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Il est face à moi la tête pencher en avant, son corps affalé sur le cadre de ma porte. Lorsque je dis son nom, il relève derechef son regard.

- Hey, l'écrivaine.
- Qu'est-ce que tu fais devant chez moi à une heure pareille ?
- Je me suis perdu ?
- Ici ?
- Ouais, pourquoi ?

Il se redresse du cadre et commence à entrer chez moi. Louis vacille sur ses pieds et ne semble pas savoir lui-même sa véritable venue. J'ai le réflexe de le rattraper quand il vacille un peu trop sur la gauche. Posant son bras sur mes épaules et apportant le mien autour de lui pour supporter de mon mieux son poids, je le dirige vers mon canapé le laissant s'écrouler dessus. Je m'assois à ses côtés pendant que lui pose sa tête sur mon épaule. Mais un petit élément me monte à la tête ou plutôt aux narines ; Louis sent l'alcool et pas qu'un peu. Face à cette nouvelle information, je me tourne complètement vers lui, ce qui fait tomber sa tête.

- Tu as bu.

Même si ma question ressemble plus à une affirmation, il redresse la tête et la secoue vivement de gauche à droite.

- Louis, tu pues l'alcool.
- J'ai pas bu beaucoup. Juste comme ça.

Il lève son pouce et son index laissant un ou deux centimètres entre ces derniers pour me montrer "comment" il a bu. Je souffle en me prenant la tête dans les mains.

- Qu'est-ce que tu as bu ?
- Je sais plus trop. Vodka, tequila, bière, la liste est longue.

Je reste silencieuse me demandant pourquoi il est venu chez moi et pas chez un autre ami à lui. Parce que, soyons honnêtes, l'excuse du "je me suis perdu" ne marche pas. Pendant que je suis perdu dans mes pensées, Louis en profite pour ramper sur le canapé jusqu'à poser la tête sur mes cuisses. Surprise, je ne bouge plus d'un millimètre.

- Pourquoi tu as bu ?

Il ne répond pas se contentant de frotter son visage à mes cuisses. Hésitante, je pose une main dans ses cheveux tandis que la deuxième se pose sur le bras du canapé. Le bourré souffle de bien-être, il inspire ensuite pour répondre à ma question.

- Mon père biologique est venu me voir, une nouvelle fois.
- Ton père biologique ? Une nouvelle fois ?

Louis rit doucement sans s'arrêter de frotter sa joue à mes cuisses.

- Tu n'as toujours pas fait de recherche sur moi ?

Rouge de honte, je ne réponds pas.

- C'est pas grave, l'écrivaine, je vais te faire un résumé rapide.

Il se replace confortablement sur mes cuisses de manière à ce que je ne puisse pas voir son visage.

- Mon père biologique m'a en quelque sorte abandonné quand j'étais très jeune et n'a jamais repris contact avec moi, mais ça c'était avant qu'il ne sache qu'avec mon travail, je me suis fait reconnaître, il est donc revenu pour essayer de "renouer" les liens ce que je n'ai pas accepté, ça c'était il y a cinq ans. Et j'aurai pu l'oublier, j'étais en train de l'oublier, mais il a fallu qu'il débarque chez moi.

Il sert ma robe qu'une de ses mains le faisant couiner de douleur.

- Lou- Louis, tu me fais mal.
- Excuse-moi.

Il relâche la pression de son point, mais ne bouge pas pour autant sa main de mon genou.

- Quand est-ce qu'il est venu chez toi ?
- Il y a deux heures, je lui ai dit de partir, que je ne voulais plus rien à voir avec lui et il est reparti la tête baisser.
- Qu'as-tu fait pendant deux heures ?
- J'ai bu. Je voulais oublier. J'ai essayé de l'oublier. Mais ça ne marche pas, quel que soit les litres d'alcool que je bois, il revient toujours hanter mes pensées et c'est putain de frustrant. Ce connard me fait boire sans le savoir. Je bois à chaque fois qu'il me rend visite.

Naturellement, ma main dans ses cheveux commence à le caresser. Je lui gratte la tête avec mes ongles puis laisse mes doigts glisser dans sa chevelu brune. Louis a arrêté de parler, je pense qu'il s'est endormit. Le pendant donc endormis, je tente de me relève du canapé pour le laisser dormir, mais je suis vite retenu par sa main qui agrippe ma robe comme si il ne voulait pas que je parte.

- Pourquoi t'es bien habillée ?
- Je n'ai pas le droit de mettre de robe ?
- Ce n'est pas une robe comme les autres, celle-là est une robe de soirée.

Surprise, j'arrête mes caresses ce qui fait grogner le brun.

- Continue, s'il-te-plaît.

Wouaw, il est tellement plus polit lorsqu'il est ivre. Je continue les mouvements de ma main.

- Comment tu sais que ce n'est pas une simple robe pour le quotidien.
- J'ai six demi-soeurs, je m'y connais un peu. 

- Tu as six demi-soeurs ?

- Oui une du côté de mon père biologie, mais je ne l'ai pas revu depuis longtemps. Et cinq du côté de ma mère. Mais ça ne répond pas à ma question, pourquoi t'es habillée comme ça ?

- Je suis sorti dîner avec M. Evans.

- Vraiment ?
- Oui.
- Et comment c'était ?

Dis-moi, le petit Louis est curieux.

- Pourquoi est-ce tu veux savoir ?
- Simple, curiosité.
- Et bien, il s'est bien passé.

Mensonge, je sais. Mais je ne compte pas raconter à Louis que je m'attendais à ce qu'il me face la cour tel un chevalier servant et que ça a été tout le contraire. Non, pas à Louis et sûrement pas bourré. Il ne répond pas, mais se contente de bailler, le pauvre. C'est vrai qu'il me fait de la peine.

- Louis, tu ferais mieux de dormir.

J'ai décidé de le laisser coucher ici, je ne tiens pas vraiment à ce qu'il fasse un accident en pleine nuit par ma faute. Je me lève cette fois complètement, place un coussin sous sa tête et tente de partir me coucher, mais Louis m'attrape le poignet.

- Tu veux pas dormir avec moi.

Heureusement que j'ai eu le reflexe d'éteindre la télévision et d'avoir éteint également toutes les lumières dans le cas contraire Louis se serait sûrement moqué dû fait que j'ai bêtement rougie.

- Non, Louis, ce n'est pas une bonne idée. Dors dans le canapé, si tu as besoin de quoi que ce soit, viens me chercher. Tu sais où se trouve ma chambre.

Il hoche la tête comme un enfant de six aurait fait puis me lâche le poignet. Je pars dans ma chambre, mais reviens rapidement dans le salon pour couvrir Louis d'une couverture épaisse. Je m'apprêtais, par la suite à partir, mais Louis m'interpelle.

- L'écrivaine, nous devons, tous les deux, aller voir Matt pour la biographie.
- Tu as réussis à le convaincre ? Oh c'est génial Louis, merci.

Je viens juste de remarquer que je parlais dans le vide. Louis s'est endormis après sa phrase. Malgré ce détails, je souris en repartant dans ma chambre me coucher. Je ne sais pas ce qui a convaincu M. Vines de me reprendre comme écrivaine, mais je remercierai jamais assez Louis pour ça.

La biographe | l.tOù les histoires vivent. Découvrez maintenant