La biographe | l.t

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Louis reste quelques secondes sans rien dire, sans bouger d'un centimètre et je ne pense pas qu'il aurait bouger si je n'avais pas pris la parole en première.

- Est-ce que vous avez un problème ? Pour êtes vous si sérieux tout d'un coup ?

On peut entendre la nervosité dans ma voix ce qui fait rire Louis, mais il reprend rapidement son regard sérieux fixer sur moi. Après d'interminables secondes, Louis se daigne à dire le fond de sa pensée.

- Est-ce que je peux être sincère avec toi ?
- Bien sûre, je vous y invite.

Louis se mord la lèvre inférieure comme si les paroles qui allaient suivre seraient décisives pour le reste de sa vie. Il tourne sa tête vers la droite, puis vers la gauche pour vérifier que personne ne nous écoute et se rapproche de mon oreille comme pour me dire un secret.

- J'ai vraiment envie d'une glace.

Je peux sentir son souffle chaud dans mon cou et me fais, malgré moi, frissonner, mais me reprends très vite en réalisant ses paroles. Je me recule d'un coup de lui et fronce les sourcils d'incompréhension tandis que lui garde son sourire enfantin.

- Et bien allez vous en acheter une. Pourquoi me le dire ? Honnêtement je m'en fous de ce que vous voulez.
- Je te le dis parce que je veux que ce soit toi qui me l'achètes ma glace.

J'avoue ne pas pouvoir m'empêcher de pouffer de rire. Mais m'arrête immédiatement en voyant que lui ne rigole pas et est totalement sérieux.

- Pardon, vous êtes sérieux ?
- J'en est pas l'air ?

Je le toise quelques secondes de bas en haut réfléchissant réellement à la question, puis secoues la tête de droite à gauche pour chasser cette réflexion débile.

- Pourquoi me demander à moi de vous la payer ?
- Parce que tu es en face de moi.
- Mais payez là avec votre argent.
- Je n'ai pas d'argent
- Qui sort sans argent à votre âge.
- Bah moi pour le coup.

Je souffle et me dirige, convaincu, vers un glacier. De toutes façons, ce gars a toujours réponse à tout, rien ne sert de parler avec lui.

Arrivée devant le camion de glace, je souffle de nouveau car, le glacier n'est pas présent.

- Tu devrais arrêter de souffler aussi.

Je souffle de nouveau plus fortement pour le faire chier sauf que ça le fait sourire. Incompréhensible ce gars. Je tape plusieurs fois consécutive sur la petite cloche avant de me retourner en soufflant vers le parc où les enfants jouent, je marmonne de plus en plus fort.

- Il est où ce glacier. Il est pas censé être présent pour les clients ? Franchement si ses glaces sont aussi dégueulasse que la peinture de son camion, je demande le remboursement.
- Soraya ?
- Donc, vous connaissez mon prénom, c'est fou ça, on aura tout vu aujourd'hui.
- Soraya, retourne toi.
- Pourquoi ? Je n'ai pas vraiment envie de voir son camion sortant tout droit de l'imagination d'un enfant de trois ans.

Malgré mes protestations, je me retourne vers le camion et me retrouve nez à nez avec le glacier. Je n'ose rien dire et me contente de le regarder dans les yeux la bouche mi-ouverte.

- En faite mon camion a été peint par mes filles qui sont âgées de cinq ans, ne vous inquiétez pas vous y étiez presque sur leur âge.

Je n'ose rien ajouter, c'est donc Louis, le sourire aux lèvres, qui passe commande.

- Excusez là monsieur, elle est très en colère en ce moment vous savez, c'est sa période quoi. Bref, assez parlé de la miss vénère, nous vous prendrons une glace au piment fort et... Tu veux quoi miss je-m'énerve-pour-un-rien ?

Je ne lui réponds pas fixant le sol comme absence de mon propre corps.

- Ok et une autre à la vanille.

Je sors de mon absence en réalisant le choix du goût de la première glace et grimace.

- Je vous fais ça tout de suite.
- Très bien monsieur.

Dès que le glacier part préparer nos glaces, je me retourne vers Louis dégoûtée par le choix de sa glace, il n'y a que lui pour ce genre de choses.

- Pourquoi tu fais cette tête ? On dirait une tortue qui vient de se réveiller.

Je lève les yeux au ciel avant de lui répondre.

- Piment fort ?
- Bah ouais.
- Ça existe ?
- A ton avis ?
- Et c'est bon ?
- Tu n'as jamais goûtée ?
- Non.

Il souffle en secouant la tête, un léger sourire aux lèvres.

- Tu rates quelque chose.

Le glacier revient avec les deux glaces et les tend à Louis attendant que je paye, ce que je fais sans attendre. Nous nous éloignons ensuite du camion pour nous poser sur un banc. Au calme loin des enfants qui courent partout, nous dégustons nos desserts dans le silence avant que je ne le brise devançant sûrement Louis et ses conneries.

- Louis, pourquoi la première fois où l'on s'est rencontrés vous n'étiez pas d'humeur joyeuse ?
- Parce que je ne voulais pas faire cette biographie.
- Pourquoi ?
- Je n'en avais pas envie, c'est tout.

Il est devenu froid d'un coup fixant le sol d'un regard froid. Très bien, sujet sensible. Je vais donc essayer de ne pas laisser ce blanc prendre trop de place. Il faut de toute façon que j'en apprenne plus sur lui, c'est mon travail.

- Et qu'est ce qu'il vous a fait changer d'avis ?
- Matt m'a fait du chantage.

Cette fois je ne sais plus quoi dire. Son manager lui a fait du chantage pour qu'il accepte de me laisser écrire sur lui. Même si je ne connais pas la raison pour laquelle il a refusé au premier plan, je trouve ça exagéré. Ce n'est pas comme si j'allais écrire toute sa vie dans les moindres recoins étant donné que j'ai l'interdiction de parler de son ancien groupe. De plus, j'ai vraiment envie de savoir quel genre de chantage lui a fait son manager, mais, au moment où j'allais ouvrir ma bouche pour poser la question, une jeune fille s'approche de nous le regard rivé sur Louis comme si elle n'avait de yeux que pour lui.