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Louis et moi nous retournons en même temps vers la voix qui a prononcé mon prénom pour tomber face à face avec Kévin. Il a traversé la route pour nous rejoindre sur notre trottoir sans détourner le regard de ma personne.

- Kévin.

Je prononce à mon tour les dents serrées. Louis, complètement largué par la situation, décide de s'interposer entre nous deux pour me faire face, par conséquent tourner le dos à Kévin.

- Attends, tu le connais ? C'est qui ?

Détournant mes yeux de Kévin, je les encre cette fois dans ceux de Louis.

- C'est- c'est mon ancien copain.
- Le même qui t'as fait pleurer ?

Je hoche la tête, les yeux rivés sur le sol.

- Putain, il est plus moche en vrai qu'en photo. Tu mérites tellement mieux, l'écrivain.
- Hé, je suis toujours là et j'entends tout.

Louis se retourne se plaçant exprès face à moi pour en quelque sorte me 'cacher' de lui.

- Bordel heureusement que tu as entendu, je me serai posé des questions si ça avait été le contraire.

Louis et Kévin comme à échanger des mots parfois insultant l'un sur l'autre tandis que moi je me contente de regarder le sol. En fixant ce sol, je commence à réfléchir que ce qui aurait pu se passer si Louis et moi n'avions pas été pris en photo. Kévin serait-il resté à mes côtés ? Bien sûre que non, il fréquentait déjà quelqu'un avant de me quitter. Et si j'avais été plus silencieuse comme il le voulait ? Et si j'avais été moins collante ? Se serait-il lasser de moi ?

- Soraya ?

Louis m'appelle en me secouant doucement le bras. J'ai les armes aux yeux, je ne m'en étais même pas rendu compte. Des flash des moments que nous avions passés Kévin et moi refont surface. Prenant mon courage à deux mains, je plante mon regard directement dans celui de Kévin.

- Je t'aimais tellement. J'étais prête à accepter toutes tes absences si tu m'accordais ne serait ce qu'un peu de ton temps et de ton amour. J'étais prête à me changer physiquement ainsi que moralement pour que tu ne te lasse jamais de moi.

Je n'arrive pas à tenir plus longtemps que j'éclate de nouveau en sanglot. Louis n'hésite pas à me prendre dans ses bras pour me calmer ce que j'apprécie.

- Réveille toi. Réveille toi, bordel ! Regarde là, regarde comme elle te regarde, elle aurait pu crever pour toi !
- Je m'en fous, j'ai trouvé mieux.
- Laisse moi deviner. Elle est blonde, est plus fine, squelettique, à grosse poitrine, genre ballon de basket et a un gros cul. Vrai ?
- Ouais carrément, celle-là est plus volumineuse, mais pas seulement, elle parle moins et agis plus.
- Si c'est que tu voulais t'aurais dû sortir avec un mannequin en plastique et non pas briser le coeur d'une fille qui aurait pu te donner tellement plus.

Kévin allait répondre, mais se fait devancer.

- Et si elle avait décidé de te faire la même chose, comment aurait tu réagis ?
- Elle ne m'aurait jamais fait ça.
- Justement, c'est bien ça le problème.

Je réussis à arrêter Louis en lui prenant la main et enlaçant nos doigts. Il me regarde dans les yeux comme pour me demande ce que je veux faire là maintenant, ce que je ne tarde pas à lui avouer.

- Partons, s'il-te-plaît.

Dans un hochement de tête, il se retourne en avance sans se retourner ni lâcher ma main vers un endroit qui m'est inconnu. Ce qui est sûr c'est que nous ne prenons plus le chemin du bureau de M. Vines. Mais avant que nous ne partons plus loin, Kévin crie en attirant l'attention de tous les passants ainsi que le nôtre.

- Soraya, je te félicite. Tu es enfin devenu la chienne que j'attendais que tu deviennes même si ce n'est pas à moi que tu lèches les bottes, mais à un chanteur à la con, c'est quand même ça de gagné.

Louis s'arrête de marcher et contracte sa mâchoire. Je ne veux qu'il se retourne et fasse quoi que ce soit à Kévin cela pourrait nuire à son image étant donné que plusieurs passants ont leurs caméras et les ont braqués sur nous. Même si je sais que Louis n'en a absolument rien à faire de son image, je sais que M. Vines ne pense pas pareil et n'hésitera pas à le 'punir' comme il l'a fait avec moi. Par réflexe, je serre plus fermement mes doigts autour des siens tout en agrippant son bras de ma deuxième main puis le force à continuer à marcher pour essayer d'éviter toutes situations qui pourraient mal tourner.

***

Louis m'a lâche la main dès que nous sommes arrivés dans un parc à l'abri des regards curieux. Je me suis assise sur le banc et est séchée mes larmes pendant que Louis, lui, fait les cent pas devant moi depuis une bonne dizaine de minutes.

- Louis peux-tu, s'il-te-plaît, arrêter de marcher sans arrêt en rond.

Il s'arrête d'un coup de marcher puis se tourne vers moi en marchant dans ma direction pour finalement s'asseoir à son tour sur le banc. Les minutes passent et c'est finalement Louis qui brise ce silence.

- Comment arrives-tu à te calmer aussi vite après ce que cet abruti a dit sur toi ?
- Je ne sais pas, je suppose que je suis habituée.

Louis ne dit pas un mot et se contente de me regarder d'un visage neutre puis dit en soupirant.

- Tu ne devrais pas être habituée à ce genre de chose, personne ne devrait l'être.

J'allais ajouter quelque chose, mais le portable de Louis me coupe. Ce dernier s'excuse avant de décrocher. Pendant ce temps, je l'observe, j'observe ses expressions du visage pour essayer de déterminer si cet appel annonce une bonne ou mauvaise nouvelle. Finalement, Louis raccroche sans quitter son air neutre sur son visage.

- C'était Matt. Inutile de préciser qu'il n'a pas sauté de joie en voyant que nous étions en retard. Résultat, nous devons y aller maintenant si tu ne veux pas être de nouveau virée.

Regardant ma montre je vois qu'il est midi. Effectivement, nous avons un peu de retard puisque le rendez-vous était à onze heures.

La biographe | l.tOù les histoires vivent. Découvrez maintenant