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La jeune fille arrive à notre banc, elle ne doit pas avoir plus de 16 ans. Elle passe une main dans ses cheveux, gênée et c'est en là regardant plus attentivement que, effectivement, elle a le visage rouge et parait avoir très chaud. Après avoir prit plusieurs fois sa respiration, elle prend la parole fixant Louis.

- Euh salut Louis... Je pourrais avoir une photo ? Enfin sauf si tu ne veux pas t'embêter...

Louis, qui vient juste de remarquer qu'elle est présente, sourit dès qu'il comprend ce qu'elle lui demande. Il me donne sa glace et accepte sa demande avec le plus grand sourire que je n'ai jamais vu sur son visage auparavant. Il commence par lui faire un câlin pour ensuite parler avec elle pendant que moi je les regarde faire en mangeant ma glace. D'un coup, ils se retournent tous les deux vers moi, la fille me regarde timidement tandis que Louis me regarde avec un sourire confiant.

- Qu'est ce que vous me voulez ?
- Tu peux nous prendre en photo ?
- Pourquoi ? Faites le vous même.
- Ouais, mais c'est beaucoup plus drôle quand c'est une enfant qui le fait.
- Il est hors de question que je le fasse.

Louis allait encore dire une de ses conneries pour me contredire, mais la jeune fille le devance en avançant d'un pas peu confiant.

- S'il vous plaît Madame, ça fait un peu plus de cinq années que je rêve de le rencontrer. Il est mon artiste musical préféré.

Je vois Louis, derrière elle, me faire un sourire narcissique. Je souffle convaincu par ses propos et me rappelant à quel point c'était important pour moi aussi à son âge.

- Très bien.

Le sourire aux lèvres, elle me tend son portable pour que je prenne sa photo. Ce que je fais rapidement avant de lui rendre son portable en lui souriant. Son idole lui fait un nouveau câlin avant qu'elle ne reparte en sautillant presque. Louis revient vers moi reprend sa glace de mes mains en s'affalant sur le banc, les bras sur le dossier et la tête vers le ciel comme rêveur.

- Vous les aimez bien vos fans ?
- Bien sûre.
- Mais vous n'avez pas peur que vos fans ne vous connaisses trop ?
- Comment ça ?
- Vous n'avez pas peur qu'ils utilisent les connaissances qu'ils ont sur vous pour vous blesser au moment où vous ferez un pas de travers ?
- Je ne vois pas comment ils pourront utiliser ces connaissances.
- En se moquant, en riant de vous.

Louis redresse la tête en tournant son corps vers moi. Il fronce les sourcils en entendant mes dernières paroles.

- Tu sais qu'elle est ma citation ?
- Votre citation ? Vous en avez une ?
- Bien sûre, je trouve ça super important d'avoir une phrase qui nous défini. Bref, la mienne de phrase dit que si quelqu'un lève son index pour te juger, lèves ton majeur pour l'en remercier.

Je ris ne m'attendant à tout sauf à ce genre de phrase, mais en réfléchissant un peu, ça lui défini plutôt bien. Louis voyant que je ris, me sourit.

- Pourquoi tu ris ? Je suis très sérieux et j'ai toujours suivi cette citation.
- Je n'ai jamais dis que vous ne l'étiez pas. C'est juste que cette phrase vous défini très bien.

Il hoche la tête en me regardant sourire. Gênée, je me reconcentre sur ma glace lui donnant toute mon attention. Mais je suis évidemment coupée par Louis qui reprend la parole. Je me demande vraiment s'il peut se taire plus de cinq minutes.

- Tu veux goûter ?

Il me tend sa glace, je lui aurais bien entendu goûtée si je ne m'étais souvenu qu'il l'avait choisi au piment fort. C'est donc en grimaçant que je décline sa proposition.

- Non merci, gardez là.

Louis souffle fortement en m'entendant. Surprise, je me tourne vers lui, levant mes sourcils attendant qu'il s'explique.

- Peux-tu arrêter de me vouvoyer, j'ai l'impression d'avoir 40 ans.
- Ah parce que ce n'est pas le cas ?
- Pour une biographe, tu n'es pas très renseignée sur le sujet.

Je marmonne sa phrase plus bas et de manière enfantine n'acceptant pas le fait qu'il est un minimum raison. Mais c'est en entendant le rire fort de Louis que je sors de mes pensées.

- Pourquoi riez vous ?
- Déjà tutoies moi ensuite, c'est incroyable comme tu n'acceptes pas d'avoir tort.
- Je n'ai pas tort, j'ai ma vérité.
- Une vérité fausse n'est par conséquent plus une vérité.
- Vous êtes poète maintenant ?
- Non simplement auteur-compositeur.

Il me sourit avec un de ses sourires contagieux, mais n'a pas le temps de continuer que son portable sonne. Je décide lui lance une pique avant qu'il ne réponde à ce dernier.

- Les vieux et leur portable, quelle histoire.

Louis me répond en me présentant son majeur avant de décrocher son portable et de s'éloigner en parlant à je ne sais qui. Pendant ce petit temps seule, j'appelle Kevin pour avoir de ses nouvelles. Après quelques tonalités, la voix robotique d'une femme m'indique qu'il n'a pas répondu. Déçu qu'il ne m'est pas répondu je décide d'appeler ma mère. Cette fois-ci, ça répond.

- Ma chérie !
- Salut maman, ça va ?
- Bien sûre et toi et ton artiste super réputé ?
- Ç​​​​​​​a va, il est convivial et sociable donc ça m'arrange même si parfois il est un peu trop sociable.
- Je ne m'inquiète pas pour toi, tu as toujours été forte avec les relations humaines, tu le dompteras. Mais dis-moi, tu ne m'as jamais dit qui il était.

J'allais répondre, mais le sujet premier de notre discussion arrive droit vers moi. De peur qu'il dise une bêtise, je me recule du banc, par conséquent de lui. Mais il n'ait pas de cet avis puisqu'il se met à crier.

- Hé tu vas où ? Tu parles à qui ?
- Maman, je dois te laisser, j'ai un empêchement.

Je n'ai de nouveau pas le temps de faire quoi que ce soit que Louis me prend mon portable des mains.

- Salut, qui est à l'appareil ?
- Louis, rendez le moi s'il vous plaît.

Il m'ignore et commence une conversation avec ma mère. Tout est normal. Il raccroche après une bonne dizaine de minutes puis me rend mon portable, le sourire aux lèvres comme toujours.

- Ta maman est très gentille. Pourquoi tu n'es pas restée avec elle ?
- Parce que je veux suivre mon rêve et ce n'es pas dans mon petit village paumé que je le suivrai.
- Tu devrais rester avec elle.
- Pourquoi, vous n'avez vous pas fait de sacrifice pour suivre votre rêve de chanteur ?
- C'est justement parce que j'ai suivi mon rêve très jeune que maintenant je regrette.
- Vous regrettez de l'avoir suivie ? Vous n'aimez pas votre métier ?
- Bien sûre que je l'aime, mais j'aurais dû réfléchir avant, j'aurais dû plus prendre mon temps.

J'allais, encore une fois, prendre la parole, mais il me devance. Il faut vraiment qu'il apprenne à laisser les gens parler.

- Tu devrais profiter de ta mère pendant qu'elle est encore à tes côtés, un jour elle partira et tu n'aura rien pour la retenir.

Je reste sans voix à le regarder face à ses dires. Il a le visage presque blanc et regarde le sol d'un regard vide. Il reste dans cette position quelques secondes, avant de me saluer et de partir me disant que son manager lui avait demandé de venir le voir.

La biographe | l.tOù les histoires vivent. Découvrez maintenant