Chapitre 38

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Ça fait déjà quelques jours que je suis à l'hôpital. Malheureusement, je n'ai pas le droit de sortir d'ici, étant donné que ma mère a perdue ma garde. C'est stupide, c'est la pire décision que les services sociaux auraient pu prendre... Et donc c'est celle qu'ils ont pris.

J'ai déjà parlé avec une dame, en plus, une assistante sociale. Elle est venue prendre de mes nouvelles, savoir comment je me sentais avec... tout ça, se renseigner un peu sur ma vie... Par chance, c'est une dame très gentille et qui a vraiment l'air d'être la pour m'aider.

Je lui ai expliqué que je ne pouvais pas partir d'ici, de cette ville, que je ne pouvais pas m'éloigner ni de mes quelques amis, ni d'Enzo, ni de ma mère. Je ne peux tout simplement pas tout abandonné, c'est impossible. Je me connais, je n'y survivrais pas. Je me sens déjà tellement mal, actuellement... Alors si on m'enlève les seules choses qui peuvent me faire aller mieux ? Jamais je ne m'en remettrais.

La dame m'a répondu qu'elle allait faire de son mieux, et que de toute façon elle allait revenir me voir (apparemment elle a un nombre de visite à faire ou quelque chose comme ça, c'est la procédure).

Le côté vraiment négatif des hôpitaux, c'est qu'il y a des heures de visite, ce qui fait qu'Enzo ne peut pas rester tout le temps avec moi. Enfin, ça le dérangerait sans doute, de toute façon, d'être constamment avec moi, donc c'est peut être mieux comme ça. Même si du coup, je suis tout seul... Et je n'aime pas ça. Parce que je n'ai rien d'autre à faire que penser, penser et encore penser.

- Matthieu ?

Je relève la tête vers l'infirmière qui s'occupe de moi depuis que je suis arrivé ici, et je fais de mon mieux pour lui sourire. Elle est très gentille avec moi, et elle s'arrête devant ma chambre pour discuter à chaque fois qu'elle passe devant. Enfin, quand elle a le temps. Je trouve ça bien de sa part, parce que je pense que la plupart des gens ne le feraient pas.

- Tu ne t'ennuies pas trop ?, me demande-t-elle.

- Je n'ai pas grand chose à faire, de toute façon.

- J'ai vu avec mes collègues, on s'est cotisées pour te payer la télé, me dit-elle en souriant.

- Oh, c'est gentil, merci...

- C'est normal. Ça te changera un peu les idées.

Je hoche la tête, tandis qu'elle s'occupe de faire je ne sais quoi avec la télévision accrochée au mur avant de me venir me donner la télécommande de celle-ci et de me montrer rapidement comme elle marche.

- Au fait, quelqu'un est venu pour te voir tout à l'heure, mais que comme ce n'était plus l'heure des visites il n'a pas pu rentrer. Apparemment, il s'est vraiment énervé auprès des secrétaires de l'accueil.

- C'était qui ?, je lui demande.

Ça m'étonnerait que ce soit Enzo, vu qu'il connaît les horaires et qu'il est déjà passé dans la journée. Elle me répond qu'elle ne sait pas, qu'il n'a pas laissé son nom, mais que c'était un garçon de mon âge, aux cheveux blonds.

- Il a dit qu'il repasserait demain à l'ouverture, et que cette fois il aura intérêt à pouvoir entrer.

Je souris, parce que la description qu'elle me fait ressemble étrangement à celle d'Isalis. Ça m'étonnerait que ce soit lui, étant donné qu'il est en vacances à l'autre bout de la France, mais en même temps... Mon petit doigt me dit que c'est lui. Et puis de toute façon, qui d'autre viendrait me voir ?

Enfin non, je mens. Enzo est venu hier, accompagné de TOUTE sa bande d'amis, tout le groupe de skateurs. Samy, Taïrick... Ils sont tous venus me voir. J'ai trouvé ça gentil de leur part, parce que même si je sais très bien que c'est Enzo qui leur a demandé de venir me voir, c'était gentil à eux d'être venu quand même. Surtout que dans tout ce groupe, il y en a quelques uns à qui je n'ai quasiment jamais adressé la parole.

- Tu es sûr que ça va ?, me demande l'infirmière, ce qui me ramène à la réalité.

Je lui réponds par un hochement de tête. J'en ai marre qu'on me pose cette question. J'ai envie de lui répondre que je vais comme quelqu'un qui vient de perdre sa sœur, qui est enfermé à l'hôpital et qui va perdre absolument tout ce qu'il a. Mais je me retiens.

En plus, pour une fois, ça ne me dérangeait pas d'être perdu dans mes pensées...

- Dites, je commence, je profite que vous soyez là, mais vous savez quand va repasser l'assistante sociale ?

- Euh non, je ne sais pas du tout... Mais elle va sans doute revenir rapidement, dans quelques jours maximum. En général ils sont assez rapides pour ce genre de choses, quand il faut retirer des enfants à leur famille... Par contre, soupire-t-elle, quand il s'agit de trouver des solutions viables, c'est autre chose.

- Ah...

Elle a l'air de se rendre compte qu'elle a dit une boulette, parce qu'elle se mord la lèvre inférieure et murmure un "merde" avant de reprendre la parole et d'essayer de me rassurer.

- Ça va aller, ne t'en fais pas. La femme qui s'occupe de toi a l'air investie dans son travail, et ça a l'air d'être une bonne personne.

- J'espère...

- Mais oui, ça va aller, insiste-t-elle.

- Moui...

En tout cas, pour l'instant je n'ai qu'une seule hâte : pouvoir revoir Enzo, et ma mère. Elle est seule à la maison, et j'ai vraiment peur de ce qui pourrait lui arriver...

Sourire avec le cœur [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant