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- C'est une bonne ou mauvaise nouvelle ? Il va mieux ?

Je ne prends plus la peine de chuchoter, ce qui réveille Louis. Il ne bouge pas de sa place sur mes genoux, se frottant les yeux. Il me regarde avec un petit regard se demandant sûrement pourquoi je l'ai réveillé, même si c'était accidentel. Je l'ignore continuant ma conversation avec ma mère.

- Maman, s'il-te-plaît dis moi qu'il va mieux.

J'entends ma mère renifler fortement.

- Viens a l'hôpital au plus vite à l'hôpital, ma chérie. Emmène Kira avec toi. À tout à l'heure.

Et elle raccroche. Mon portable me glisse des mains tombant directement sur le fond de Louis. Ce dernier hurle de douleur comme si il venait de perdre un membre. Il se relève d'un coup de mes genoux et me lance un regard noir tout en se massant le front. Mais voyant que je ne réagis pas à son regard, trop occupé à regarder fixement le mur d'en face, il décide de prendre ma tête entre ses mains et de détourner mon regard vers sa personne.

- L'écrivaine ? Qu'est-ce qu'il ne va pas ? C'était qui cet appel ?

Je ne lui réponds pas, je ne le regarde même pas dans les yeux.

- L'écrivaine, regarde moi dans les yeux.

Je regarde tout sauf ses yeux.

- Soraya !

Je tourne rapidement mon regard vers lui. La panique est visible dans son regard. Il est inquiet pour moi. Ses deux mains ne quittent pas mes joues.

- Soraya, que se passe t-il ?
- Mon père.
- Qu'est-ce qu'il lui arrive ?

Je ne réponds pas. Moi-même je ne connais pas la réponse. Ce que Louis doit comprendre puisqu'il change de technique.

- Il est où ?
- Hôpital.

Louis ne me laisse pas plus de temps qu'il me prend dans ses bras. Son odeur masculine vient rapidement envahir mes narines. Ses bras me tiennent fermement la taille me compressant contre lui. Ma tête repose sur son torse tandis que la sienne est posée sur la mienne. Nous restons dans cette position plusieurs minutes avant que Louis ne prenne la parole.

- Tu devrais aller à l'hôpital.

Louis me détache de son emprise pour me regarder dans les yeux et continue.

- Peut-être que tu te fais un sang d'encre pour rien.

Je hoche la tête hypnotisée par ses yeux azure.

- Bouge pas, je vais réveiller Kira. Je reviens dans quelques minutes, ne fais rien que je ne ferais pas.

Je hoche toujours la tête silencieusement. Louis part à l'étage en courant sans y mettre une once de douceur.

Pendant ce temps, je pense à mon père. Je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle, mais lorsque l'hôpital t'appelle sans donner de raison, c'est qu'il y a un problème. Ça fait trois ans qu'il est à l'hôpital. En trois ans, l'hôpital n'a jamais appelé. C'est bizarre, mais je m'y étais habituée. Il faut dire qu'en trois ans, le temps fait bien son travail. Je ne peux pas dire que je l'ai oublié, mais ce que je peux dire c'est que j'ai appris à me passer de ses petites actions du quotidien. Ça fait trois ans que je le vois dans son lit d'hôpital et en toutes ces années, il n'a jamais changé de position. Normal pour quelqu'un dans le coma.

- L'écrivaine ! Dehors, je vous emmène toutes les deux.

J'écoute Louis en me levant distraitement du canapé. Le chanteur, me voyant basculer de gauche à droite, me maintien droite en apportant une main dans le bas de mon dos. Nous nous installons dans la voiture, lorsque j'attache la ceinture je vois que Kira est allongée que la banquette les yeux fermer. Louis ne l'a pas réveillée, il l'a porté jusqu'à la voiture. Louis rentre à son tour dans la voiture et démarre sans prendre le temps d'attacher sa ceinture. Ce que je déteste.

- Louis, attache toi.
- Ce n'est pas vraiment notre priorité.
- S'il-te-plaît Louis, écoute moi.

Il ne m'écoute pas restant à fixer la route du regard.

- Bordel, Louis je t'en supplie attache ta ceinture.

Louis s'arrête en plain milieu de la route et me regarde noir. Mais son regard se dissipe très vite lorsqu'il voit les larmes qui dévalent mes joues. Je ne m'en étais même pas rendu compte. Un klaxon d'une voiture attendant derrière nous fait revenir Louis de sa rêverie. Il s'attache sans me quitter des yeux.

- Je suis désolé.

Je ne réponds pas donc il redémarre la voiture, une expression presque honteuse sur le visage.

- Je ne voulais pas te faire pleurer.

Je ne réponds toujours pas préférant regarder le paysage par la fenêtre que d'affronter le regard de Louis.

***

La salle est qu'un blanc immaculé. Nous sommes arrivés à l'hôpital il y a vingt minutes. La secrétaire nous a demandé de patienter. Patienter pour quoi ? Aucune idée. Kira dort toujours sur une chaise de la salle d'attente, sa tête repose sur mes genoux. Tandis que pour ma part, j'ai décidé de poser la mienne sur l'épaule de Louis. Malgré ses refus, je lui ai demandé, supplier, de rester avec moi dans la salle d'attente. Il a accepté prétextant qu'il n'avait rien d'autre à faire. Honnêtement je pense qu'il ne voulait lui même pas rentrer. La tête à Louis repose sur la mienne, tandis qu'une de ses mains a pri la mienne enlaçant nos doigts. C'est fou ce que le contacte d'une certaine personne peut avoir d'influence sur le corps et ses sentiments.

Une femme entre en sueur dans la salle d'attente quand je relève la tête je vois que c'est ma mère. Je me relève en même temps que Louis, Kira dort toujours sur la chaise. Ma mère nous approche les yeux couler de larmes, elle ne prête pas attention au brun à mes côtés qu'elle se jette dans mes bras en pleurant, pendant que Louis s'agenouille devant Kira pour la réveiller une bonne fois pour toute. Dans ses sanglots, elle répète plusieurs phrases, des phrases d'excuse. Mais une en particulier retient mon attention.

- Je n'aurais pas dû lui avouer.

La biographe | l.tOù les histoires vivent. Découvrez maintenant