sourcils froncés.

- Quoi encore ?, s'agace-t-elle.

- Demain, je passe l'après-midi dehors, je lui explique, tu pourras aller chez quelqu'un ?

- Bah oui, me répond-elle en haussant les épaules, j'ai une vie sociale, moi.

Je prends sur moi pour ne rien lui répondre, tandis qu'elle retourne dans sa chambre. Même si je l'aime de tout mon cœur, j'ai parfois envie de l'encastrer dans un mur.

Sourire avec le cœur [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant